ACTU. L’événement a eu lieu sur une route interdite à la circulation pour des raisons de sécurité. Il y a 7 élèves et 4 femmes parmi les victimes.
Au Burkina, les jours se suivent et se ressemblent quant au chapelet de victimes causées par les initiatives des terroristes djihadistes. Cette fois, c’est entre les localités de Toéni et de Tougan qu’une explosion a encore causé la mort de personnes. L’événement a eu lieu samedi matin dans le nord-ouest du Burkina Faso où un car a pris le risque d’emprunter une route interdite à la circulation et ce « en violation des consignes de sécurité », selon des déclarations gouvernementales dimanche. Ce car faisait partie d’un convoi de trois véhicules transportant 160 passagers dont 104 élèves. Selon un communiqué du ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Remis Fulgance Dandjinou, « le bilan provisoire est de 14 morts parmi lesquels sept élèves et quatre femmes », sans compter « dix-neuf blessés dont trois graves ». « Les blessés ont été immédiatement évacués au centre médical avec antenne chirurgicale de Tougan pour recevoir des soins médicaux appropriés », selon la même source. Précision : « Il ne s’agissait pas d’un convoi organisé pour le transport des élèves », a indiqué M. Ouaro.
Interdiction préventive
Quoi qu’il en soit, c’est une vraie faute de la part des conducteurs. L’armée avait en effet prévenu d’éviter cette route car elle menait dans ses environs des « opérations de sécurisation ». Depuis le 2 janvier, le gouverneur de la région de la Boucle du Mouhoun, informé par les transporteurs routiers, avait averti le gouvernement de risques sur l’axe Toéni-Tougan, a souligné M. Ouaro. « Le ministre de la Défense a pris des dispositions pour que cet axe soit sécurisé » par le groupe d’action rapide, de surveillance et d’intervention (Garsi, unité militaire) afin que les élèves puissent « rejoindre leurs établissements après avoir passé quelques jours de congé auprès de leurs parents », selon M. Ouaro. « Le Garsi a donné des consignes fermes pour que les cars ne bougent pas » avant la fin des opérations de sécurisation. « Contre toute attente, trois cars ont pris le départ. » « Les transporteurs n’ont pas respecté ces consignes (…). Le fait de n’avoir pas respecté ces consignes a provoqué ce que nous regrettons aujourd’hui », a déploré M. Ouaro.
Le souvenir d’Arbinda et des attentats précédents
Ce nouveau drame est survenu onze jours après le massacre d’Arbinda (Nord), la veille de Noël. Trente-cinq civils, dont trente et une femmes, avaient été tués, ainsi que sept militaires, lors de l’attaque de la base militaire puis de la ville. Le groupe djihadiste État islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP) avait revendiqué uniquement l’attaque contre la base militaire, sans évoquer les victimes civiles. Comme ses voisins sahéliens le Mali et le Niger, le Burkina Faso est confronté à des attaques djihadistes qui ont fait plus de 750 morts et 560 000 déplacés depuis 2015. Les attaques avec des engins explosifs artisanaux, qui ont commencé en août 2018, se sont multipliées depuis, faisant de nombreuses victimes. Samedi, le gouvernement a condamné l’attaque du car, « lâche et barbare ». Dans une adresse télévisée à la nation à l’occasion du Nouvel An, le président burkinabé Roch Marc Christian Kaboré avait assuré que la « victoire » sur le « terrorisme » était « certaine ». Sous-équipées et mal entraînées, les forces de l’ordre burkinabé n’arrivent pas cependant à enrayer la spirale de violences djihadistes, et enregistrent de lourdes pertes. Elles ont toutefois revendiqué une série de succès depuis deux mois, affirmant avoir tué une centaine de djihadistes au cours de plusieurs opérations.
Par Le Point Afrique (avec AFP)