La République a retenu son souffle depuis quelques jours, avec toutes sortes d’hypothèses et de propagandes véhiculés par des jeunes pour mobiliser ou dissuader contre une participation gigantesque à l’appel de l’Imam Mahamoud Dicko.
Deux jours avant cette historique mobilisation, des interventions ont été intensifiées auprès de Bouyé Haidara et de l’imam Dicko. Ces interventions de personnes peu crédibles (familles fondatrices de Bamako et des imams fantoches) n’avaient aucune chance de réussir, tant leur complicité et leur duplicité sont flagrantes.
Le Gouverneur Débérékoua Soara, fraichement nommé général ne sait pas qu’au-delà de son liberticide arrêté, des maliens convaincus pouvaient l’arrêter sans dommage collatéral. Au sommet du pouvoir, les tractations se sont multipliées, les options sont envisagées mais la responsabilité guide encore les cruciales décisions après que le soleil s’est levé sur la capitale en un vendredi si particulier. Sur place, au monument de l’Indépendance, quelques agents de sécurité papotaient sur les yeux admiratifs des compatriotes qui vaquent à leurs occupations. En face de la bourse du travail, d’autres éléments des forces de l’ordre semblent ne pas être en position offensive même s’ils étaient munis de matraques et de fusils à gaz lacrymogènes.
Aux alentours de 12h, nos sources révèlent que la responsabilité de la hiérarchie l’a poussée à ordonner le retrait des effectifs stationnés au niveau de la bourse du travail, symbole de la lutte populaire et démocratique. Il faut saluer le gouvernement qui n’est pas allé à l’affrontement, surtout en ces temps de recherche de cohésion sociopolitique.
Les premiers manifestants auraient donc investi le boulevard vers 13h30 minutes, affluant vers la place de l’indépendance. La circulation était interrompue au niveau des rondpoints de l’hippopotame et de l’indépendance. Quelques après la prière du vendredi, la scène fut inédite. Des femmes, des jeunes, des vieux, des maliens en un mot, ont pris d’assaut les points cardinaux de la place. Une foule à perte de vue, un Peuple qui voudrait juste livrer un message aux envahisseurs et aux prédateurs occidentaux qui disent tenir notre pays à bout de bras.
Se frayer un chemin était difficile entre ces imams, ces femmes voilées, jeunes révolutionnaires, journalistes ou autres agents de renseignements en mode infiltration pour mieux tout cerner et intercepter. C’est vers 15h 30 minutes que l’initiateur de la mobilisation, le Cheikh Mahamoud Dicko est venu livrer, au nom de cette inestimable foule, un message limpide d’abord à la France, ensuite au Chef de l’Etat.
Il a fortement et clairement indexé les forces internationales, avec en tête, la France : « Que la France sache que le Mali ne lui appartient pas. Il n’appartient pas non plus à la Minusma. C’est à nous maliens de faire notre pays » a lancé l’imam dans ses propos introductifs. Sur les pancartes de femmes veuves et des jeunes, on pouvait lire « Dégagez la France et Minusma », « Notre ennemi commun, c’est la France », « Stop au génocide de la France au Mali » etc.
Il a demandé à toutes communautés armées, notamment les dogons et les peuls, de ne plus s’entretuer : « que les peuls et les dogons sachent que chaque qu’ils s’entretuent, c’est des maliens qui meurent.
L’Imam Mahamoud Dicko a interpellé le président de la République à prendre ses responsabilités. Il l’a invité à accélérer la volonté de ses citoyens, cela n’est nullement de la soumission, a-t-il précisé : « Désormais, c’est au Président qui a été choisi que nous réitérons notre message. Soumeylou Boubèye Maiga n’est pas notre interlocuteur. Qu’il laisse la place à un autre, cela ne devrait pas être un problème »
La peur avait-elle envahie le Président de la République ? En tous cas, nos sources sont formelles qu’Ibrahim Boubacar Keita aurait dormi à Koulouba pour l’une des rares fois. Il aurait été accompagné discrètement vers minuit et ne serait plus redescendu. Ce vendredi matin, à bord d’un véhicule banalisé, vers 05h 30 minutes, il aurait été mis à l’abri dans une maison à Titibougou, non loin de la résidence de l’ancien président Alpha Oumar Konaré.
Hier plus qu’aujourd’hui, IBK est face à son Peuple, les exigences et les urgences sont connues. Il ne devrait plus y avoir d’autisme et de cécité de sa part. Le chef de l’Etat doit récupérer ses concitoyens qui sont ses seuls supports et ressorts de son régime et de son avenir du haut de la colline du pouvoir. Les rapports des services de renseignements devraient être fidèles et ce serait en homme autonome qu’il devrait comprendre que rien ne saurait arrêter ces maliens en pleine détresse.
Autre fait marquant, nous avons pu voir des leaders de l’opposition, mais aussi, plusieurs autres de la majorité venus soutenir l’indicible situation d’un Mali déchainé et dont les insoumis ont engagé la restauration de la voie tracée de Modibo Keita.
Si le chef de l’Etat continue d’ignorer cette aspiration populaire qui de renvoyer son premier ministre, l’imam et ces milliers de maliens se donneraient les moyens de manifester tous les vendredis comme en France ou en Algérie.
Source: Le Figaro Du Mali