Candidat à sa propre succession en 2018, le président Ibrahim Boubacar Kéita veut devenir le candidat unique de son camp et passer au premier tour du scrutin. Ses alliés politiques l’entendent-ils vraiment de cette oreille ? Nous avons enquêté.
Afin de permettre au président Ibrahim Boubacar Keïta de briguer avec succès un second mandat en 2018, la mouvance présidentielle s’active. Il s’agit pour elle d’obtenir de ses alliés de renoncer à toute candidature concurrente à celle du chef de l’Etat. Aucune décision formelle n’étant encore prise en la matière, nous avons cherché à sonder quelques responsables de partis membres de la Convention de la Mouvance présidentielle (CMP). Le climat dominant est la réserve, le doute, la méfiance.
Ainsi, selon un leader de parti que nous avons rencontré, le premier mandat d’IBK n’a pas rassuré ses alliés. « Ils ne sont ni reçus, ni consultés sur les grandes décisions; le président IBK ne les fait venir que pour le spectacle devant la télévision », grince notre interlocuteur.
Un autre responsable fait remarquer que la plupart des chefs politiques qui se sont alliés à IBK n’ont rien gagné en retour. Ceux qui ont eu la chance d’obtenir un portefeuille ministériel n’ont eu, la plupart du temps, que des strapontins; de plus, ils doivent batailler jour et nuit pour procéder à des nominations au sein de leurs propres partis. « Le RPM, très gourmand, veut garder les postes juteux et laisser des coquilles vides aux ministres alliés », note un chef de parti qui, pour sa part, tire le diable par la queue, n’étant nommé nulle part.
Autre critique récurrente: nombre de nos interlocuteurs se demandent pourquoi, sans explication, le pouvoir s’est débarrassé plus ou moins violemment d’alliés habituels comme ADP-Maliba, Yelema, le MPR et l’UDD. Le premier n’a jamais eu de représentant au gouvernement alors que les trois autres ont vu leurs ministres remerciés sans sommation. Soit dit en passant, Moussa Mara, président du parti « Yelema », est l’un des promoteurs de la CMP. Pis, après quitté le gouvernement, les ministres concernés n’ont eu aucun point de chute alors que le pouvoir s’est hâté de nommer à la tête Conseil d’administration de la Banque Malienne de Solidarité l’ancien ministre Bocary Tréta. « Parce qu’il est au RPM ? », s’interroge un interlocuteur.
« En réalité, les membres de la CMP ne sont là que pour la forme: ils ne partagent rien et ne savent rien de la marche du pays. Tout se décide ailleurs, par-dessus leur tête. C’est sans doute pourquoi le président de la CMP, Boulkassoum Haïdara, ne participe presque plus aux réunions depuis qu’il a été nommé président du Conseil Economique et Social du Mali. La CMP ne se réunit plus que de manière épisodique car elle pèse peu dans la gouvernance: d’ailleurs, le président IBK ne manque pas d’occasion de la ridiculiser », commente avec amertume un chef de parti. Le même croit savoir que si les alliés étaient associés aux décisions, le bilan des 3 ans d’IBK aurait été tout autre.
En somme, aucun des alliés du pouvoir que nous avons rencontrés ne répond par un oui franc le projet de ne pas présenter de candidat contre IBK en 2018. Le principal intéressé le sait-il? Assurément. Quelles dispositions envisage-t-il de prendre pour consoler les mécontents ? Qui vivra verra….
Source: proces-verbal