Situé à environ 95 kilomètres de Bamako, le village de Karan, chef-lieu de la commune urbaine du même nom (cercle de Kangaba) est une zone où l’orpaillage traditionnel est une activité économique très prisée. Ajoutée à la coupe abusive du bois, aux feux de brousse et au surpâturage, la recherche de l’or impacte négativement les forêts de la zone et leurs ressources. Ce n’est donc pas un hasard si l’Association des femmes forestières du Mali (AFOMA) a choisi cette localité pour lancer ses premières activités à la faveur de la célébration du 8 Mars, la Journée internationale de la femme.
La cérémonie était présidée par Seïny Kassoum Traoré de la direction nationale des Eaux et Forêts, en présence d’une représentante du ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, Mme Oumou Samaké.
La présidente de l’AFOMA, Mme Kanouté Fatoumata Koné, a relevé qu’au Mali, les ressources forestières s’amenuisent de façon drastique. En milieu rural, les femmes sont les plus affectées par les conséquences de la dégradation des ressources naturelles car elles sont le pilier de l’entretien des familles qui en tirent l’essentiel de leurs moyens de subsistance.
« Aujourd’hui, l’effort de protection et de préservation de ces ressources doit venir d’elles-mêmes pour sauvegarder le peu de ressources qui nous reste encore », a recommandé la présidente de l’AFOMA.
D’où la pertinence de la création de cette association qui regroupe les femmes forestières, gendarmes, policières, agents de la protection civile et des douanes. L’association entend renforcer les capacités d’action de ses membres pour agir efficacement en faveur de l’épanouissement des Maliennes en général, et de celles vivant en milieu rural en particulier. Cela, à travers la préservation des ressources forestières et la protection de l’environnement. La tâche est donc difficile mais pas impossible à mener à bien, estime Mme Kanouté Fatoumata Koné.
« Après avoir parcouru des kilomètres de forêts, bravé les dangers de la faim et de la soif, des animaux sauvages, des armes blanches et des armes à feu des braconniers, plus rien ne peut ébranler le courage du forestier », a-t-elle proclamé promettant de tout mettre en œuvre pour parvenir à cet objectif de sécuriser les forêts et leurs ressources au profit des générations futures.
Pour elle, la célébration du 8 Mars ne doit pas se limiter aux activités festives. Il faut joindre l’utile à l’agréable en menant des actions concrètes. Celle de l’AFOMA s’est ainsi traduite par la restauration d’un site d’orpaillage à un kilomètre du village de Karan. Après avoir comblé les puits d’orpaillage, l’association compte réhabiliter le site en y plantant des arbres.
Cette action a été appréciée et encouragée par Seïny Kassoum Traoré. En revenant sur la menace que représente l’orpaillage traditionnel pour les forêts, le responsable de la direction nationale des Eaux et Forêts a observé que l’or, bien que rentable, est une ressource naturelle non renouvelable, contrairement aux ressources forestières. Les orpailleurs détruisent les forêts en coupant les arbres pour creuser les puits. Ils utilisent des produits chimiques qui détériorent la qualité du sol et de l’eau.
Les anciens puits deviennent des mouroirs pour les animaux, qui, dans leur recherche de pâturages, y tombent très souvent. Ces animaux sont aussi empoisonnés par l’eau polluée par les produits chimiques. Idem pour l’homme.
La cérémonie a été marquée par un sketch joué par la troupe théâtrale de Karan sur le thème de l’orpaillage traditionnel et de ses dangers : déforestation, maladies, insécurité, délinquance, toxicomanie, etc.
Dans le prolongement des activités, l’ONG « Asso+ » a remis des kits scolaires aux 20 meilleures écolières de l’école fondamentale de Karan.
C. A. DIA
Source : Essor
