L’argent occupe une très grande place de nos jours. Au Mali, quelques sous suffisent pour avoir plus de voix lors des élections. La corruption, le vol, le mensonge sont les moyens utilisés par plusieurs candidats pour arriver à leurs fins. La population, bien que souvent consciente, ferme les yeux sur ces actes ignobles et sacrifie son propre bonheur. Boubacar Bocoum, Analyste politique de son état, se prononce sur le sujet. Interview !
Soleil Hebdo : Selon vous, quels sont les facteurs qui favorisent le non-respect des règles de la campagne par les candidats ?
Boubacar Bocoum : Le pays a atteint un stade ou l’honnête et la dignité ne font plus partie de nos valeurs. Pour être considéré comme un grand, il faut être riche, un fraudeur. Aujourd’hui, nos idéaux et nos agissements sont incompris, vu la situation de notre pays, le Mali. C’est la faute des politiciens eux-mêmes si les gens ne croient plus en eux. Leurs comportements montrent que chaque fois, après les élections, ils ne respectent plus leur engagement. Ils tournent le dos à la population et agissent selon leur propre intérêt. Donc, tout le monde pense qu’aujourd’hui, il faut profiter des campagnes pour prendre beaucoup d’argent au politicien. Ils ne pensent pas à ce qui peut arriver par la suite.
Quelle est la place de l’argent dans les élections ; est-il utilisé à bon escient ?
D’après nos remarques, l’argent occupe une très grande place lors des élections. Ceux qui ont la chance de remporter plus de voix donnent de l’argent à la population. Ils font de leur mieux pour détourner les choix en leur faveur. Il y a une somme forfaitaire pour tous les candidats pour mobiliser leurs militants afin de mener à bien la campagne. Prendre 2000f par-là, 5000f par si, louer une Sotrama comme moyen de transport et aller voter pour le candidat corrompu, ce n’est pas un acte de citoyenneté. De 1990 à nos jours, nous sommes toujours dans la même situation. Lors des élections, ils n’en font pas bon usage. Les candidats ne doivent en aucun cas donner des pots-de-vin pour avoir plus de voix. Mais c’est tout à fait le contraire.
La population n’a tel pas favorisé de tels actes ?
Toute personne ayant une conscience ne devrait jamais accepter de telles propositions. Par ce que c’est accepter de vendre le pays, mettre un frein au développement du pays. Alors qu’il est demandé de voter pour quelqu’un qui pourrait assurer son rôle de député, respecter ses engagements et réaliser ses projets. Etant doter de nombreux projets prometteurs pour un futur meilleur pour ta commune, la question qui est toujours posée est de savoir si le candidat a un fonds. Et qu’est-ce qu’il a déjà fait comme réalisation ? Ceux qui répondent positivement à ces questions, la population doit se demander comment est-ce possible. Si tu n’es pas un voleur, un corrompu, toi qui n’as jamais occupé un poste très rentable. Si tu n’as jamais été député, il est difficile de faire quelque chose. Les Maliens pensent que les candidats qui ont déjà construit des routes, débouché les collecteurs sont ceux qui agiront pour le bien du pays. Mais la réalité en est une autre. Ces actes accomplis sont le fruit du vol et de la corruption. La plupart de ces candidats ont chacun un objectif personnel : les nombreux avantages, une fois élu.
Le développement d’un pays doit être assuré pour la génération à venir. Les agissements de ces candidats vont-ils dans cette direction ?
Aujourd’hui, les politiciens nous ont montré qu’ils ont atteints leurs limites. Il faut plus de prise de conscience pour que la population sache que ces pots-de-vin ne servent qu’à faire faire reculer notre pays. C’est ensemble qu’il faut assurer le développement de la commune, d’un pays. Il faut que les gens comprennent que c’est avec des projets bien entrepris que les efforts viendront à bout. Le développement d’un pays se fait étape par étape. Les dirigeants doivent savoir que leurs projets doivent servir de repères pour ceux qui viennent après eux. Chaque parent prépare l’avenir de ses enfants et ainsi de suite. Toute personne qui n’a pas cette mentalité ne se battra que pour ses intérêts personnels. Je lance un appel aux sociétés civiles de s’unir pour la bonne cause avec l’aide de la population pour que nous sortions de ce gouffre.
Il y’a beaucoup d’intellectuels au Mali. Notre pays est riche en ressources minières. Nous avons de l’or, du pétrole, une terre riche et fertile. Travaillons notre esprit au lieu de laisser la place à des étrangers pour faire le travail à notre place et ne récolter que des miettes par la suite. Nous pouvons gérer ces ressources pour atteindre le sommet. Nous devons arrêter d’aller mendier dans les pays développés. Tout ce qu’ils ont comme richesses vient de chez nous Africains.
En conclusion, tout est un problème de dirigeant. Il faut un éveil de conscience à l’endroit de la population afin qu’elle puisse savoir que tout n’est pas une question d’argent, le pays doit être dirigé par des personnes aptes.
Emma Fifamè NOUNAWON
Source : Soleil hebdo