Selon le groupe islamiste Boko Haram, le père Georges Vandenbeusch, qui était retenu en otage après son enlèvement mi-novembre au Cameroun, a été libéré « par compassion ». Une version réfutée par le prêtre français, qui s’est exprimé mercredi soir sur la chaîne de télévision France 2.
Par Gaëlle Henry
« Compassion », c’est le terme utilisé par la secte Boko Haram pour justifier la libération du père Georges Vandenbeusch. « Le prêtre a offert ses services médicaux à des membres (du groupe) malades pendant sa période de captivité. La direction a ressenti qu’il n’y avait plus besoin de le garder », affirmait le 1er janvier une source au sein du groupe islamiste.
Mais le père Vandenbeusch dément catégoriquement cette version et nie avoir prodigué des soins. « Je ne suis ni infirmier ni médecin. S’ils m’avaient amené quelqu’un à soigner avec une hémorragie, j’aurais fait ce que je pouvais, mais ils ne l’ont pas fait. Ils n’ont de compassion pour personne », a déclaré le père Georges, sur France 2, mercredi soir.
« Je tournais en rond toute la journée »
Le prêtre français a raconté avoir auparavant accueilli dans sa paroisse du nord du Cameroun de nombreux réfugiés du Nigeria, « des gens maltraités, des femmes, des enfants », et certains, dont des membres de leur famille, ont été tués. « Donc ils n’ont pas de compassion ces hommes-là », a-t-il insisté.
« Ce communiqué est faux », a estimé le père Georges qui est, par ailleurs, revenu sur ses conditions de détention, sur une bâche de deux mètres sur trois posée par terre et sous un arbre. « Personne à qui parler (…), rien à lire, rien à faire, pas de radio à entendre. (…) Je tournais en rond toute la journée ».
Georges Vandenbeusch a de nouveau comparé sa détention à celle d’autres otages. « Par rapport à d’autres, ça a été plus court. J’ai été quand même moins éprouvé ». Le prêtre français « comptait les heures », mais a « toujours eu la conviction » qu’il allait s’en sortir. Il a affirmé ne pas avoir craint pour sa vie et ne pas avoir été menacé.
Kidnappé en tant qu’Occidental, pas en tant que chrétien
Le père Georges s’est dit persuadé qu’il n’a pas été kidnappé en tant que Français, ni en tant que chrétien, mais en tant qu’Occidental. « Je suis sûr que ce n’est pas un prêtre qu’ils sont venus chercher, ni un chrétien, mais un Occidental. Ils ne savaient même pas que j’étais français. Ce qui veut dire que cela n’avait rien contre les chrétiens. Donc tous les Occidentaux malheureusement là-bas doivent faire vraiment attention », a-t-il dit.
Georges Vandenbeusch a d’ailleurs affirmé qu’il ne retournerait pas exercer au Cameroun. « Je ne serai plus jamais curé là où j’étais. (…) J’aime cette paroisse, j’aurais aimé y être plus longtemps. Mais je ne veux pas mettre en danger la vie de personnes qui viendrait me chercher. Je ne veux pas jouer avec ça ».
Le prêtre français a une nouvelle fois remercié les personnes qui se sont mobilisées pour sa libération et les témoignages de soutien dont il a pris connaissance à son retour.