Ils étaient 100 hommes et femmes, arborant des tenues roses (symbolisant le mal) membres de « Bamako Sport et Randonnées » et de « Sport dans ma vie » à avoir parcouru, dans la matinée du dimanche 20 octobre 2019, les 13 kilomètres qui séparent le « Campement Kangaba » du fleuve Niger via le Canal de Dougoulakoro, pour dire non au cancer du sein au Mali et à travers le monde. Cette randonnée sportive, organisée dans le cadre du mois d’octobre consacré par l’OMS à la lutte contre le cancer du sein, visait à sensibiliser au dépistage contre ce « tueur silencieux » qui touche environ 1,40 millions de femmes par an et fait au moins 627 000 décès, selon les chiffres de l’Observatoire mondiale du cancer (IARC Globocan 2018).
Chaque année, le mois d’octobre est consacré à la sensibilisation au cancer du sein à travers le monde. Cette année, au Mali, deux clubs de marche sportive et de randonnée pédestre de Bamako, « Bamako Sport et Randonnées » et « Sport dans ma vie » ont mis en commun leurs efforts pour sensibiliser au dépistage contre le cancer du sein et à la prise de conscience contre ce mal qui ne touche pas que les femmes.
Dépistage simple par l’autopalpation
Les docteurs Abdoul Aziz Maiga, nutritionniste et humanitaire et Mimoune Diarra, urologue au CHU Gabriel Touré, respectivement membre de « Bamako Sport et Randonnées » et de « Sport dans ma vie », ont expliqué à la centaine de volontaires et aux clients du lieu de villégiature (Campement Kangaba) les principaux symptômes de cette maladie, qui ne touche pas que les populations des pays développés et où « chacun est son propre médecin ». Le dépistage du cancer peut se faire certes par mammographie, qui coûte cher, mais aussi une technique simple appelée « autopalpation ». Chez les femmes en couple, les partenaires peuvent aussi être les premiers médecins par le même moyen de la palpation. Il est recommandé une à deux consultations par an contre le cancer du sein qui, même rarement, n’épargne pas non plus les hommes.
Un moyen de prévention, même s’il est difficile d’établir les principales causes de cette maladie : l’allaitement maternel qui, selon le Dr Maiga, est un facteur protecteur contre le cancer du sein.
Cette matinée sportive, qui a drainé un grand nombre de volontaires, visait à attirer l’attention sur la maladie et ainsi favoriser la prise de conscience et sensibiliser au dépistage précoce qui permet une prise en charge efficace.
Prise en charge extrêmement coûteuses…malgré les efforts de l’Etat et de ses partenaires
Au Mali, le cancer du sein n’est que partiellement pris en charge par l’Etat à travers quelques ONG partenaires. Cette prise en charge ne concerne que quelques molécules intervenant dans la chimiothérapie et ces produits sont souvent en rupture, s’inquiète un spécialiste. Autrement dit, le bilan sanguin, le scanner et la radiothérapie sont à la charge du patient. Cancérologues et patients militent pour une prise en charge complète de cette maladie.
Des témoignages glaçants…
Cette matinée du dimanche était aussi celle des témoignages. Ibrahim Yattara, directeur de publication du journal L’Informateur et membre fondateur de l’Association des éditeurs de presse écrite du Mali (Assep) a perdu sa première épouse et mère de son fils aîné d’un cancer des ovaires. Il a tenu à marcher aux côtés des volontaires et à conseiller l’assistance quant à la nécessité d’un dépistage précoce. Daouda Gary-Tounkara, chercheur franco-malien à l’Institut des Mondes Africains (IMAF-Paris), a perdu sa sœur cadette atteinte du cancer du sein. Il a insisté sur le fait que le cancer du sein, comme les autres cancers, est un tueur aveugle qui n’épargne personne.
Des chiffres qui font froid dans le dos…
Selon les dernières données mondiales sur le cancer, 18,1 millions de nouveaux cas de cancer (tous les types confondus) sont diagnostiqués et 9,6 millions de décès sont à déplorer en 2018. Avec près de 1,40 million de nouveaux cas et 627 000 décès par an, le cancer du sein chez la femme vient au cinquième rang des causes de décès. Soit 6,6 % du total, selon le Centre international de recherche sur le cancer (IARC). Selon toujours ce centre, dont les données sont rendu publiques par Globocan, « le cancer du sein est de loin le premier cancer chez la femme avec 24,2 % des nouveaux cas de cancer diagnostiqués chez les femmes dans le monde ». Ce qui représente environ un sur quatre des nouveaux cas détectés. Le cancer du sein est également la principale cause de décès par cancer chez les femmes (15,0 %), suivi par le cancer du poumon (13,8 %) et le cancer colorectal (9,5 %), qui sont également les troisième et deuxième type de cancer les plus fréquents chez elles, respectivement. Le cancer du col de l’utérus se classe quant à lui au quatrième rang pour l’incidence (6,6 %) et la mortalité (7,5 %).
« Bamako Sport et Randonnées » et « Sport dans ma vie » en bref…
« Bamako Sport et Randonnées » et « Sport dans ma vie » sont deux associations sportives de la ville de Bamako qui comptent chacune des centaines de sociétaires bénévoles, de toutes générations et d’origines diverses, pratiquant principalement la marche sportive et la randonnée pédestre au moins quatre fois par semaine sur des parcours sportifs différents dans et aux environs de la ville de Bamako. L’adhésion y est volontaire.
Amadou Salifou Guindo avec IARC-Globocan
Source : Le Pays