Au Burkina Faso, une nouvelle attaque a fait trois morts, mardi soir, près de la ville d’Arbinda, dans le Soum au nord du pays. Un bus a été arrêté, à 12 kilomètres du chef-lieu de la province, par des hommes armés qui ont abattu sommairement trois jeunes hommes.
Quand il quitte Dori pour rejoindre Arbinda, le bus est plein. C’est au niveau du village de Niki que plusieurs hommes armés arrêtent le véhicule. Ils montent à bord, contrôlent les identités des passagers et font descendre quatre jeunes hommes. L’un d’entre eux s’échappe, les trois autres sont exécutés. Les assaillants libèrent ensuite le bus et le reste des passagers avoir retiré tous leurs téléphones et leurs biens, laissant sur place les corps des personnes tuées.
L’identité des trois victimes reste encore inconnue. Mais selon nos informations, toutes les personnes assassinées sont des habitants de la commune de Arbinda.
Un autre bus qui transportait des marchandises a été incendié avec son contenu, notamment des cigarettes, après avoir retiré les sommes d’argent en possession du conducteur et son apprenti.
Si les intentions des assaillants ne sont pas encore claires, certaines sources sur place estiment que ces assassinats sont des représailles liées aux violences communautaires du village d’Hamkane, au début du mois.
Un leader religieux et sa famille avaient été assassinés par des hommes armés. En représailles, les habitants s’en étaient pris aux villages peuls alentour, faisant une trentaine de victimes.
« La situation est devenue catastrophique, explique un éleveur de la région. Chacun se regarde en chiens de faïence. Il suffit d’une étincelle et les forces de sécurité ne sont pas là », se désole-t-il.
Un fait que nie Jean-Paul Badoum, chargé de la communication du ministère de la Sécurité. « Beaucoup d’hommes sont déployés dans la région, explique-t-il. Ils sont mobiles, mais il est très difficile de s’interposer entre des communautés qui vivent ensemble », conclut-il.
Arbinda, ville coupée du reste du pays
Depuis le début de l’année, la région du Soum est de plus en plus soumise à la loi des hommes en armes et Arbinda est aujourd’hui une ville isolée.
« Plus rien ne passe. Plus rien n’arrive jusqu’à Arbinda. C’est un véritable blocus », se désole le maire de la ville. Depuis plusieurs semaines, les axes routiers vers le chef-lieu de province sont coupés. Des hommes armés attaquent régulièrement les convois de marchandises. Pas de barrages routiers, les assaillants se cachent et mènent des attaques rapides. Deux camions-citernes en direction de la station-service d’Arbinda ont ainsi disparu vendredi dernier.
« L’axe Arbinda-Dori est devenu le plus dangereux de la région », explique un représentant local du réseau d’éleveurs, Bilital Maroobé. Victimes d’attaques régulières et de razzias, les pasteurs essaient de fuir vers Dori par des chemins dérivés.
Toute l’économie de la région est ainsi paralysée. Les provisions n’arrivent plus jusqu’à Arbinda, les greniers de céréales sont régulièrement pillés ou incendiés, et d’après Bilital Maroobé, 40% des marchés de bétail sont fermés.
Arbinda est de plus en plus isolée. Depuis mercredi, le commissariat de la ville a fermé. Dans un communiqué, les policiers ont fait savoir qu’ils ne pouvaient plus assurer leur mission, faute de moyens.
RFI