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BRAS DE FER ENTRE PARIS/BAMAKO: Le cercle des soutiens à Choguel grossit au Mali et en Afrique

Rarement une ancienne colonie de la France n’a aussi secoué les autorités françaises ces vingt dernières années comme sont en train de le faire les autorités de la transition malienne. Le président français, Emmanuel Macron, l’a avoué lui-même en se disant « choqué » par le comportement des autorités de la transition en cours au Mali, avant de basculer dans des insultes de toutes natures. Face à ses propos blessants, des intellectuels maliens et africains sont en train de former un bouclier autour du Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maïga.   

 

Selon le constitutionnaliste malien, Souleymane Koné, l’acharnement et l’arrogance dont Emmanuel Macron fait montre à l’endroit du Mali nous rappellent les comportements d’un certain Nicolas Sarkozy de triste mémoire. « Sous les oripeaux de l’image et de la puissance de la France, ils symbolisent les agents de déstabilisation du Mali », regrette-t-il. Mais, Souleymane Koné prévient que le M5-RFP, dont le Premier ministre a été un membre très influent, porte l’héritage de Modibo Keïta, de Moussa Traoré, Alpha Oumar Konaré et de Amadou Toumani Touré : des Hommes de refus de l’acquiescement des comportements irrespectueux. « Le peuple malien qu’il invoque n’a plus rien avoir avec celui que le pouvoir bouffon et narcissique d’IBK lui avait donné à voir. Notre histoire et notre culture ne nous ont jamais prédestinés à vivre à genou, à devenir les obligés d’un partenariat aussi arrogant que paternaliste », assène le constitutionnaliste malien.   

Il poursuit en disant que Nicolas Sarkozy a détruit le Mali, et que le MNLA, qui emporte une large responsabilité, est le fruit de ses actions contre la nation malienne. «Tout en appuyant ce même groupe et ses semblables, Emmanuel Macron se propose de substituer « son peuple malien » à nous quand nous voulons nous reconstruire », enfonce-t-il. Et d’ajouter que la reconstruction du Mali se fera avec qui voudra nous y accompagner, et Emmanuel Macron doit s’y faire. « Nous ne cèderons à aucune intimidation et n’accepterons aucune injure à notre peuple. Ceux qui sont chez nous devront désormais consentir à nous respecter. Restons debout sur les remparts ! », lance-t-il.   

 

La France, un loup dans une peau d’agneau ?   

Avant Souleymane Koné, Jeamille Bittar avait donné le ton de la réplique au micro de Rfi. « C’est le néo-colonialisme qui continue », a-t-il dit à notre confrère français en faisant référence aux propos des autorités françaises. « Les Maliens n’ont pas, aujourd’hui, de visibilité par rapport à cette présence militaire française en République du Mali.Il y a beaucoup de non-dits. Comme la France avait déjà décidé de changer de méthodologie et de changer de stratégie -sans concertation préalable – nous préférons avoir aujourd’hui des mercenaires que d’avoir des ennemis voilés en amis », a dénoncé Jeamille Bittar avant d’apporter une précision de taille. « Je ne dis pas le peuple français, les gens français … je parle de la politique française à l’heure actuelle ; nous disons non et nous allons nous assumer jusqu’au bout ! », a-t-il précisé, très confiant.   

Selon lui, c’est aux Maliens, maintenant de décider de qui peut rester, qui ne peut pas rester.  

« Les Français doivent partir. Ils nous ont abandonnés … Nous, nous disons que ce n’est plus à eux de nous dire qu’ils vont partir. Le peuple va demander simplement à ce qu’ils PARTENT », balance Jeamille Bittar.   

Maître Boubacar Karamoko Coulibaly somme les autorités françaises à « arrêter de faire du Mali un enjeu de politique interne de la France ». « Mon éducation et ma modeste culture des Institutions de la gestion du pouvoir et des relations internationales m’empêchent de manquer de respect à une dame, dont celle-là, Nièba n’en est point.Ni de manquer d’égards à un représentant institutionnel d’un autre pays.Cependant, permettez-moi de dire que c’est plutôt cette France-là qui est indécente et ingrate et non le Premier ministre du Mali qui est le chef de la deuxième Institution du Mali, c’est-à-dire le gouvernement du Mali », réplique-t-il à Florence Parly.   

Pour lui, le discours que la ministre des Armées françaises a tenu devant la chambre haute de la représentation nationale de la France ne lui fait ni honneur ni honneur à la France, ton pays.  

« Car il n’y a absolument rien de faux dans tout ce que le Premier ministre Choguel a dit devant le monde entier à l’ONU. Et c’est justement ce fait que ton pays ne lui pardonne pas comme il ne pardonne pas aussi au Colonel Assimi Goïta de refuser de faire les caniches de service à l’instar de certains chefs d’État indignes des peuples qu’ils dirigent », rappelle Boubacar Karamoko Coulibaly.  

Pour lui, jamais la France ne finira de payer au Mali la dette du sang de ses enfants versé sur l’autel de la préservation de la dignité du peuple français et de l’intégrité du territoire français qui avait été, à titre de rappel, aussi occupé. « Et qui étaient là pour vous sauver la mise ? Nos ancêtres, bien sûr, que vous avez du reste payés en monnaie de singe. Et ce, jusqu’à votre faux héros De Gaule à l’esprit étriqué dont l’attitude a été abjecte, injuste, fantoche et scélérate à l’égard des tirailleurs dits Sénégalais qui ont libéré la Provence », a dit Boubacar Karamoko Coulibaly.  

Ce n’est pas tout.Des intellectuels des pays voisins ne restent pas indifférents du bras de fer engagé entre le Mali et la France. Un Burkinabè a aussi réagi. Selon lui, le comportement d’Emmanuel Macron envers le Premier ministre malien est tout simplement ridicule. « Ridicule et incohérent, surtout pour quelqu’un qui a pris son avion pour aller au nom de la France adouber l’assassinat de Idriss Déby et le putsch du fils de Déby au Tchad. Peut-on aussi dire d’EmmanuelMacron qu’il est un père indigne du putsch au Tchad ? Oui, alors, si c’est sa logique. Mieux un pareil homme est-il digne de donner des leçons à un autre dirigeant qui a été dans le processus d’un coup d’État pour redresser la vie politique dans son pays ? À combien de coups d’État la France a-t-elle participé ? Donc, la France est un État indigne, un parrain de coups d’État alors. En tout cas, sauf erreur de ma part, ou trou de mémoire, ce président n’a ni la légitimité ni l’outrecuidance de dire quoi que ce soit sur les dirigeants au Mali, surtout pas sur le coup d’État contre IBK et les traîtres après lui imposés par la CEDEAO qui remettaient en cause le processus de SOUVERAINETÉ du peuple malien», assène le burkinabè.   

C’est dire que les autorités maliennes ne sont pas du tout seules dans le noble combat qu’il mène contre la France.    

Zeïd KEÏTA 

Source : LE COMBAT

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