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Brésil : c’est « la Mère Nature qui vomit ce que l’homme blanc fait »

Les conséquences pour le peuple autochtone Pataxó Hã-hã-Hãe de la rupture du barrage de déchets miniers du 25 janvier ne sont pas sans rappeler celles vécues depuis 3 ans par le peuple Krenak avec lequel nous avons mené une campagne pour sensibiliser aux ravages causés par l’extractivisme. Il est urgent de rompre avec ce modèle de société basé sur l’exploitation effrénée de la nature.

Il y a un peu plus de trois ans, la rupture d’un barrage de déchets miniers de la compagnie minière Samarco (joint-venture entre Vale et BHP Billiton) occasionnait la plus grande pollution qu’ait connu le Brésil, la mort du fleuve Rio Doce et affectait environ 4 millions de personnes, victimes directes ou indirectes de ce crime environnemental. A travers la campagne JusticeForKrenak lancée à l’automne 2018, France Libertés a alerté sur la situation particulièrement alarmante du peuple Krenak dont les terres et le fleuve sacré ont été dévastés. Les Krenak ne peuvent plus mener à bien leurs activités culturelles et spirituelles en lien avec le fleuve et ils sont privés de leurs moyens de subsistance (approvisionnement en eau du fleuve, pêche, agriculture). Un véritable bouleversement pour ce peuple qui est solidaire des victimes de la nouvelle rupture d’un barrage de déchets miniers de l’entreprise Vale qui s’est produite ce 25 janvier.

Parmi les victimes de cette nouvelle pollution se trouve une communauté du peuple autochtone Pataxó Hã-hã-Hãe. Vivant sur les berges du fleuve Paraopeba totalement ravagé par les boues toxiques, les Pataxó Hã-hã-Hãe sont très inquiets. Le cacique Hayó du village de Nao Xoha résume la situation : « Notre rivière est morte. Il n’y a aucun moyen de survivre ».

Comme pour les Krenak, le fleuve jouait un rôle fondamental pour ce peuple : eau pour la boisson et pour l’agriculture, pêche… La vice-cacique Célia Peixoto explique également la relation particulière de son peuple avec l’eau : « Le peuple Pataxó vient d’une goutte d’eau qui est tombée sur la terre. Notre relation avec l’eau est très forte ».

Aigoho Pataxó Hã-hã-Hãe interpelle sur la cause du problème, l’exploitation démesurée de la nature au nom du ‘développement’: « Vous pensez que la compagnie minière s’inquiète de ça ? Qu’un maire de cette zone s’en inquiète ? Non, ils ne savent pas ce que ça représente, ils ne vénèrent que l’argent, le minerai ». Pour le cacique, cette coulée de boues toxiques c’est « la Mère Nature qui vomit ce que l’homme blanc fait ».

Geovani Krenak interpelle sur les réseaux sociaux avec le hashtag #ValeCriminosa (Vale criminelle) pour souligner la responsabilité de l’entreprise minière, tant dans l’épisode de 2015, dont son peuple continue de souffrir les effets, que dans celui de 2019. Geovani Krenak ne peut que compatir avec ce peuple, nouvelle victime d’un système extractiviste prédateur des ressources naturelles aux répercussions dramatiques pour les droits humains et les écosystèmes. Pour lui, il est nécessaire de s’interroger sur ce modèle de société qui détruit tout sur son passage. Il rappelle « Mes ancêtres sont tombés dans des guerres sanguinaires pour éviter que nous arrivions là où nous en sommes. Sans eau, forêts et animaux. Des milliers de vie sont en train de cesser d’exister en conséquence de crimes commis par des entreprises comme Vale. » Geovani partage sa crainte que de tels crimes soient encore plus fréquents à l’avenir : « Le pire est de constater qu’à chaque crime, la législation brésilienne facilite encore plus la façon d’agir de ces entreprises. »

Une crainte que France Libertés partage d’autant plus au regard des premières mesures prises par le gouvernement brésilien de Jair Bolsonaro sur la question autochtone. En affaiblissant la FUNAI (organisme étatique en charge des questions autochtones au Brésil), et notamment en transférant la compétence de la démarcation des terres autochtones de la FUNAI au ministère de l’agriculture, le gouvernement confirme sa volonté de livrer les terres autochtones à l’agro-négoce.

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