Au passage de notre équipe de reportage, 12.000 personnes avaient été déjà consultées. Au regard de l’engouement suscité par cette opération humanitaire, les initiateurs comptent prolonger sa durée
Consulter 10.000 personnes et réaliser des interventions chirurgicales chez 1000 autres malades était l’objectif fixé part l’ONG Direct Aid et ses partenaires (la Fondation internationale Al Bassar et l’Organisation islamique internationale de secours) dans le camp d’ophtalmologie qui s’étendra jusqu’au 10 janvier au Centre de santé Al Razi à Djicoroni Para.
L’initiative qui prend en charge gratuitement les soins des malades, offrira aussi 2.000 lunettes corrigées aux malades atteints de certains troubles visuels. Au passage de notre équipe de reportage, les prévisions étaient dépassées. En effet, 12.000 personnes avaient été consultées. En outre, les interventions réalisées et les malades programmés étaient chiffrés à 1100 personnes. Au regard de l’engouement suscité par l’opération humanitaire, les initiateurs comptent prolonger sa durée.
Comme au premier jour, l’affluence reste très grande. Les malades venus des régions ont pris leur quartier dans la cour du centre. 10 petites tentes y sont installées mais ne suffissent pas pour caser tout le monde. D’autres malades attendent, à même le sol, d’avoir la chance de recevoir les soins requis. Mais si les malades de la capitale ne vivent pas ce calvaire, ils font la corvée de se réveiller tôt pour occuper le rang. Le centre grouille de monde. Les patients enregistrés sont dotés de badges numérotés. Chaque numéro correspond à la position du malade. Pour reconnaître l’œil affecté et dont l’état nécessite une intervention, un petit papier y est collé. Les organisateurs, eux, sont identifiables par leur gilet. Ils facilitent l’accès aux consultations et interventions. Cependant, certains malades fulminent et pointent du doigt la mauvaise organisation.
Lamine Diallo nous prenant pour des organisateurs, nous supplie de lui donner les précisions sur la date de son intervention. Après les explications de votre serviteur sur son profil, il s’est confié. «Il y a un problème d’organisation. On en a beaucoup souffert depuis le premier jour», explique-t-il. Cet autre patient qui réside au quartier Banconi a eu la chance d’être consulté. Mais il attend d’être opéré.
Mme Maïmouna Cissé et Adama Sangaré sont venus de Kayes. La première a été déjà opérée des yeux, mais le deuxième attend toujours de passer sous le bistouri alors qu’il figurait parmi les premiers malades programmés. Un des membres de leur famille impute ce problème à la mauvaise gestion. Il était même très agressif dans ses propos car il revenait justement d’une dispute avec les organisateurs.
Des patientes, notamment Awa Berthé de Siby, Safiatou Mariko et Kadiatou Tounkara du Badialan évoquent aussi des lenteurs. Elles accusent certains organisateurs. Déjà consultée, Safiatou Mariko a aussi reçu des lunettes et des médicaments. Mais elle avoue que ça a été difficile. Le désarroi de certains patients était perceptible comme chez Moriba Konaté, un patient venant de Banconi qui déambulait dans la cour. Accompagné de sa femme, il ne savait pas à qui s’adresser.
Djibril Koné portant des lunettes noires ne se plaignait pas. «Je n’ai pas du tout eu de problème», a-t-il confié, avant d’ajouter qu’il était sur le point de rentrer au village à Koumantou quand il avait subi une deuxième opération. Bakary Coulibaly, un agent de l’ONG Direct Aid, rejette la mauvaise organisation sur les patients eux-mêmes. «Ils perdent patience et veulent être pris en charge tout de suite. Alors que les numéros d’enregistrement déterminent l’ordre d’arrivée», explique-t-il.
Fatoumata NAPHO
L’Essor