Plus une semaine ne passe sans que le sang ne coule au cœur de l’Afrique de l’Ouest. Les islamistes nigérians de Boko Haram ont de nouveau attaqué dans la nuit de lundi à mardi l’extrême-nord du Cameroun. Le bilan du raid est lourd : au moins huit villageois tués et 135 enlevés dans cette région frontalière de plus en plus ciblée par le groupe qui y mène aussi des attentats-suicides.
Les islamistes ont également incendié des dizaines de maisons selon des habitants du village de Tchakamari, à 2 km de la frontière avec le Nigeria.
Après une période d’accalmie, le groupe islamiste nigérian Boko Haram a repris ses attaques dans la région menant ces dernières semaines cinq attentats-suicides dans les localités de Fotokol et Maroua.
Une nouvelle stratégie d’attaques
Ces attentats-suicides, au Nigeria, comme au Cameroun et au Tchad, voisins du nord-est du Nigeria, relèvent d’une nouvelle stratégie des islamistes. Affaiblis par la mobilisation des armées régionales (surtout du Tchad) qui ont pénétré au Nigeria pour reprendre l’essentiel des localités dont ils s’étaient emparés, ils mènent ces attentats en se cachant au milieu des civils, notamment dans les grands marchés qui rassemblent traditionnellement beaucoup de monde.
Certains sont perpétrés par de jeunes femmes, vêtues de voiles islamiques intégraux se prêtant à la dissimulation d’objets, qui se font exploser ou dont les explosifs sont activés à distance.
Face à cette situation de plus en plus instable, Yaoundé a annoncé l’envoi dans le lointain Extrême-Nord de 2000 soldats supplémentaires pour contrer Boko Haram. Sur place, la population craint de nouvelles attaques. Les autorités, notamment par l’activation de comités de vigilance et les dénonciations, tentent de repérer et neutraliser les complices infiltrés des islamistes, n’hésitant pas à expulser les réfugiés nigérians… ayant fui les violences de Boko Haram.
«Quelque 12 000 Nigérians, originaires de l’Etat de Borno pour la plupart, qui ont fui au Cameroun à cause des attaques contre leur communauté, ont commencé à rentrer chez eux», a déclaré mercredi Sani Datti, porte-parole de l’agence nigériane de secours (NEMA). De son côté, le ministre de la Communication camerounais parle de «plus de 3000 étrangers en situation irrégulière» expulsés.
Neuf pêcheurs abattus par Boko Haram au Nigeria
Les islamistes de Boko Haram ont également frappé ce mercredi de l’autre côté de la frontière, au Nigeria. Neuf pêcheurs ont été tués par balle mardi dans un village situé près des rives du lac Tchad, au nord-est du pays, lors d’une embuscade tendue par les insurgés, ont rapporté un responsable syndical de pêcheurs et un survivant.
Les victimes se rendaient dans la ville de Baga lorsque leur minibus a été intercepté par des hommes de Boko Haram qui les ont fait sortir et les ont abattus, a expliqué Abubakar Gamandi, responsable du syndicat de pêcheurs de l’Etat de Borno. «Des militaires ont engagé le combat avec les assaillants et en ont tués 13. Ils ont aussi récupéré un véhicule tout terrain des combattants ainsi que le minibus des victimes», a-t-il affirmé.
Au total, 17 pêcheurs se trouvaient à bord de deux minibus lorsque l’attaque s’est produite, a précisé Grema Ari, un survivant de l’attaque qui se trouvait dans le véhicule à l’arrière du convoi. Les insurgés «se sont précipités sur la route quand ils nous ont entendus arriver. Notre chauffeur a réussi à faire demi-tour et à repartir vers Monguno», a-t-il décrit.
Mais le véhicule en tête du convoi a été contraint de s’arrêter et les insurgés de Boko Haram ont fait descendre les passagers et les ont abattus, ont expliqué Grema Ari et Abubakar Gamandi. «Plus tard, des soldats ont ramené les corps de nos neuf collègues à Monguno, qui présentaient des impacts de balles», a précisé le survivant.
source : parisien