L’interpellation du ministre de la Défense, le jeudi 21 novembre 2019 restera dans les annales du Parlement malien. Les questions des députés et les réponses pertinentes du général Ibrahima Dahirou Dembélé ont soulagé les appréhensions des FAMa et des populations.
La situation n’est plus confuse dans nos esprits. Merci général Dembélé de nous avoir asséné la vérité. Nous sommes en guerre. Nos moyens sont faibles. L’heure est grave. Il faut recruter des soldats à hauteur de nos besoins. Et dans ce domaine, la recette est connue de tous. L’argent est le nerf de la guerre. Nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes.
Le problème ne se pose que quand la solution existe, dit-on. Le gouvernement malien doit prouver que l’imagination est au pouvoir dans ce pays. Les éclairages du général Dembélé ont déclenché un vif débat dans les familles, les bureaux, les Sotrama… Les réponses proposées aux difficultés financières reflètent le solide bon sens des Bamakois.
Ils sont prêts à organiser une collecte nationale de fonds pour mieux équiper les FAMa. Ils sont disposés à verser un mois de salaire, un montant forfaitaire pour les chômeurs, les travailleurs journaliers. Ils proposent que tous les cadres incriminés dans les centaines de dossiers des Vérificateurs généraux successifs et de la Casca payent des cautions conformément à la loi.
Le sursaut national, l’union sacrée est possible. Le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, a répondu à l’attente de justice et d’équité de son peuple. La lutte contre la corruption et la délinquance financière n’est plus un discours creux. Les Maliens sont convaincus que les montants des cautions seront mis à la disposition des FAMa.
Les passagers dans les transports publics « Sotrama » ont l’imagination très fertile. Les échanges sur la crise malienne se fondent sur des arguments originaux. Le débat entre un vieux soldat qui a sillonné les régions du Nord et trois jeunes hommes est instructif. Patriote dans l’âme, l’ancien soutient que l’hymne national interpelle tous les Maliens en ces termes : « Debout sur les remparts, nous sommes résolus de mourir… ». L’étudiant en littérature enchaîne : « Pourquoi ne pas matérialiser ces remparts en les construisant sur les frontières ? L’histoire des guerres à travers le monde révèle que des pays ont été menacés de destruction à une certaine période. Les peuples, par instinct de survie, ont construit des remparts pour se protéger des envahisseurs. » La jeune infirmière qui a eu la chance de se rendre au pays de Mao Tsé Toung rappelle en s’adressant aux passagers : « La Grande Muraille de Chine tient encore bon ».
L’exemple du Maroc pourrait inspirer le président Ibrahim Boubacar Kéïta, propose le jeune ressortissant de Tombouctou. En effet, le Génie militaire marocain entre 1980 et 1987 a construit un mur de 100 km à la frontière séparant le Maroc et l’Algérie. Les assauts des troupes du Front Polisario ont presque cessé après l’érection de ce rempart.
Les jeunes patriotes ont une réaction adéquate dans un passé récent au Mali. Dans la ville de Gao, les jeunes fatigués de subir les forcings et les explosions de véhicules kamikazes, décidèrent un jour de creuser de profonds fossés pour protéger la Cité des Askia. Les nuits redevinrent calmes. Pourquoi ne pas construire des remparts de barbelés, de béton, de fossés larges et profonds sur les frontières entre le Mali et le Niger, entre le Mali et le Burkina ?
Sékou Oumar DOUMBIA
Source: Journal l’Essor-Mali