A l’approche de la fête du ramadan, les tailleurs font face une fois de plus à de nombreux obstacles. Entre les délestages incessants qui ralentissent leur production et une clientèle en nette diminution, conséquence des difficultés économiques, l’inquiétude grandit dans les ateliers.
Les tailleurs occupent une place centrale dans la société, surtout en période festive. Mariages, baptêmes, fêtes de ramadan et de Tabaski… Leur savoir-faire est sollicité par des milliers de clients désireux de revêtir leurs plus beaux habits pour l’occasion.
Plus qu’un simple métier, la couture est un pilier de la culture malienne, alliant tradition et modernité pour satisfaire une clientèle toujours plus exigeante. Mais derrière l’effervescence des ateliers se cachent de nombreux défis, amplifiés par les réalités économiques et les coupures d’électricité.
Depuis plus de deux ans, les tailleurs subissent des délestages répétés, plongeant les Maliens dans l’incertitude. Lorsque leurs machines s’arrêtent, la production ralentit considérablement, entraînant une perte de clientèle. Incapables de respecter les délais, beaucoup voient leur crédibilité s’effriter comme peau de chagrin, aggravant encore les difficultés du secteur.
Pourtant, cette baisse d’activité ne s’explique pas uniquement par les coupures d’électricité, comme l’affirme Hamidou Traoré, tailleur à Missira I en Commune II : “Nous avons de moins en moins de clients, et ce n’est pas seulement à cause des délestages ou des rendez-vous non honorés. La crise économique pèse énormément”. Bah Sidibé, tailleur à l’Hippodrome I, partage cet avis et nuance la situation : “Coupure ou pas, le marché est presque inexistant pendant le ramadan. Les clients se concentrent davantage sur la fête de Tabaski”.
Si les délestages restent un problème majeur, certains couturiers notent une légère amélioration dans la fourniture d’électricité par rapport aux années précédentes. Salif Djiré, tailleur à Missira, reconnaît des progrès cette année : “Il y a eu une nette amélioration, même si cela reste insuffisant”. Malgré cela, pour éviter les mésaventures de l’an dernier, certains ont pris les devants en trouvant des solutions bien que coûteuses.
Bah Sidibé, par exemple, a investi dans un groupe électrogène : “Pour ne pas rester là en me contenter du peu d’électricité, j’ai fait une petite installation bien que le carburant est cher, mais on fait avec”.
Cependant, ces ajustements entraînent une hausse des prix des frais de couture. Une réalité difficile à concilier avec le contexte économique actuel. Si certaines clientes, comme Aminata Diarra, se montrent compréhensives, d’autres peinent à s’y adapter : “Personnellement, je ne comprends pas cette augmentation de prix, car il n’est pas évident pour eux de subvenir à leurs besoins face à tant de défis”.
D’autres, en revanche, n’ont tout simplement pas les moyens de suivre cette évolution des tarifs.
Malgré ces difficultés, nos artisans du textile redoublent d’efforts pour satisfaire leur clientèle restreinte tout en essayant de subvenir à leurs propres besoins.
Nènè Mah Zasso Théra
(stagiaire)
Source: Mali Tribune