Depuis bientôt deux (02) mois, notre pays vit au gré de deux (02) mots d’ordre à peine contradictoires et cela pour cause:
– A vrai dire les deux (02) candidats au nom desquels ces deux (02) refrains font légion au Mali sont essentiellement les mêmes parce que tous deux dans les comportements sont bourgeois et donc appartiennent à la bourgeoisie nationale ennemie des masses laborieuses de notre pays.
– Nul doute qu’Ibrahim Boubacar Kéita et Soumaïla Cissé ont participé à la décadence humiliante de notre pays.
A notre connaissance, pendant leurs différents passages aux différents postes de responsabilité dans notre pays, les deux (02) candidats ne se sont nullement illustrés par leur attachement à la cause des masses laborieuses de notre pays, il ne sert à rien de continuer à mentir à ce peuple !
– Tous deux ont élaboré des projets de bien-être de notre peuple. Mais pour notre part, c’est dans les actes que l’on peut juger rationnellement les hommes politiques. Allez savoir le moindre acte patriotique qu’ils auraient posé en faveur de nos masses laborieuses.
Pour ne pas se laisser tromper une fois encore par les deux hommes, il convient de faire sienne cette célèbre réflexion de Lénine. Il disait avec juste raison: «Les hommes ont toujours été et seront toujours en politique les dupes naïfs des autres et d’eux-mêmes, tant qu’ils n’auront pas appris, derrière les phrases, les déclarations et les promesses morales, religieuses, politiques et sociales, à discerner les intérêts de telles ou telles classes.»
Les refrains fétiches auxquels recourent aujourd’hui bien de Maliens visent à réduire la problématique du devenir de notre pays à la sempiternelle question de l’alternance au pouvoir. Notamment les partisans de Soumaïla Cissé disent ‘’Boua ka bila’’ pour qu’un autre puisse s’installer dans le fauteuil présidentiel de Koulouba. Tout est bien dit pour ce faire. Pour eux, IBK doit payer les frais du vote sanction de notre peuple.
Ceux qui répondent ‘’Boua ta bila’’ ne veulent entendre qu’un seul son de cloche : celui de la gouvernance d’IBK. Pour eux, Ibrahim Boubacar Kéita aime tellement le Mali qu’il lui faut un deuxième mandat à défaut d’un troisième, voire un quatrième.
A moins de vouloir se moquer de la République, sinon l’échec d’IBK est aujourd’hui patent. S’accrocher au pouvoir n’est pas pour arranger la situation socioéconomique déjà désastreuse de notre peuple travailleur.
Dans les deux refrains à l’œuvre pour tromper les Maliens, l’on ne parle nulle part de la part de responsabilité des deux «protagonistes» pour Koulouba dans la désagrégation du tissu socioéconomique de notre pays. Dans aucun des deux (02) refrains, l’on ne réclame la nécessité d’un changement réel à l’avantage des femmes et des hommes dont le seul crime est d’être nés dans des familles misérables.
Dans les deux (02) refrains, il n’est pas question de savoir qui a payé des mercenaires pour venir s’attaquer à nos braves soldats de Kati dirigés à l’époque par le capitaine Amadou Haya Sanogo. Dans tous ces slogans de campagne, l’on fait tout pour taire les vrais responsables de l’embargo décrété par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) contre notre pays.
Etant entendu que cet embargo ne peut toucher toutes les familles de ces deux protagonistes, il apparait clairement que les Maliens qui sont aujourd’hui sollicités de tout cœur, furent les seules victimes de cet apatride embargo qui insulte notre dignité.
Aussi c’est silence-radio sur la détention abusive de Amadou Haya Sanogo et compagnons. L’on ne dira pas dans le camp présidentiel que sans Sanogo IBK ne serait pas aux affaires, en 2013. Dans le refrain ‘’Boua ta bila’’, l’on fait tout pour taire les crimes permanents qui ne cessent de s’abattre sur nos paisibles populations du centre du pays, notamment les Peuls et les Dogons, ces populations qui ont vécu en symbiose depuis belle lurette sans le moindre sentiment de haine des uns contre les autres.
Les partisans de Boua ne choisiront pas en toute honnêteté de lui dire que ce conflit qui a éclaté lors de sa gestion du pouvoir est avant tout politique. Or, il ya de la décence même en politique ! Hélas, rien que la semaine écoulée, de terribles horreurs ont ensanglanté la terre libre du Mali, ce pays jadis de paix et de concorde nationale. Dans ce camp, on n’ose pas dire que l’école et la santé sont au plus mauvais jour de leur existence au Mali. Malgré tout, ‘’Boua ta bila’’! Que cherche-t-on alors dans cette histoire de présidentielle ?
Au-delà des affiches de campagne qui promettent aux Maliens le paradis terrestre, rien n’indique que les deux (02) camps veulent marcher vers la paix.
– Le problème du fichier parallèle évoqué par l’opposition notamment le camp de ‘’Boua ka bila’’, se pose toujours avec acuité et vouloir le minimiser, c’est vraiment une fuite en avant qui ne saurait être salutaire pour notre peuple.
Certainement, la rencontre des candidats ou de leurs représentants avec le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga de ce samedi 28 juillet courant à l’initiative de l’opinion internationale et des observateurs de la CEDEAO n’a pas l’air de faire grand- chose parce qu’elle s’est tenue juste à la veille du premier tour de cette présidentielle de 2018.
– Au-delà des menaces à peine voilées de Soumeylou Boubèye Maïga et en dépit des véhicules de canon à eau chaude et des grenades lacrymogènes que le pouvoir pourrait utiliser, IBK a tout intérêt à calmer le jeu et remettre la balle à terre pour la paix dans notre pays. Cela est d’autant indispensable que le Mali se trouve déjà empêtré dans le sale drap du terrorisme, de l’insécurité et des violences intercommunautaires que Manassa Danioko pourrait appeler insécurité résiduelle.
Notre peuple et l’opinion internationale ne peuvent accepter un autre drame s’abattre sur notre pays. Une façon de dire que les auteurs des deux refrains ‘’Boua ka bila’’ / ‘’Boua ta bila’’ auraient mieux servi le Mali en évitant de cultiver les conditions de la confrontation aux conséquences imprévisibles. C’est là un impératif catégorique pour tous ceux et toutes celles qui se battent pour le Mali et non pour des hommes.
Il est temps de cesser d’infantiliser notre peuple qui a des problèmes cruciaux à régler comme la recherche d’une nourriture décente, des soins de santé décents, des logements décents et une instruction décente pour tous. Notre peuple veut enfin le changement et non plus l’alternance en cours, depuis la chute de Moussa Traoré, en 1991.
Fodé KEITA
La rédaction