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Cérémonies sociales : Libérez nos voies !

Il faut avoir une autorisation expresse du gouverneur du District de Bamako pour célébrer un mariage ou un baptême dans la rue. Dans la pratique, très peu de personnes se conforment à la réglementation

 

La scène se déroule à Magnambougou. Dans ce quartier situé en Commune VI du District de Bamako, un jeune couple s’apprête à s’unir pour le meilleur et pour le pire à la mairie. Devant la maison familiale du marié, le cérémonial de mariage bat son plein. On festoie en plein milieu de la rue. Chaises et bâches bloquent le passage aux usagers de la route. Dépités, ceux-ci changent de voie pour pouvoir continuer leur trajet. La situation semble agacer également la famille voisine qui a dû fermer ses portes.

C’est un constat général. À Bamako, les dimanches et jeudis, jours de mariages, certaines artères souvent très fréquentées sont inaccessibles à cause des cérémonies de mariages, de décès et de baptêmes. À l’occasion, tribunes et chaises obstruent la circulation, empêchant les usagers d’y circuler. Dans la Cité des Trois caïmans, les familles ont tendance à occuper les voies pour les cérémonies sociales souvent sans autorisation. Est-ce de l’incivisme ? Qu’en pense la loi ? Les contrevenants s’exposent-ils à des sanctions ?

Mariam Sangaré, gestionnaire des ressources humaines, réside à Kalaban-coro. Elle est témoin des désagréments que ce phénomène cause aux usagers. «Un dimanche, je voulais me rendre au quartier Banconi, en Commune I. Au niveau de Korofina, une foule assise sous des chapiteaux géants barrait complètement la route.

Nous avons été obligés de prendre une rue adjacente, abandonnant le goudron, au risque de se perdre en cours de route. Nous vivons tous cette situation et tout le monde semble la trouver normale», se plaint-elle. Cette indifférence, se rétracte la jeune dame, n’a rien d’étonnant car «presque tout le monde fait la même chose», avant d’inviter à installer les tribunes en libérant un petit espace pour permettre aux véhicules et aux personnes de circuler.

C’est ce que font certains habitants du Badialan, quartier situé en Commune III en plein centre-ville, explique Sékou Sangaré, qui y réside. «Notre famille fait face au goudron que les «dourounis» empruntent pour rejoindre Rail-da et vice-versa», explique-t-il. Lors des cérémonies de mariages, ajoute-t-il, les gens s’assoient au bord de la route afin d’éviter de gêner le passage des usagers de la route. Mais en cas de décès, des tribunes sont installées sur la route jusqu’à ce qu’on libère les gens venus participer aux obsèques.

«C’est tout le contraire concernant un de nos voisins disposant de moyens financiers conséquents. Je ne sais pas s’il a une autorisation, mais quand il y a un mariage chez lui le dimanche, la famille installe une grande tribune blanche sur la route depuis le samedi. Tôt le matin, dimanche, les gens occupent complètement la route, obligeant les véhicules à contourner le goudron en prenant les rues voisines», déplore Sékou Sangaré.

CE QUE DIT LA LOI- Ces manières de faire sont contraires à la réglementation en vigueur, à en croire le 3è adjoint au maire de la Commune V du District de Bamako. L’occupation de la voie publique, explique Adama Konaté, répond à des règles qu’il faut respecter pour éviter de tomber sous le coup de la loi. «Vous voulez l’occuper, il vous faut adresser une demande au maire de la commune de votre ressort», exhorte l’édile, précisant que seul le gouverneur est habilité à délivrer l’autorisation d’occuper une voie publique. Comme pour dire que la demande adressée au maire sera transférée à l’exécutif régional pour suite à donner. À son tour, le gouverneur demandera à un commissariat de la commune, d’enquêter sur l’activité et la rue où elle doit avoir lieu. En fonction des conclusions de l’enquête policière, le gouverneur répondra à la demande de la mairie, précise l’élu local.

Toutefois, insiste Adama Konaté, la mairie ne peut pas prononcer une sanction à l’encontre de ceux qui occupent illégalement la voie publique sans une plainte formelle déposée par des usagers ou des voisins. «Si la mairie n’est pas saisie, nous n’avons rien à dire par rapport à cela», se désole-t-il. Les événements se déroulent généralement pendant les week-ends. «Nos services sont absents. Même s’ils sont là, nous n’avons pas les moyens de sillonner tous les quartiers et toutes les rues pour savoir ce qui s’y passe», explique Adama Konaté.

La loi n°01-020 du 30 mai 2001 relative aux pollutions et aux nuisances stipule que celui qui touche au domaine public, est saisi et doit payer d’abord une contravention estimée à 18.000 Fcfa. Il est mis à l’interrogatoire, selon le degré de son agression du domaine public, ainsi il est punissable de 20.000 à 120.000 Fcfa avec un risque d’emprisonnement de six mois, explique le 3è adjoint au maire de la Commune V du District de Bamako.

Adama Konaté attire l’attention sur l’existence d’espaces publics dédiés à ces occasions dans tous les quartiers. «Ce n’est pas lié au manque d’espaces. C’est une incivilité qui s’est créée chez le Malien. Il existe quelques espaces aménagés pour les cérémonies en Commune V.

Les gens préfèrent s’installer devant leurs domiciles», déplore l’édile qui cite, entre autres, le terrain municipal, le clerc à Badalabougou et à Daoudabougou, l’espace sommet France-Afrique et l’espace d’îlot 108 de Baco-djicoroni. Leur occupation est gratuite, mais liée à une demande adressée à la mairie, précise-t-il.

Occuper ces espaces dédiés à l’occasion à des cérémonies sociales pourrait contribuer à sauver des vies humaines. «Un véhicule transportant un accidenté ou un malade grave peut tomber sur une rue occupée. Il sera obligé de faire demi-tour. Pendant ce temps, le pire pourrait arriver», dénonce l’élu local. Adama Konaté invite les autorités compétentes à respecter et à faire respecter les principes de lotissement. Les plans de lotissement prévoient des espaces publics. À la place d’un espace vert, on ne doit ni construire une école ou un centre de santé, lance-t-il.

Amadou GUÉGUÉRÉ

Source : L’ESSOR

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