Un groupe de personnalités du Burkina Faso veut mener une médiation pour sortir de la crise née de la mise en place du Sénat et de l’éventuelle modification de l’article 37 de la Constitution – qui empêche Blaise Compaoré de briguer un nouveau mandat après 2015. Jean-Baptiste Ouédraogo, ancien chef d’Etat, a dit ses inquiétudes.
La mission semble très difficile, étant données les positions déjà tranchées sur ce qui oppose les différents protagonistes. Selon l’ex-président burkinabè, Jean-Baptiste Ouédraogo, membre de ce groupe de médiation aux côtés d’autorités religieuses, cette médiation est d’autant plus nécessaire que « les ingrédients d’une possible explosion sociale se trouvent réunis » au Burkina Faso, autour de la question du Sénat et celle de l’éventuelle révision de l’article 37 de la Constitution.
« Il convient de s’alarmer du caractère de plus en plus antagonique de ce débat qui prend l’allure d’une guerre de tranchées et qui pourrait, si l’on n’y prend garde, déboucher sur une confrontation violente », a encore prévenu Jean-Baptiste Ouédraogo. Pour lui, « la situation nationale commande qu’il y ait une réaction interne. Nous sommes en train de mener cette médiation interne, afin de trouver un modus vivendi qui ferait baisser la tension dans notre pays ».
Obtenir des garanties
Selon ses initiateurs, cette médiation devrait aboutir à une formule de transition politique apaisée. Mais, pour Thomas Ouédraogo, du Centre pour la gouvernance démocratique, c’est une mission difficile compte-tenu des différentes positions concernant le sort de l’article 37 et du Sénat.
« Je pense que les acteurs jouent leur crédibilité, estime Thomas Ouédraogo. Trois des quatre signataires ont déjà travaillé à la demande du chef de l’Etat et on sait comment, depuis toujours, il traite les dossiers. C’est dire qu’ils doivent multiplier les moyens, et avoir des garanties plus sérieuses pour faire en sorte que, cette fois-ci, la démarche soit consensuelle. La mission est délicate, d’autant plus qu’elle ne va pas concerner simplement les acteurs de premier plan. Et je crois que, une fois de plus, le pouvoir en place n’a pas le choix, il doit forcément négocier ; négocier une sortie honorable. »
L’article 37 cristallise les antagonismes
Le 11 janvier dernier, des partisans d’une nouvelle candidature de Blaise Compaoré à la présidentielle de 2015 avaient organisé un meeting, demandant une révision de l’article 37 de la Constitution, qui empêche l’actuel président, au pouvoir depuis 1987, de briguer un autre mandat.
Une semaine plus tard, le samedi 18 janvier, c’était au tour de l’opposition d’appeler à une manifestation – qui a rassemblé de 10 000 à plusieurs centaines de milliers de personnes, selon les sources -, demandant, au contraire, de ne pas réviser le fameux article 37 de la Constitution.
Ces dernières semaines ont également vu naître un nouveau parti politique, le Mouvement du peuple pour le progrès, dont les membres sont des dissidents du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), le parti présidentiel.
La médiation compte étoffer son équipe de personnalités d’autres couches sociales, afin de parvenir à un consensus entre les protagonistes.