Si cette fois la machine électorale est bien lancée, il est fort à déplorer que l’Administration organisatrice du scrutin ne fasse pas assez preuve d’équidistance depuis le début de la campagne électorale. En effet, elle doit faire preuve d’impartialité et octroyer un nombre égal de chances à chaque camp. Depuis le début de la campagne électorale, tous les messages envoyés aux téléphones mobiles appellent à voter pour le OUI. Également, dans la sphère publique, des officiels de l’État n’hésitent pas à descendre dans l’arène pour battre campagne.
Alors que, selon toute logique, et pudeur républicaine oblige, ce soin doit être laissé a d’autres, qui ne sont concernés ni de près ni de loin par l’organisation de la Consultation. Dans ces conditions, il est alors à craindre une certaine instrumentalisation du referendum à des fins politiques, ce qui induirait des suspicions quant à la crédibilité même du vote. Suspicions loin d’être absurdes puisqu’au Mali, les périodes de vote prennent malheureusement des allures de foires où soutiens politiques s’obtiennent contre biens en nature et en espèce.
La Transition doit marquer le coup et s’évertuer à faire une rupture totale par rapport aux scrutins précédents. Et la première chose qu’elle aurait dû faire, c’est de ne pas faire campagne de manière si directe. Une Administration qui donne clairement des consignes de vote peut-elle aussi effectuer un arbitrage neutre et impartial ? Et surtout reconnaitre la victoire de l’autre camp, si toutefois cette dernière l’emportait ? La transition, en étant plus juge que partie au scrutin, aurait donné une très belle leçon de démocratie républicaine. La monture du projet de Constitution est montée, l’appréciation est au peuple.
Que si le NON l’emportait, ce ne serait pas une catastrophe pour le pays, bien au contraire, mais un appel à parfaire davantage la prochaine Loi fondamentale. A-t-on déjà vu un arbitre qui, après s’être affiché avec le maillot d’une des deux équipes, officie le même match ? Si cela advenait, des dispositions devront être prises pour changer d’arbitre. Or, dans le cas d’espèce, cela est tout simplement impossible. Appel est donc fait à l’État de faire preuve d’équidistance afin qu’aucun camp ne se sente mis de côté. Et qu’au lieu de faire appel au OUI, de faire surtout appel aux uns et aux autres d’accomplir leur devoir citoyen en allant voter. Se rendre aux urnes, de manière massive, c’est déjà une grande victoire.
Ahmed M. Thiam
Source: L’alternance