Avec des stades vides à plus de 80% lors de ces premiers matchs de la CAN 2019, la messe du football africain est, pour le moment, une compétition fantomatique. Sauf quand c’est l’Égypte qui joue, estime notre blogueur Petit Peulh.
Tout était pourtant bien parti lors du match d’ouverture ayant opposé l’Égypte, pays organisateur, au Zimbabwe. Les travées du Stade du Caire (plus de 70000 places) étaient bondées et la rencontre s’est déroulée à guichets fermés. Mais 24h plus tard, lors du match Ouganda-RDC, tout a basculé dans le dérisoire: à peine 1000 supporters et quelques vuvuzelas miaulaient dans une enceinte de 74 mille places.
La même remarque est valable pour les autres matchs. Lors de cette CAN, ceux qui espéraient voir se ruer vers les stades les amateurs de foot d’un pays où les matchs du championnat se jouent à huit clos depuis des mois se sont plantés.
Mais pourquoi les stades sont-ils si vides ? Première réponse : les supporters égyptiens n’ont de considération que pour leur seule et unique équipe nationale. Le Stade du Caire, plein comme un œuf lors de l’affiche Ouganda-Zimbabwe, quelques heures avant celle de l’Égypte-RDC ce 26 juin, en est le parfait exemple. Le « djatiguiya » malien – lors de la CAN 2002 au Mali, plusieurs supporters locaux se rendaient dans les stades pour encourager les autres équipes – n’existe pas au pays des pharaons.
Tâtonnements de la CAF
Pourquoi les supporters des autres équipes n’ont pas fait le déplacement ? Une seule raison: les tâtonnements de la CAF pour désigner un pays organisateur de la compétition. Annoncée au Cameroun jusqu’en décembre dernier, la CAN a été retirée de manière inédite au tenant du titre. Et l’Égypte n’a été désignée qu’après des semaines de tergiversations. Cette situation inflige aux supporters (surtout subsahariens) de longs et coûteux voyages, qui n’étaient pas prévus.
Ensuite, on pourrait penser au prix du billet. Mais cet argument est-il vraiment valable quand on sait que les prix des billets sont fixés entre 3 000 et 17 000 FCFA (5 et 26€) ? Le coût des matchs des Pharaons est pourtant plus élevé : il faut débourser entre 6 000 et 20 000 FCFA pour voir les touches de balles de Mohamed Salah.
Le péché de la Fan ID ?
Mesure sécuritaire pour les organisateurs et la CAF, mais c’est peut être aussi la raison majeur qui a plongé la compétition dans ce manque criard de ferveur dans les stades. En effet, le seul billet ne suffit pas pour pénétrer dans les stades égyptiens. La Fan ID, qui vise à contrôler les fans, oblige surtout le supporteur à valider au préalable son numéro du billet pour pouvoir assister aux matchs. Disponible en ligne pour ceux qui ont des cartes de crédit, on ne peut obtenir la Fan ID qu’à l’entrée des stades.
Les raisons ou les prétextes sont peut-être nombreux. Mais le rappeur Youssoufa a une conclusion à tout ce merdier : « Vu de l’international, les gens peuvent penser que personne ne s’intéresse à cette compétition, alors que c’est plus passionnant que l’Euro. La terre s’arrête quand il y a la CAN et je suis très déçu des images que je vois, car l’Égypte est un grand pays de football. Il faut que la CAF trouve un moyen d’y remédier. »