La Centrafrique s’enfonce dans la crise, crise sécuritaire et humanitaire. L’intervention française tarde à produire des résultats. Dans une interview accordée hier, jeudi 2 janvier à RFI, l’ancien président centrafricain François Bozizé a appelé celui qui l’a renversé, Michel Djotodia, à démissionner pour que le pays puisse retrouver une situation normale. Le sujet fait polémique à Bangui et la classe politique ne se montre pas unanime.
Si certains estiment que le président de transition doit se retirer, d’autres pensent qu’un tel changement – dans le contexte actuel – risquerait d’aggraver les choses.
Parmi les réactions politiques recueillies par RFI, celle de Joseph Bendounga, président du MDREC, le Mouvement Démocratique pour la Renaissance et l’Evolution de la Centrafrique. Pour lui, Michel Djotodia doit effectivement démissionner et un sommet des pays de la sous-région doit se réunir pour remettre la transition sur les rails. « Je demande à Monsieur Djotodia de prendre ses responsabilités, de s’assumer, de démissionner, s’il veut garder un brin d’honneur ! En un an (Michel) Djotodia a détruit les fondements de la République centrafricaine ! Le cadre juridique de la transition n’est plus adapté. Une rencontre des chefs d’Etat de la sous-région, ainsi que les acteurs politiques centrafricains, tant ceux de la société civile, doit se tenir dans les meilleurs délais pour pouvoir sauver la République centrafricaine ».
Pour Martin Ziguélé, le président du MLPC le Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain, l’un des principaux partis du pays, la priorité doit être mise sur le désarmement des Seleka, des anti-Balaka et de tout porteur d’armes. Faire changer les responsables de la transition à l’heure actuelle risquerait de créer plus de problèmes que d’en résoudre « parce que nous sommes dans des difficultés extrêmes, il faut faire attention à une personnalisation de la situation, modère Martin Ziguélé. Je pense qu’il faut se concentrer sur le désarmement, sur la lutte contre la prolifération des armes de guerre. Il faut que ce problème soit absolument résolu, et à ce moment-là la transition peut se développer, à mon avis, sans encombre. Mais il ne faut pas mélanger les problèmes… et ça va nous installer dans une situation longue et difficile… et nous ne nous en sortirons pas ».
La Centrafrique en « panne »
Pour Blaise Fleurry Hotto, le porte-parole du RDC, le Rassemblement Démocratique Centrafricain, l’un des principaux partis du pays il est préférable d’aller jusqu’à la fin de la transition sans changer d’équipe mais en obtenant un soutien plus direct des Nations Unies. « Est-ce que nous voulons terminer la transition en nous disant que le processus électoral va être garanti ? Est-ce que nous ne voulons pas terminer la transition et continuer à faire perpétrer les dérapages que nous déplorons ? Alors le RDC, en toute responsabilité, pense que nous devons aller jusqu’au bout de la transition, en prenant toutes les dispositions nécessaires, (et cela passe) par la transformation de la Misca en une force onusienne, pour nous permettre d’être sûrs que nous arriverons à bon port, avec les prochaines élections ».
Enfin, pour l’ancien Pemier ministre Anicet George Dologuélé qui vient de créer son parti politique, l’URCA (Union pour le renouveau centrafricain), la priorité doit rester à la neutralisation des porteurs d’armes… il faut continuer à essayer de faire démarrer l’exécutif de transition et n’envisager d’autres solutions que si la « panne » persiste. « Je note que la transition est en panne durable. Je pense qu’il est plus responsable de dire qu’il faut réparer rapidement, très rapidement, cette panne qui dure depuis maintenant neuf mois, pour avancer. Il faudrait qu’ils s’occupent un peu moins de la gestion de leurs egos. Vous avez vu quand il y a eu la nomination de trois ministres ? Là, tout de suite il y a eu urgence, il y a eu crise, il a fallu se réunir. J’aurais bien voulu qu’on organise souvent ce type de réunion pour les problèmes quotidiens des Centrafricains ! ».