BANGUI, 31 décembre 2013 (AFP) – “Avant, les enfants étaient des victimes collatérales, maintenant, certains sont directement visés”, constate Ombretta Pasotti, coordinatrice de l’ONG Emergency à l’hôpital pédiatrique de Bangui, qui reçoit les premières victimes de la crise centrafricaine, les enfants.
Allongé dans son lit et serré contre sa mère, le regard fixe, David, 13 ans, fait partie des 38 enfants qu’a accueilli l’hôpital au cours du seul mois de décembre. Il a pris une balle dans le bras, et comme tant d’autres il a reçu ici des soins d’urgence gratuits dans cette unité de chirurgie aux murs défraîchis.
“Ces enfants sont victimes de balles perdues, d’éclats… certains ont été blessés par hasard, mais nous avons ici des enfants qui se sont fait tirer dessus parce qu’ils étaient musulmans”, explique Ombretta.
Depuis la prise de pouvoir en mars par l’ex-rébellion Séléka, de majorité musulmane, et la création de milices chrétiennes d’auto-défense qui s’en prennent majoritairement aux populations civiles musulmanes, les victimes sont nombreuses chaque jour à Bangui comme en province. Dans l’un des lits, un gamin de moins de dix ans somnole. Il a un large pansement sur la tête, conséquence d’un coup de machette.
L’un de ses voisins de chambre a lui été blessé par des éclats de grenade. “Nous faisons de notre mieux, mais à cause de l’insécurité, il est difficile pour nous de travailler, sans compter le manque de matériel qui a du mal a nous parvenir, et surtout le manque de sang…”, souligne la coordinatrice.
Un peu plus loin dans l’hôpital, une autre unité s’occupe elle aussi d’enfants, victimes à un degré différent du drame centrafricain.
Dans la cour du service, des nombreuses mères cuisinent au feu de bois dans de lourdes marmites, font tremper du linge ou attendent, tout simplement.