C’est avec une grande amertume que parents, amis, collaborateurs, journalistes ont conduit Issa Doumbia dit Sacré à sa derrière demeure au cimetière de Niamana. Les obsèques officielles étaient dirigées par le commandant Hamidou Maïga de la Grande chancellerie des ordres nationaux, en présence du directeur général de l’Agence malienne de presse et de publicité (AMAP), Bréhima Touré, des cadres du département de l’Economie numérique et de la Communication, des anciens collaborateurs, des confrères du défunt et d’une foule d’anonymes.
Après la présentation du corps, au nom du président de la République, le commandant Maïga a salué la mémoire de l’illustre disparu. Il a salué les qualités qui le caractérisaient, notamment assiduité et dévouement à la tâche avant de présenter les condoléances du chef de l’Etat et de la Grande chancellerie à la famille meurtrie du défunt et à ses anciens collaborateurs. Les obsèques ont été achevées avec le salut aux morts avant de remettre le corps à la disposition de sa famille.
Les multiples témoignages concordent sur l’engagement et l’amour du défunt pour sa patrie ainsi que pour sa profession (le journalisme). Sacré Issa, comme on aimait l’appeler, naquit un jour de 1972 à Bamako. Il est diplômé du Centre d’études des sciences et techniques de l’information (CESTI) de Dakar de la 27è promotion. Issa Doumbia travailla dans plusieurs organes de presse écrite avant de servir aux côtés du président de la République, Amadou Toumani Touré dit ATT. Il fut d’abord chargé de mission avant de devenir conseiller technique à la Présidence de la République. Grand travailleur, Sacré Issa a été fait chevalier de l’Ordre national en 2011.
Seydou Sissouma, ancien directeur de la communication de la Présidence de la République et proche collaborateur de Issa Doumbia pendant une dizaine d’années, a témoigné ceci : «Ta vie vaut bien une édition spéciale d’un journal, et pourquoi pas un livre, mais je m’imposerai, à la manière du rédacteur d’une brève, de la résumer en une somme de valeurs, de savoir-faire et de savoir-être…Sacré Issa fait partie de la race d’hommes qui ne se mettent jamais à genou devant quiconque sauf pour prier Allah, le Créateur ! Ta piété est connue de tous ceux qui ont eu l’occasion de t’approcher. Qui d’entre nous n’a pas ressenti un jour de l’émerveillement devant un reportage, une analyse, un commentaire de Sacré Issa ? Une plume étincelante, un style flamboyant, toujours adossés à des sources robustes. Ton humour corrosif n’épargnait rien, ni personne mais il avait la saveur de l’intelligence. C’était toujours piquant mais jamais méchant».
Seydou Sissouma a aussi parlé de l’envie de Issa pour la recherche documentaire ainsi que son sens d’aller à la source réelle. Ce qui lui a valu la mise en place d’une bibliothèque. «Peu d’entre nous savent que cette demeure, qui était la tienne, n’était pas qu’une maison à usage d’habitation, qu’elle est aussi une bibliothèque privée où tu as patiemment, passionnément, obstinément rassemblé un trésor d’archives sur l’histoire politique du Mali. Tu n’étais pas peu fier, et à juste raison, de faire visiter ce sanctuaire inviolable qu’une ligne jaune séparait du reste des pièces. Ta médiathèque (le mot rappellera sans doute des souvenirs aux anciens du CESTI) est un précieux legs qu’il convient de préserver», a conclu le directeur de cabinet de l’ancien président ATT.
Au nom de l’Amicale des anciens du CESTI, Alassane Souleymane témoignera de la rigueur et l’engagement de l’homme pour la presse et le métier du journaliste. Sacré, explique-t-il avec une voix pleine d’émotion, avait le journalisme dans le sang. «Depuis très jeune à l’école fondamentale, Issa exprimait sa passion pour le journalisme car il avait toujours des coupures de journaux», a souligné le représentant de la famille Doumbia qui a remercié tous ceux qui ont partagé ce moment triste avec eux.
Amadou SOW
L’Essor