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Ces erreurs qui ont provoqué la chute Damiba !

Le Lieutenant-Colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, qui a pris le pouvoir  par le biais d’un coup d’Etat en janvier 2022, vient de le perdre dans les mêmes conditions. Le Mouvement Patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration dont il était le leader s’est finalement retourné contre lui pour l’éjecter de la tête du pays. Le MPSR lui reproche notamment d’avoir ”trahi ” l’idéal de la restauration de la sécurité et de l’intégrité du territoire du Faso.

En effet, la dégradation de la situation sécuritaire était justement une des principales raisons du putsch mené contre le président Roch Marc Christian Kaboré.

Cependant, malgré les nombreuses promesses de Damiba, les groupes armés continuent de lancer des attaques contre les civils et les forces de l’ordre.

Des centaines de civils et de militaires sont morts suite aux attaques terroristes et plusieurs épisodes meurtriers ont marqué les esprits burkinabés.

En juin, 86 civils au moins avaient été exécutés lors du massacre de Seytenga. Quatre jours avant le putsch, une nouvelle attaque avait défrayé la chronique. Un convoi de ravitaillement en direction de Djibo (une ville sous blocus depuis février) a été pris dans une embuscade, 27 militaires ont perdu la vie et une cinquantaine de civils sont portés disparus.

Les hommes du capitaine Ibrahim de Traoré reprochent également à Damiba de nourrir des ambitions politiques et de reléguer les questions sécuritaires au second plan au profit « d’aventures politiques malheureuses ».

Ces derniers mois, les rumeurs faisant état de tensions et de divergences au sein de l’organe militaire au sujet de certaines décisions se faisaient insistantes. Des tensions entre chefs des structures militaires sont par exemple apparues dans la conduite des opérations de lutte.

Certaines informations faisaient état de profondes divergences sur la volonté de Damiba de renforcer la coopération avec l’armée française. De même, des mécontentements ont fait jour au sein de certains milieux de l’armée, suite aux dernières promotions au grade de général dont a été exclu le CEMGA au profit d’officiers du cercle amical de Damiba.

 

L’allié de la CEDEAO !

Paul-Henri Damiba a aussi cru rester au pouvoir en faisant le « bon élève » de la communauté internationale  en dépit de la volonté profonde de rupture de son peuple. Aussi le  Burkina, Faso de Damiba n’a jamais été sanctionné ou même seulement menacé de sanctions. Au fil des mois, la clémence de la Cedeao a fini par interroger, tout comme la visite à Ouagadougou de Jean-Philippe Rolland, chef d’état-major particulier d’Emmanuel Macron mi-septembre. Les récents voyages de Paul-Henri Damiba à Niamey et Abidjan auprès des interlocuteurs privilégiés de la France en Afrique de l’Ouest, ont fait le reste. Pour Emmanuel Dupuy, le président de l’Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE), « le destin de Damiba s’est sans doute joué lorsqu’il s’est rendu en Côte d’Ivoire et au Niger, pour rencontrer les présidents Alassane Ouattara et Mohamed Bazoum qui sont perçus de façon certainement excessive, comme étant inféodés à Paris, sur fond de francophobie chauffée à blanc. Ensuite, le colonel Damiba n’a pas montré une détermination à toute épreuve dans sa lutte contre le terrorisme ».

L’une des plus grandes erreurs de Damiba a été de se préoccuper davantage des questions politiciennes que des problèmes d’insécurité. En orchestrant le retour de [l’ex-président exilé en Côte d’Ivoire] Blaise Compaoré en juillet, trois mois après qu’il a été condamné par la justice pour son implication dans l’assassinat de Thomas Sankara, le régime de Damiba s’est inscrit dans une logique de réconciliation au forceps, qui a fini par diviser les politiques et les citoyens. A partir de là, les Burkinabés se sont rendu compte que son objectif principal n’était pas de restaurer l’intégrité du territoire mais plutôt le système Compaoré. 

 

Mémé Sanogo

A bas la France, on veut la Russie !

Durant les trois jours qui ont marqué le coup d’Etat, plusieurs manifestants ont demandé de rompre la coopération militaire avec la France. Les emprises diplomatiques de l’ancienne puissance coloniale ont même été vandalisées à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso (Ouest) par certains manifestants.

Les drapeaux russes étaient également visibles dans les rues de Ouagadougou lors de ces manifestations. Qu’es ce qui explique cet appel à la Russie ? D’abord, il faut dire que la Russie n’a pas de passé de colonisateur à porter, contrairement à la France. C’est un avantage de taille pour Moscou dans la sorte de guerre froide que s’imposent les deux pays au Sahel en particulier, et plus largement sur le continent africain.

D’autre part, les relations entre la Russie et les pays sahéliens sont profondes. Au lendemain des indépendances, dans les années 1960, la coopération russo-africaine s’est renforcée. Au Mali, comme dans d’autres pays, beaucoup d’officiers ont été formés en Russie, ce qui a permis de tisser des liens qui, aujourd’hui, s’affirment.

Mais cet appel des burkinabés à l’adresse de la Russie n’est pas nouveau. En effet, depuis des mois, des manifestations sporadiques ont eu lieu dans certaines grandes villes du pays pour réclamer une coopération militaire avec le pays de Poutine.

A chaque fois, les manifestants réclamaient le départ des forces françaises. Mais Damiba est resté sourd à l’aspiration de son peuple.

Source: L’Aube

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