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Burkina Faso : Les terroristes n’hypothéqueront pas l’avenir du pays

Les terroristes viennent de franchir un nouveau palier  sur l’échelle de la cruauté.  Ils s’attaquent de plus en plus aux cibles molles, vulnérables et sans défense. A  Arbinda et Toéni, ils sont ainsi froidement ôtés la vie à de pauvres et innocents enfants et femmes.

Ils tentent ainsi de minimiser les pertes qu’ils enregistrent sur le plan tactique et militaire. Mais en tuant ainsi sans discernement, les terroristes se font eux-mêmes hara-kiri à peu de frais.  Ils courent inexorablement à leur perte.  Ce nouveau mode opératoire se soldera par un cuisant échec.  Les FDS doivent mieux intégrer cette variable dans  leur stratégie de lutte anti-terroriste. Du côté des populations, la nécessité s’impose de mieux observer les consignes de sécurité et de renforcer la collaboration avec les FDS.

Que faut-il avoir à la place du cœur pour tuer froidement des enfants et femmes sans défense ?  Sans foi ni loi, les terroristes ne s’embarrassent pas de ce genre de questions morales. Harcelés de toute part par les FDS, subissant des pertes de plus en plus lourdes, ils tentent  par ces attaques crapuleuses contre des cibles civiles de  démontrer que leur capacité de nuisance demeure intacte.

Pour semer la terreur, les terroristes ont 2 possibilités : s’attaquer à une cible « dure » ou  à une cible dite « molle ». Une cible dure est constituée par tous les lieux ou personnes dont l’atteinte serait symbolique ou provoquerait un très grand nombre de victimes. En s’attaquant à l’état major général des armées et à l’ambassade de France le 02 mars 2018 en plein cœur de Ouagadougou, les terroristes s’en étaient pris à des cibles dures dans la mesure où ces cibles font l’objet d’une protection renforcée. Les cibles « molles » peuvent être des gares, des écoles,  des lieux de culte, des supermarchés et plus généralement tout lieu ouvert au public. Ces cibles sont dénommées ainsi, car leur niveau de protection ne peut leur permettre de résister à une attaque terroriste.

La stratégie de l’enfumage

En ne revendiquant pas systématiquement  les attaques et en s’en prenant  à la fois aux cibles dures et aux cibles molles, les terroristes déroulent toute une stratégie d’enfumage. Leur seul objectif est et restera de semer la mort et le chaos.

L’attaque de Toéni en début d’année,  donne un aperçu de ce que les terroristes entendent faire en 2020 après avoir durement éprouvé les Burkinabè en 2019 avec  tant de victimes. Les acteurs du renseignement burkinabè s’accordent à reconnaître que  la figure du « loup solitaire » est  rarement de mise dans le passage à l’acte terroriste au Burkina Faso.

La plupart des attaques se font dans le cadre de réseaux organisés à plus ou moins grande échelle. Les terroristes bénéficient le plus souvent d’un appui au moins logistique. Si l’apprentissage religieux des personnes radicalisées est souvent solitaire et autodidacte dans un premier temps, la découverte des idéologies terroristes s’effectue toujours au contact de pairs. Le basculement se fait le plus souvent au contact de « personnes-clés » à l’influence forte, dont le rôle est double : outre qu’elles encouragent moralement le passage à l’acte, elles offrent également des ressources à cette fin.

Les services de renseignement indiquent dans le même sens qu’un individu sur le point de passer à l’acte est fréquemment « aiguillonné » par un mentor, une personne de son environnement qui exerce une influence sur lui et le pousse à agir. Il s’agit le plus souvent d’un individu charismatique au sein de la mouvance radicale. Il peut cependant également s’agir de membres de l’entourage proche, et en particulier de la famille élargie. Sur ce point, le nombre de fratries impliquées dans des actions ou des projets terroristes est significatif au Burkina Faso.

Tuer le mal dans l’œuf

La dimension religieuse de la radicalité terroriste la rend particulièrement difficile à combattre. Les services de sécurité ont ainsi affaire à des individus particulièrement dangereux parce que fortement idéologisés. Tandis que la radicalité de type politique vise à la réalisation d’un projet politique déterminé, et ouvre de ce fait la voie à de possibles négociations, la démarche terroriste est maximaliste. Fondée sur un discours messianique et apocalyptique, elle tend à l’avènement d’une utopie.

En d’autres termes, les terroristes attendent la fin du monde, la conquête de la terre et le salut de leurs âmes.  La temporalité de leur projet dépasse d’ailleurs le cadre de la vie des protagonistes. Beaucoup d’entre eux reconnaissent en effet qu’ils n’assisteront pas à la réalisation de la cause pour laquelle ils se sont engagés. Cette dimension du terrorisme explique en partie que ses partisans soient prêts à tuer à grande échelle, parfois de manière aveugle, et jusqu’à mourir eux-mêmes au terme d’un passage à l’acte isolé.

Si les terroristes ont bien souvent des cibles de prédilection, choisies sur des bases communautaires, confessionnelles ou symboliques, tout civil, perçu comme un « mécréant », est considéré comme une cible légitime. Les attaques sont ainsi susceptibles de se produire en tout lieu du territoire national et notamment contre des lieux à forte fréquentation (centres commerciaux, transports publics, sites touristiques), des lieux de divertissement (salles de concert, restaurants, cinémas) et des bâtiments publics (services publics, édifices religieux, locaux associatifs ou politiques, écoles et universités). La menace visant les transports collectifs de personnes doit  particulièrement être considérée avec la plus grande attention.

Face à un tel scénario, le Burkina Faso doit  totalement redessiner  ses schémas organisationnels en matière de sécurité intérieure. C’est à ce niveau que les volontaires pour la défense de la patrie ont un grand rôle à jouer. Il faut accélérer le processus de leur déploiement. Le temps presse. Il faut également reconquérir les différents  territoires délaissés afin qu’ils ne continuent pas à être des sanctuaires de terroristes.

Au delà de tout, par dessus leurs ambitions politiques personnelles et égoïstes,  tous les acteurs politiques doivent accepter d’agir à l’unisson. Il ne s’agit plus de politique politicienne, mais de la sécurité de tous les Burkinabè. Chaque Burkinabè doit savoir raison garder et répondre honorablement à l’appel de la patrie!

Enseignant chercheur

Ouagadougou

nordsud journal

 

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