En réaction au rapport “Dirty Diesel” de l’ONG suisse Public Eye, des organisations de la société civile (OSC) exigent une réglementation plus stricte en matière de carburant au Mali. Elles démontrent par a + b que le carburant, défendu par le directeur général de l’Office national des produits pétroliers (Onap), est bel et bien toxique et cause de maladies graves et décès au Mali.
Des OSC comme l’Association malienne pour le bien-être familiale (Amasbif), l’Association malienne d’éveil et développement durable (AMEDD) ont aminé une conférence de presse lundi 19 septembre 2016 sur les carburants toxiques qui inondent l’Afrique surtout notre pays. La révélation est de l’ONG suisse Public Eye dans un rapport intitulé “Dirty Diesel”, publié en mars.
Ce rapport, selon la présidente de l’Amasbif, Barry Aminata Touré, est le résultat de trois années d’enquête dans huit pays d’Afrique (Angola, Bénin, République du Congo, Ghana, Côte d’Ivoire, Mali, Sénégal et Zambie).
Le résultat du rapport, poursuit-elle, révèle que les carburants présentent une teneur élevée en souffre ainsi que des substances toxiques comme du benzène et les composés aromatiques à des niveaux interdits en Europe. Ces teneurs en soufre mettent en danger la santé de populations exposées aux particules fines et à d’autres substances chimiques cancérigènes.
L’échantillon le plus soufré est celui d’Oryx-Mali
“Les résultats des échantillons prélevés à la pompe par Public Eye sont choquants : les carburants analysés présentent une teneur en soufre très élevée, plusieurs centaines de fois supérieure à la limite autorisée en Europe, 10 parties par million (PPM) soit 0,001 %. En effet, plus des 2/3 (17 sur 25) des échantillons de diesel dépassent 1500 PPM. L’échantillon le plus soufré provient d’une station-service Oryx au Mali et affiche une teneur en soufre de 3780 PPM”, affirme Mme Barry.
Elle ajoute qu’en vendant ces carburants nocifs, les négociants suisses qui sont les principaux fautifs, contribuent à la pollution de l’air dont les conséquences sont néfastes sur la santé : maladies respiratoires et cardiovasculaires, cancers etc.
Pour la conférencière, réduire progressivement la teneur autorisée en soufre dans les carburants au même niveau que dans l’Union européenne permettrait de prévenir 25 000 décès prématurés en 2030 en Afrique et près de 100 000 en 2050.
Des normes maliennes dépassées
L’arrêté interministériel 90-1565 du 19 mai 1990 fixant les normes du gazole au Mali, qui est toujours en vigueur, fixe la teneur en soufre maximum 1 % en masse, ce qui fait 10 000 parties par million. Selon le président de l’Association malienne d’éveil et développement durable, Oumar Samaké, le Mali est l’un des pays au monde qui n’a pas révisé ses standards caducs.
“Maintenant que les autorités ont toutes les informations sur les risques des carburants toxiques qui ne dérobent pas les normes du pays, elles ont le devoir d’agir”, insiste M. Samaké. Il souhaite une réglementation plus stricte en matière de carburants.
A la suite de cette conférence de presse, les OSC prévoient d’autres activités pour contribuer à réduire les dégâts causés par les carburants à haute teneur en soufre. De quoi clouer le bec aux défenseurs du carburant toxique.
Maliki Diallo
Source : L’Indicateur du Renouveau