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Cessé KOME, l’esprit d’entreprendre

Ses hôtels (les Radisson Blu Bamako et Abidjan) sont plus connus que lui. Car Komé Cessé est d’un naturel discret. Parti de rien, l’enfant du village de Koira, au Mali, un temps cireur de chaussures dans les rue d’Abidjan, a su développer ses affaires dans le négoce du textile entre le Libéria et la Côte d’Ivoire et entre dans le fermé de l’hôtellerie de luxe. En peu d’années, il s’est hissé au firmament des hommes d’affaires de la sous-région, au point de faire un don de 100.millions de FCFA (environ 152.000 euros) au gouvernement du Mali pour aider l’armée à lutter contre le terrorisme à la suite du coup d’état de 2012. Rencontre avec un entrepreneur dans l’âme.

cesse kome patron groupe koira

Comment se passe la première année du Radisson Abidjan ?

Nous avons inauguré le Radisson Blu hôtel d’Abidjan de 262 chambres, mitoyen à l’aéroport Félix-Houphouët—Boigny, en mai 2016. Cela représente un investissement de 55 milliards de FCFA (environ 84 millions d’euros) et, à ce jour, nous nous réjouissons du démarrage.

Les débuts se passent très bien, au regard du nombre de réservations de clients VIP et business, et cela en dépit des attentats de Grand-Bassam, il y a plus d’un an. Je pense que la nouvelle dynamique dans laquelle la Côte d’Ivoire est engagée pèse beaucoup dans la balance.

Comment êtes vous arrivé dans le secteur de l’hôtellerie ?

Je pense que l’appel du président malien de l’époque, Alpha Oumar Konaté, qui lors d’une visite en Côte d’Ivoire a demandé à la diaspora de venir investir au pays dans le cadre de la tenue de la Coupe d’Afrique des nations de football de 2002 au Mali a été le facteur qui a déclenché mon arrivée dans le secteur hôtelier. Il s’agissait avec les résidences Kome que j’ai bâties à cette époque, de saisir une opportunité qu’offrait cette compétition, à savoir répondre aux besoins en hébergement des compétiteurs et des officiels. A force d’abnégation, avec des partenaires, les résidences Kome qui comprenaient 52 chambres se sont transformées en Radisson Blu de Bamako d’une capacité de 190 chambres. L’appétit venant en mangeant, j’ai fini par me plaire dans ce secteur au point de me lancer ce challenge qui est aujourd’hui une réalité, le Radisson Blu d’Abidjan. Une grande fierté pour moi.

Le passage des résidences Kome au Radisson s’est fait de quelle façon ?

Pour développer les résidences Kome, je me suis rapproché de certains partenaires, dont le groupe sud-africain Protea, et celui des Scandinaves Radisson SAS, avec lequel je vais finir par signer un accord d’assistance technique. Grâce à l’appui financier de mon fidèle partenaire, la banque Afreximbank, cet accord va se traduire en la rénovation et l’agrandissement des résidences Kome. Après ces travaux, les résidences Kome sont devenues le Radisson Blu de Bamako.

Pourquoi entrer sur le marché hôtelier ivoirien déjà très occupé ?

C’est vous qui dites que le marché ivoirien est très occupé. Je ne partage pas cet avis. Comme je vous le disais en début d’interview, le démarrage du Radisson Blu d’Abidjan se passe très bien. Pour vous dire qu’en Côte d’Ivoire, il y a de la place pour tout le monde dans l’hôtellerie. Si nous qui venons d’entrer dans le secteur arrivons à tirer notre épingle du jeu, cela suppose que les grands groupes en place n’ont vraiment rien à craindre. Abidjan est une capitale régionale qui bouillonne de dynamisme économique. Cela favorise d’importants mouvements d’hommes d’affaires que les groupes hôteliers se réjouissent d’accueillir.

 

Avez-vous d’autres projets hôteliers dans la sous-région ?

Déjà à Abidjan, nous sommes à la recherche d’un espace pour ouvrir un deuxième établissement hôtelier. A Bamako nous sommes entrain de réaliser sous le label Sheraton, le plus grand complexe hôtelier de la capitale malienne. Pour un investissement de près de 50 milliards de FCFA (environ 76 millions d’euros), il comprendra 200 chambres, dont 25 suites présidentielles, un centre commercial, etc. Nous sommes en prospection dans plusieurs autres capitales africaines telles que Lomé, Douala, Accra … A terme, nous espérons ouvrir une dizaine d’hôtels dans les prochaines années sous des marques internationales.

Les institutions publiques et financières jouent-elles le jeu de ce développement ?

En affaires, la satisfaction totale n’existe pas. Nous sommes certes satisfaits de l’environnement dans lequel évoluent nos activités, qui st le résultat du travail des institutions publiques pour garantir un environnement des affaires favorable. Mais il y a encore plusieurs défis à relever. La lutte contre le terrorisme est un défi majeur pour le secteur dans lequel nous exerçons. Je garde un mauvais souvenir des attentats de Grand-Bassam sur notre activité à Abidjan, et un souvenir plus amer de l’attaque terroriste qu’a subi le Radisson de Bamako. Vous n’imaginez pas le mal que ça peut faire d’être le propriétaire d’un établissement hôtelier qui subit un attentat. Il est donc primordial pour nous que les gouvernements sachent contenir la menace terroriste, même si nous reconnaissons que ce n’est pas une tâche aisée. L’autre défi, c’est le maintien de la stabilité politique. Il est fondamental pour nous, hôteliers, d’évoluer dans des pays en paix, car aucun touriste ne s’aventure vers des destinations qui connaissent des conflits ou des troubles sociopolitiques.

Vous avez de nombreuses activités (téléphonie, industrie, négoce) quels sont vos pôles de développement ?

Toutes ces activités constituent pour nous, des pôles de développement, même si, il faut le reconnaître, l’hôtellerie occupe aujourd’hui, une place importante dans notre groupe. Aujourd’hui le groupe Koira emplie plusieurs centaines de personnes entre le Mali et la Côtes d’Ivoire, et nous prospectons régulièrement sur l’autres secteurs d’activités telle que, en ce moment, la création d’une usine de batteries à Abidjan.

Comment commence votre aventure ?

Je quitte mon village Koira, au Mali, vers mes dix-huit ans pour l’aventure à Abidjan. A mon arrivée avec à peine 5 000 FCFA en poche pour quelqu’un qui n’a pas été à l’école, c’est les petits métiers qui vont me permettre de m’en sortir Cireur, vendeur de parapluies, etc. C’est de ce secteur informel que je vais me construire petit à petit pour être là où je suis aujourd’hui. J’ai épargné chaque jour afin de pouvoir investir dans la vente de vêtements, de literie et de boutonnerie. Je ramenais de Monrovia, la capitale libérienne, des tissus que je revendais à Abidjan. A cette époque, j’ai appris et profité de l’expérience de partenaires indiens et chinois avec qui nous partagions les valeurs traditionnelles de la parole donnée. J’ai pu ainsi devenir grossiste et développer des opérations commerciales avec l’Asie en devenant fournisseur exclusif de plusieurs commerces et supermarchés de la sous-région ouest-africaine. Finalement, pour réussir, il m’aura fallu du courage, de l’abnégation et beaucoup de chance aussi.

Sur quelles valeurs avez-vous bâti votre groupe ?

Ce sont les valeurs de mes origines. Je suis soninké. Chez nous, il y a des valeurs fondamentales comme le respect de la parole données, mais également le sens de l’épargne. En somme, je coirs que ma recette a été de ne jamais oublier d’où je viens.

Qu’est-ce que vous attendez de vos collaborateurs ?

Simplement, le dévouement au travail. C’est la clé de tout succès.

Quelle est la recette pour passer de cireur de chaussures à capitaine d’industrie ?

Il n’y a pas de recette magique. C’est le travail il faut croire en ses rêves et ne jamais les abandonner, quelques soient les obstacles.

 

Propos tirés du magzine de bord de Air Cote d’Ivoire, edition de mai/juin 2017.

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