Inauguré en février 2017, le campus universitaire de Kabala a accueilli ses premiers pensionnaires en avril 2018. Un millier d’étudiants s’installe progressivement sur les 4 080 qu’il peut accueillir. Si ce logement leur permet d’éviter les problèmes de transport, la fonctionnalité des installations et les heures de cours non assurées demeurent préoccupantes.
« Souvent on passe la journée à ne rien faire, après avoir attendu en vain certains professeurs. Ainsi, on a perdu 4 séances de 2 heures chacune depuis la rentrée, le 9 avril 2018 », se plaint Bernard Poudiougou, 19 ans, étudiant en première année d’anglais à la Faculté des Lettres, Langues et Sciences du Langage. Originaire d’Adouna Kambé, à 20 km de Koro, dans la région de Mopti, il habite au campus depuis début mai. Pour occuper la chambre, qu’il partage avec deux autres étudiants, dont un de ses frères, ils ont déboursé 35 000 francs CFA. « Les copies des cours coûtent cher, un seul plat à la cantine coûte 500 francs. C’est trop ». C’est pourquoi ils logent à quatre et cotisent pour préparer leur nourriture.
Un coût raisonnable, estime Yaya Koté, le chef de service logement et restauration du campus. Pour le lit, l’étudiant s’acquitte d’une caution de 5 000 francs et de 30 000 francs pour l’année scolaire. Il dispose « d’un placard, d’une chaise et d’une table », précise Monsieur Koté. Minimisant les « contestations », il estime « qu’il y a plus de réactions positives » pour une chambre qui « offre commodités et sécurité » aux étudiants.
Mais l’état des installations est décrié. Mauvaise ou imparfaite qualité des équipements? L’évacuation de l’eau des douches est un problème récurrent. « Nous avons emménagé il y a une semaine. L’eau ne s’écoulait pas. Nous l’avons signalé, ils sont intervenus, mais ce n’est toujours pas réglé », témoigne Salimata Coulibaly, originaire de Bougouni, en troisième région, qui partage sa chambre avec deux camarades.
Ce qui inquiète le plus ces étudiants, c’est leur formation. « On se pose souvent la question de savoir si l’université en vaut la peine. Ce n’est pas facile pour les fils de pauvres », se lamente Bernard Poudiougou, qui est cependant optimiste.
Les heures de cours non assurées sont une réalité, selon le Docteur Bréma Ely Dicko, chef du département de Sociologie et anthropologie de l’Université des Lettres et des Sciences Humaines. Il faut recruter plus d’enseignants et, puisque « l’université est un tout », résoudre les problèmes de transport et d’insuffisance en salles pédagogiques. Pour son université, il dépense 330 millions de francs CFA par an pour un bâtiment.
Journal du mali