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Branches armées et violentes des groupes djihadistes : « Il y a une autre branche qui est au sein de la société civile mais avec les mêmes objectifs », selon SBM

L’ancien Premier Ministre Soumeylou Boubèye Maïga ne désarme dans son combat contre l’immixtion  des religieux dans le champ politique. Il dénonce la complémentarité entre les associations politico-religieuses au Mali et les branches armées et violentes des groupes djihadistes. « Il y a une autre branche qui est au sein de la société civile mais avec les mêmes objectifs», a indexé l’ancien DG de la SE. In extenso, les affirmations de SBM parues chez notre confrère Le Prétoire du lundi 26 Août 2019.

 

[ Enjeux géopolitiques de la crise malienne : SBM prône la traçabilité des fonds extérieurs destinés à l’espace religieux

Convaincu que des biens reçus par des ONG douteuses ont souvent servi à créer des groupes radicaux dans certains pays, l’ancien Premier ministre estime qu’il est temps que nos Etats, le Mali notamment, pensent à organiser le champ religieux.

Fin connaisseur des questions sécuritaires dans le Sahel, Soumeylou Boubèye Maïga a fait une communication, samedi, sur les « enjeux géopolitiques de la crise dans le Sahel et en Afrique ». Thème que le président de l’Asma-CFP a développé dans le cadre de la journée de réflexion que son parti organisait, à l’hôtel Radisson, sur le cadre dialogue politique inclusif voulu par le président de la République. Une rencontre à laquelle l’Alliance pour la solidarité au Mali-Convergence des forces patriotiques (Asma-CFP) a promis, par la voix de son président, de participer, sans préalable et sans condition.

Face une assistance pluridisciplinaire, dont des experts des questions sécuritaires, Soumeylou Maïga avait fait remarquer que les mouvements affiliés aux groupes terroristes ont, de façon progressive, récupéré la fonction revendicatrice qui était dévolue aux partis politiques et aux syndicats. De fait, ils sont devenus « les porte-paroles » de la société. « Petit à petit, les associations islamiques récupèrent des fonctions qui revenaient à nos partis politiques. Ce sont des menaces pour nos institutions démocratiques surtout que leurs revendications ont pour but de remettre en cause, par la violation au besoin, nos valeurs démocratiques et républicaines sur lesquelles nos Etats essaient de se reconstruire. Parce que dans toutes ces zones, ils ont travaillé à détruite toute sorte d’économie légale »,  a analysé l’ancien Premier ministre.

Si l’on en croit le président de l’Alliance pour la solidarité au Mali, tous ceux qui sont dans les associations politico-religieuses dans la compétition pour le contrôle des institutions étatiques. Alors qu’objectivement, estime SBM, elles sont le complément des branches armées et violentes des groupes djihadistes. « Il y a une autre branche qui est au sein de la société civile mais avec les mêmes objectifs. Nos Etats ne peuvent pas ne pas gérer et administrer le champ religieux. On ne peut pas laisser l’espace religieux dans le désordre. Elles [les associations politico-religieuses, ndlr] sont le plus souvent intégrées dans des stratégies douteuses. Il y a des pays où ce sont les biens reçus par le biais d’ONG douteux qui ont contribué à créer des groupes radicaux chez eux », a souligné le président de l’Asma.  Partant, il a demandé que l’on légifère sur les flux financiers qui viennent de l’extérieur au bénéfice de certains acteurs religieux. » Surtout la traçabilité de l’utilisation de ces fonds », a-t-il insisté.

Auparavant, Soumeylou Boubèye Maïga  avait analysé les facteurs qui, de son avis, ont favorisé l’ancrage du terrorisme dans le Sahel. Phénomène dont les acteurs totalisent plus de 580 actions depuis le début de l’année. Au nombre de ces facteurs, il souligne notamment l’absence de l’Etat dans bien des zones du  Sahel. À titre d’exemple, SBM a fait remarquer que l’on peut aller, sans rencontrer le moindre obstacle administratif, de la Mauritanie au lac Tchad. A l’en croire, cet état de fait est dû à la faible densité démographique qui favorise les trafics économiques. « Les cinq régions nord du Mali, c’est 8800 km2, soit 62% du territoire pour moins de 10% de la population et moins de 10% du PIB. Et le problème est que c’est extrêmement difficile de voir un Etat aller s’installer dans une zone où il n’y a personne », explique le conférencier.

L’autre facteur structurel, souligne-t-il, c’est que ce sont des zones d’économies non formelles. « Mais, ce qui a changé depuis un moment c’est la nature des trafics économiques qui étaient pendant longtemps alimentaires. L’espace sert aujourd’hui de transit pour d’autres types de produits comme la drogue, le trafic humain… 30% des cocaïnes, qui partent en Europe, passent par Afrique. Les populations en proie à la précarité ont fini par se rendre compte que leur zone avait une valeur marchande», a indiqué le conférencier. Mais, ce n’est pas tout.  A ces facteurs, viennent se greffer, selon l’ancien Premier ministre, le chômage et la croyance musulmane des populations de cette zone en proie à la disparition des ressources économiques. Toutes choses qui ont aussi facilité le recrutement dans les mouvements terroristes.

C’est pourquoi, pour faire face aux défis liés au terrorisme, il propose la prise en charge des préoccupations de la jeunesse à travers l’éducation et l’emploi. Il appelle aussi à barrer la route à la nouvelle race de leaders religieux en gestation depuis le printemps arabe.

Bakary SOGODOGO ]

Icimali

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