
Depuis des générations, le “Bouran tobili”, ou repas offert à la belle famille pendant le mois de ramadan, occupe une place importante dans la tradition africaine. Considéré comme un signe de respect, de considération et de solidarité, ce rituel est profondément ancré dans les pratiques sociales et culturelles.
Le sociologue Dr. Bamoussa Coulibaly analyse cette tradition : “offrir un repas à la belle famille n’est pas une obligation, mais un rituel bien préservé dans nos sociétés depuis la nuit des temps. Ce geste symbolise avant tout le respect envers la belle famille, tout en renforçant les liens de solidarité. Il est perçu comme un facteur de cohésion et témoigne de l’entente au sein du couple. C’est une occasion culturelle idéale pour exprimer sa solidarité envers la belle famille dans le cadre du ramadan. Toutefois, avec le temps, cette pratique a tendance à s’éloigner de ses objectifs initiaux, devenant parfois une corvée qui peut engendrer des tensions au sein du foyer, particulièrement dans ce mois de grandes dépenses. Il est donc essentiel de revenir à l’esprit originel de cette tradition pour éviter les querelles et les mésententes”, analyse Dr. Coulibaly.
Plusieurs femmes ont partagé leur expérience concernant le Bouran tobili, une pratique parfois adaptée aux réalités actuelles.
Mariam Camara, ménagère nous explique que le Bouran tobili est un acte de respect pour elle.
“Pour moi, cuisiner pour ma belle-famille est avant tout un acte de respect. Avec le temps, cela devient une coutume, puis une obligation. Étant donné que la famille de mon mari est très dispersée, il m’est difficile de préparer pour tout le monde. Je leur envoie des plats à certains et de l’argent à d’autres. Par le passé, quand toute la famille vivait sous un même toit, il était plus facile d’organiser le Bouran tobili.
Aujourd’hui, avec la dispersion, je fais en sorte que chacun reçoive quelque chose venant de moi, car le ramadan est un mois de partage et de cohésion”, raconte-elle.
Fatoumata Fofana de son côté exprime son enthousiasme. “C’est un honneur pour moi de préparer pour ma belle-famille. Ils m’ont acceptée comme l’une des leurs et m’apportent confort, sécurité et soutien, notamment de la part de mes belles-sœurs. C’est pourquoi mes repas leur sont toujours dédiés chaque ramadan. Que Dieu les bénisse, car pour moi, ils sont la meilleure famille”, jubile-elle.
Le Bouran tobili, bien qu’il ne soit pas une prescription religieuse, incarne une rare harmonie entre culture et religion. Il témoigne de la richesse des traditions africaines et de l’importance du partage et de la solidarité, tout en posant des défis liés aux réalités sociales et économiques actuelles.
Fanta Traoré
(Stagiaire)
Source: Mali Tribune