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Ce que je pense : De la gouvernance d’IBK : cet homme qui rêvait d’un grand Mali

 

Début d’un mandat qui semblait prometteur

 En 2013, lorsqu’il (IBK) arrivait au pouvoir, le Mali venait de sortir d’une grave crise socio-politique aggravée par le coup d’État de la junte militaire dirigée par Amadou Aya Sanogo, alors capitaine de son Etat. Bien avant, la situation sécuritaire était suffisamment dégradée au nord avec des attaques meurtrières à répétition contre les positions des forces armées et beaucoup d’autres crises  sociales semblables à ce nous vivons aujourd’hui, provoquèrent les grognes sociales. Justement ce sont ces grognes sociales qui ont favorisé le renversement du président Amadou Toumani Touré. Après s’en est suivi une descente aux enfers de la République du Mali. Les groupes armés sévissant au nord du Mali enchainèrent des succès militaires jusqu’à Konna à partir d’où, ils ont jurèrent de faire la prière de vendredi à la grande de mosquée de Bamako. Bref, c’est dans ce chaos que les élections ont pu être organisées après plusieurs tractations de la communauté internationale. Quand il a été élu plus tard, Ibrahim Boubacar Keïta ne manquera pas de se souvenir de cette page sombre de l’histoire du Mali dans son discours d’investiture : « Oui, louanges à Dieu. Sans Lui, aujourd’hui ne serait pas. Un pays de gloire, de lumière, d’humanisme fécond au long des siècles, soudain plongé dans les ténèbres d’une nuit, d’une longue nuit noire peuplée des pires cauchemars, voilà ce dont nous émergeons. » Le changement s’imposait et il le fallait à tout prix. C’est justement ce goût effréné du changement qui a porté au pouvoir IBK. Le peuple sortit ce jour-là pour voter comme il ne l’avait jamais fait auparavant. Pour lui, le changement tant attendu était proche, il était là, il était IBK. Cet espoir placé en lui, IBK semblait mesurer toute la dimension. « Je puis, Monsieur le Président de la Cour, Mesdames et Messieurs, vous dire que le Président de la République que je suis désormais, grâce à cette confiance massive des Maliennes et des Maliens, fera de ce socle, le départ du renouveau de notre pays dans tous les domaines… Ah, Maliennes et Maliens ! J’ai compris votre message. Il m’est allé jusqu’au fond de l’âme. Je prends l’engagement de le traduire désormais au quotidien, pour l’Honneur du Mali. Pour le bonheur des Maliens !» a-t-il rassuré lors de son discours d’investiture en 2013. Mais qu’est-ce qui a pu bien se passer entre temps ? Qu’est- ce qui n’a pas marché avec celui-là même qui promettait de veiller désormais à sauvegarder le peuple, en ses personnes et ses biens ? Pourtant on pouvait bien lire la sincérité qui émanait de cette âme qui semblait porter le Mali dans son cœur : « La vie du malien vaudra désormais son prix inestimable. Aussi voudrais-je ici, solennellement, engager tous ceux qui ont mission et vocation à protéger et sauvegarder notre peuple, à s’acquitter très consciencieusement de leurs missions. »

Les conséquences des mauvais choix ?

Dès sa prise de fonction, le président de la République a surpris plus d’un avec la nomination des personnes qualifiées de vautours dans l’ancien système à des postes de responsabilités. Cela a suscité plusieurs interrogations au sein de la société. Avec le temps, le choix de ces hommes s’est révélé être une grosse erreur de sa part. La plupart de ces ministres ont été remerciés du gouvernement à raison ou à tort. Aujourd’hui ce sont ces mêmes personnes qui se sont dressées contre lui, animant les différents bastions de contestations qui demandent sa démission. Toujours dans le cadre du choix de personnes, il faut noter le départ ou la démission précipitée de certains cadres justes et intègres comme Tatam Ly, Fadima Maïga, Daniel Amaguoin Tessougué, Mahamadou Igor Diarra pour ne citer que ceux-là, ont laissé planer beaucoup de doute sur ce discours de changement toujours tenu par le Président de la République. Si la volonté de bien servir son pays était sa motivation première, les choses ont fini par lui échapper et lui faire perdre sa propre vision. En plus, le peuple attendait le nouveau Président sur d’autres fronts : l’amélioration des conditions de vie, la justice sociale, la lutte contre la corruption, l’emploi des jeunes. Mais des années après, beaucoup de Maliens déchantent aujourd’hui, parce que le changement tant promu reste toujours une vue de l’esprit. La corruption continue de battre des records, les conditions de vie restent inchangées jusqu’ici, les rebelles continuent de régner en maîtres absolus dans le septentrion du pays, l’indivisibilité et la laïcité du pays sont chaque jour un peu plus remises en cause toujours au grand désespoir du peuple. La soif du changement se transforme peu à peu au supplice et celui qui était annoncé comme un messie est devenu un paria. Mais au fond, on peut tout lui reprocher sauf l’amour de sa patrie.

Amadingué SAGARA

Source: Le Pays

 

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