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Centrafrique: l’aéroport de Bangui, « condensé » de la crise

Autour de l’aéroport de Bangui, où près de 100.000 personnes sont venues se réfugier, c’est un peu « un condensé de la Centrafrique »: on y trouve « pêle-mêle », chrétiens, musulmans fuyant, « les Français, la Misca (Force africaine), la crise humanitaire, les affrontements… », explique un humanitaire.

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Dans le brouillard et la lueur blême du petit matin, le camp de fortune des déplacés se réveille, et doucement, la rumeur de ces dizaines de milliers de naufragés commence à monter autour de l’aéroport. Entre les épaves d’avions civils, à deux pas de la piste sur laquelle se pose un énorme avion de transport Antonov, les réfugiés entament une nouvelle journée d’épreuves.

Entre les tentes et habitats improvisés, une vie s’est créée ici: petits commerces, coiffeurs, vendeurs de téléphone… La plupart ont fui les violences de leurs quartiers. Ce sont des chrétiens craignant les exactions des « Séléka », l’ex-rébellion, de majorité musulmane, qui a pris le pouvoir en mars.

« Je vends depuis une semaine », explique Ernest devant son étal de fortune: « on cherche à manger. On a fui la guerre, il n’y a pas d’argent, pas de nourriture ».

Sur les faîtières des tentes flottent des drapeaux centrafricains, américains, français, et certains réfugiés ont écrit leurs espoirs sur des panneaux: « François Hollande sauve nous! », est inscrit sur l’un d’entre eux.

Certains refusent de quitter le site, par peur. d’autre, comme Vivien, 27 ans, font des allers retours à leur domicile, « quand ça ne tire pas ».

L’ambiance est la même qu’en ville: la tension est quasi-permanente. Louise, une femme âgée raconte: « si on veut partager la nourriture, les jeunes amènent des machettes pour emporter ce que les humanitaires donnent. Ca ne va pas ».

D’autres encore se massent aux abords de la route pour injurier et caillasser les convois de musulmans étrangers fuyant le pays par peur de représailles, comme des Camerounais ce lundi matin, et surtout des Tchadiens.

 

« C’est incontrôlable »

A quelques pas de là, c’est l’aéroport. Fermé de temps à autres, il est bien difficile de prévoir les vols qui y parviendront ou y décolleront: leur fréquence dépend des évènements du jour, et tout s’y fait à la dernière minute.

Arrivé jeudi, un homme d’affaire français qui souhaite garder l’anonymat garde un souvenir particulier de son premier séjour en Centrafrique: « Notre avion a atterri, c’est déjà ça, mais il y a eu pas mal d’échanges de tir juste en bordure de l’aéroport. Impossible de sortir, et a cause du couvre feu, j’ai dû dormir sur place ».

Sur le tarmac, l’énorme Antonov ouvre ses soutes, pleines à craquer de lourdes caisses de métal estampillées Nations unies: de l’aide, insuffisante vu le désastre humanitaire que vit le pays.

Quelques mètres plus loin encore, c’est le pavillon français qui claque dans la chaleur moite de la saison sèche: le camp Boali, qui accueille la force française de l’opération Sangaris et vit au rythme des patrouilles de blindés qui vont et viennent en ville.

Sur le parking de l’aéroport, les éternels « Godobés », comme on appelle ici les enfants des rues, tentent de vendre au détail des rations militaires glanées auprès des soldats français ou des contingents de la force africaine.

Les soldats français et africains se partagent la tâche de sécuriser le secteur. Aujourd’hui, ce sont des miliaires camerounais, et ils tentent comme ils le peuvent d’empêcher les déplacés de stopper le convoi de Tchadiens en fuite: « On fait se qu’on peut, mais c’est incontrôlable.

Il y a des armes, des couteaux, des machettes… », explique un officier camerounais, avant de courir vers un jeune musulman à moto victime d’une agression.

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