Nos sources sont formelles : plusieurs cas de dysfonctionnements demeurent actuellement dans la gestion des cantines scolaires au Mali. Mais contre toute attente, le Directeur du Centre National des Cantines Scolaires, Sarmoye Boussanga, dans une interview, lors de la célébration de la Journée africaine de l’alimentation scolaire a soutenu qu’ “Aujourd’hui, les Cantines Scolaires se portent bien ». Avant de préciser : qu’ « elles se multiplient et répondent mieux aux objectifs ».
Au Mali, les cantines scolaires sont au nombre de 2.236 dont 1.301 appuyées par le budget d’État. Mais il y a beaucoup de dysfonctionnements constatés dans leur gestion. En bloc, les cantines scolaires se portent mal. Pire, elles se multiplient et répondent mal aux objectifs. Du coup, les enfants ne bénéficient pas de repas de qualité à l’école afin d’assurer leur maintien à l’école.
Toutefois, il ressort que certains directeurs d’écoles ont soustrait des vivres à leur profit personnel. Mais le gouvernement dans sa décision tarde à les exposer à la face du monde, comme des trophées de guerre contre la corruption.
Le lancement des activités des cantines dans les établissements scolaires publics, a été salué avec satisfaction par tous les maliens. Les écoliers pour la plupart issus de familles modestes ont la chance désormais de se restaurer dans l’enceinte de leur établissement, sans débourser un franc. Mais face à une mauvaise gestion autour du projet, le gouvernement lésine aujourd’hui sur les moyens de mettre sur la place publique le dysfonctionnement dans la gestion des cantines scolaires, dont il est en grande partie responsable. La cantine scolaire est une activité qui a déjà existé sous des régimes au Mali.
La politique adoptée à l’époque consistait à réserver une petite quantité de vivres aux directeurs, aux enseignants et aux membres du comité de gestion des cantines scolaires, pour leur bien-être. La logique était qu’il est inconcevable de vouloir nourrir les enfants dans les écoles en ignorant les personnes en charge de gérer les vivres. Cette méthode empêchait les détournements.
Sous le régime ATT, les cantines scolaires ont refait surface. Mais pour des raisons de mauvaise gestion, certains ont été suspendues. Elles sont de retour avec le gouvernement d’IBK qui a investi plusieurs milliards de francs CFA pour nourrir les enfants dans nos écoles. Tout le monde avait cru que ce régime allait inventer une méthode de gestion irréprochable, en mettant les directeurs et leurs collaborateurs au cœur de l’activité. Il est normal que nos compatriotes impliqués d’une manière ou d’une autre dans des actes de malversation soient sanctionnés. Mais face à l’ampleur des dégâts autour de la gestion des cantines scolaires, le gouvernement doit-il retarder à humilier les directeurs d’écoles impliqués dans la soustraction de vivres ? Dans certaines écoles publiques, les fautes commises portent sur quelques sacs de riz et des bidons d’huile ; et au niveau d’autres établissements, il s’agit de disparition des tonnes de vivres.
Les faits reprochés à ces directeurs d’écoles démontrent le niveau de détournement des biens de l’État et du dénier public qui caractérise le Mali sous le régime du Mali d’abord. Ne serait-il pas mieux pour le gouvernement de s’attaquer aux problèmes de mal gouvernance des maliens, plutôt que de prendre à partie des voleurs de poules qui ont aussi besoin de nourrir leurs familles ?
Face à l’ampleur de la corruption au Mali, si le gouvernement prenait des sanctions, jusqu’à mettre fin aux fonctions des bandits à col blancs tapis dans les dédales de l’administration, le régime de part son engagement allait convaincre sur le plan international de sa lutte incolore et inodore contre la corruption. Nos dirigeants ont-ils la volonté de combattre la corruption au Mali ? L’on peut aussi se poser la question de savoir si la gouvernance au Mali n’est-elle pas devenue une foire des larrons où seul les faibles sont humiliés, jusqu’à citer publiquement leurs noms.
Le gouvernement dans la diversion
Des dossiers importants de corruption se trouvent sur la table du gouvernement, mais il n’affiche pas de volonté à sanctionner les auteurs. C’est le cas par exemple du dossier de la loi d’orientation et de programmation militaire dans lequel le PARENA dénonce des « micmacs et détournements » dans les achats d’équipements destinés aux militaires maliens. « Plus le président et ses ministres parlent de nouvelles acquisitions de moyens de défense, plus l’insécurité augmente », relève l’opposant Tiébilé Dramé qui s’interroge sur la vraie destination des centaines de milliards votés par l’Assemblée nationale pour mettre l’armée dans les conditions de combattre la menace jihadiste, en référence à la loi quinquennale de programmation militaire adoptée en 2015.
Le gouvernement garde le silence à ce propos, et aucune sanction n’est prononcée. Mais le PARENA démontre une surfacturation de 6 milliards de francs CFA.
C’est le cas aussi des surfacturations en 2015 sur l’achat de l’avion présidentiel ; du marché d’équipements militaire ; de l’achat des 1000 tracteurs et de la livraison de l’engrais « frelaté » aux paysans.
La Coalition des Organisations de la Société Civile pour la Lutte contre la Corruption et la Pauvreté au Mali (COSCLCCP), avait le 24 avril 2017 dénoncé des pratiques de détournement et de corruption estimées à plusieurs centaines de millions de francs CFA. L’organisation a réclamé des sanctions à l’encontre des auteurs de ces actes, mais le gouvernement ne réagit point. Nos dirigeants n’ont pas réellement le désir de lutter contre la corruption, car les vrais corrompus sont tapis dans leurs rangs.
Cyrille Coulibaly
Source: Nouveau Réveil