Une conductrice saoudienne en provenance des Émirats arabes unis a déclaré lundi être bloquée depuis 24 heures à la frontière, où elle s’est vu refuser le droit d’y passer au volant de sa voiture.
L’Arabie saoudite, royaume ultraconservateur, est le seul pays au monde où la femme n’a pas de droit de conduire. «Je suis à la frontière depuis 24 heures. Ils ne veulent pas me remettre mon passeport, ni me laisser passer», a annoncé Loujain Hathloul dans un tweet en milieu de journée, avant qu’elle ne cesse d’émettre des tweets.
Des défenseurs des droits des femmes ont indiqué qu’elle avait été arrêtée dans l’après-midi, mais le ministère de l’Intérieur n’a pas pu commenter dans l’immédiat cette affaire. «Ils ne veulent pas qu’elle rentre parce qu’elle conduit une voiture», a indiqué à l’AFP, un militant, sous couvert d’anonymat.
Une douanière lui apporte une brosse à dents
«Les douaniers n’ont pas le droit de m’interdire l’entrée (dans le royaume) même si, à leurs yeux, je suis “une contrevenante” car je suis une Saoudienne», a écrit Mme Hathloul, dans un tweet, lundi matin. Elle a précisé que son permis de conduire était «valide dans tous les pays du CCG», à savoir les six monarchies du Conseil de coopération du Golfe, dont l’Arabie saoudite est membre.
Elle a aussi posté des détails sur son confinement dans sa voiture à la frontière, indiquant qu’une femme était venue lui apporter «une brosse à dents» ou qu’elle avait assez de carburant dans sa voiture pour «ne pas mourir de froid la nuit ou perdre la charge de son téléphone portable».
La tradition et des coutumes sont à l’origine de l’interdiction
Frustrée par sa situation, elle a écrit, sur le ton de l’ironie: «Si quelqu’un m’apportait un cheval ou un chameau jusqu’à la frontière, je serais peut-être autorisée à entrer» au pays. En octobre, des dizaines de femmes avaient conduit et mis des photos d’elles-mêmes au volant, dans le cadre d’une campagne en ligne pour le droit des Saoudiennes à conduire dans le royaume.
Mais le ministère de l’Intérieur avait prévenu qu’il appliquerait «avec fermeté les règlements contre quiconque contribuera (…) à violer la cohésion sociale». Ces dernières années, des Saoudiennes au volant avaient été arrêtées et leurs véhicules saisis, selon des militantes. Ces dernières affirment que la tradition et des coutumes sont à l’origine de l’interdiction, qui n’obéit à aucun texte islamique ou une décision judiciaire.
(L’essentiel / AFP)