Fraîchement investi président de la transition de la République du Burkina Faso, le 23 octobre 2022, après un coup d’État contre Paul Henry Sandaogo Damiba, le 30 septembre dernier, le capitaine Ibrahim Traoré a réservé son premier déplacement à son homologue malien de la transition, le colonel Assimi Goïta.
De la divergence à la convergence des vues
Le nouveau président burkinabè est annoncé au Mali pour une visite d’amitié et de travail au cours duquel, il s’entretiendra avec son homologue malien de la transition sur les sujets d’intérêt commun : stabilité politique, sociale et économique, la situation sécuritaire. Ce renforcement de la coopération bilatérale avait été parmi les préoccupations du président déchu, Damiba, lors de sa visite du 3 septembre dernier au Mali.
S’il y avait une divergence de vues entre Damiba et les autorités maliennes de la transition, il convient de noter que le nouvel homme fort du pays des hommes intègres semble trouver refuge dans la vision révolutionnaire et panafricaniste du chef d’État malien.
Dans son discours d’investiture, le capitaine Ibrahim Traoré n’a-t-il pas évoqué la nécessité d’un recadrage de la transition dans son pays, en lieu et place de la rectification, prononcée par les autorités maliennes. Outre cela, si Damiba avait refusé de donner à son putsch la dénomination de révolution, le jeune capitaine, quant à lui, n’hésite point à considérer sa lutte comme une révolte.
Le bloc des trois pays
À l’instar des autorités maliennes, le nouveau président burkinabè de la transition a également exhorté ses populations à une mobilisation patriotique et populaire afin de vaincre l’hydre terroriste qui, « depuis quelques années, ne fait que déchirer le tissu social au Burkina Faso et nous empêche de vivre ».
Depuis ce second putsch, en l’espace de huit mois, les burkinabè ne cessent de demander une diversification du partenariat militaire, en allant notamment vers la Russie. La tentative de contre-putsch du lieutenant-colonel Damiba a suscité une mobilisation violente de jeunes portant des drapeaux russes et accusant la France de s’être arrangée du côté du président déchu.
Dans un tel contexte, le nouvel homme fort du Faso doit savoir prendre le taureau par les cornes. Ce déplacement pourrait entrer dans ce cadre. Une visite au cours de laquelle, il va s’imprégner des expériences de son homologue malien et renforcer la coopération entre les deux pays, comme l’a fait Doumbouya de la Guinée. Le Mali, la Guinée et le Burkina Faso vont-ils former un bloc de trois pays contre les crises sécuritaires et humanitaires ainsi que les sanctions des organisations sous-régionales et organismes internationaux ?
Chiencoro Diarra
Sahel Tribune