Le Comité national pour le Salut du Peuple (CNSP), depuis son « ’action »’ du 18 août 2020, use de tous les artifices et subterfuges pour garder le pouvoir tout en reflétant l’image d’un groupe désintéressé. La prestation de serment sur la Constitution qui est violée de facto par « ’l’action »’ qui a renversé un régime démocratiquement élu, relève d’une autre prestidigitation visant à tenter de donner un verni de légalité à ce qui ne l’est pas. Dans cette pétaudière, le colonel Clément tient son one man show sur le thème de dossier de management de Choguel, pendant que des psychopathes prélèvent des impôts sauvages abusivement qualifiés de « ’Zakat »’ sur les populations de Gao. Voici votre BÊTISIER du jour.
Serment : Offuscation et confiscation
Le vendredi dernier était un grand jour dans le bled. La preuve, le Président Bissau guinéen, Umaro Sissoco EMBALO ; Goodluck Jonathan, ancien Président de la République Fédérale du Nigeria et Médiateur de la CEDEAO ; la ministre des Affaires étrangères du Ghana, pays qui assure la Présidence de la CEDEAO. Même Son Excellence le Professeur Dioncounda TRAORE qui a une expérience douloureuse de la Transition a bravé son traumatisme pour être de la fête. Le nouveau Fama était dans sa tenue de fête. Cette fois-ci, son dessous de basin n’était pas visible à un kilomètre comme lors de sa rencontre avec le Président du CNSP, le colonel Assimi GOITA. Donc, côté apparat, convives, tout était impec.
Après les choses ont commencé à se gâter.
Premier bazar, la Cour suprême arrive et s’installe. Le futur président et son vice-président ne sont toujours pas rentrés de vadrouille, pardon de patrouille comme ce sont des colonels pour se pointer devant l’auguste Cour. Pourtant, selon le chef du protocole du nouveau Fama qui était à la Base B, à un jet de pierre du CICB, dès les premières heures de la journée, le Fama devait prendre le départ 20 minutes avant l’heure indiquée. Avec tous les pi-pan, pin-pan des véhicules qui ouvrent la voie, il n’a pas besoin de 5 minutes pour arriver au CICB. Alors pourquoi, Bah N’DAW n’était pas dans la salle avant la Cour ? Le Président de la République n’apparaît que lorsque la mise en place est terminée. Or, à ce stade, il n’était rien d’autre qu’un colonel-major à la retraite « ’désigné »’ président de la Transition, dont la Cour n’a pas encore reçu le serment. Ça monte vite à la tête hein ! Surtout que les bidasses ne crachent jamais sur les honneurs ! Garde-à-vous mes colonels !
Deuxième charivari, le Président de la Transition, le colonel-major à la retraite Bah N’DAW, conformément à l’article 37 de la Constitution du 25 Février 1992 prête serment suivant la formule consacrée : « ’Je jure devant Dieu et le peuple malien de préserver en toute fidélité le régime républicain, de remplir mes fonctions dans l’intérêt supérieur du peuple, de préserver les acquis démocratiques, de garantir l’unité nationale, l’indépendance de la patrie et l’intégrité du territoire national.
Je m’engage solennellement et sur l’honneur à mettre tout en œuvre pour la réalisation de l’unité africaine »’. Mais, cette formule est précédée de : « ’le président élu entre en fonction quinze jours après la proclamation officielle des résultats. Avant d’entrer en fonction, il prête devant la Cour suprême le serment suivant… »’ C’est la Constitution qui dit que c’est le Président élu qui prête serment, suivant la formule constitutionnelle.
Sauf erreur, il n’y a pas eu de nouvelle élection présidentielle après celle de 2018 ; mais, on peut être formel que le régime de quelqu’un a été dégagé le 18 août. Il paraît que ce qui s’est passé ce jour-là n’était pas un « ’coup d’État »’, mais « ’une action »’ au cours de laquelle un Président élu, quoique contesté par une frange de la population, a été enlevé à son domicile et démissionné dans un camp militaire à Kati. OK, puisqu’il n’y a pas de Président élu au suffrage universel après « ’l’action du 18 août 2020’’ et que même la “’désignation”’ est hypothétique, une seule disposition dans la Constitution du Mali (sur laquelle le Président et son Vice-Président ont prêté serment) peut s’appliquer à ce cas de figure. C’est l’article 121 qui dispose : “’Le fondement de tout pouvoir en République du Mali réside dans la Constitution.
La forme républicaine de l’État ne peut être remise en cause. Le peuple a le droit à la désobéissance civile pour la préservation de la forme républicaine de l’État.
Tout coup d’État ou putsch est un crime imprescriptible contre le peuple malien”’.
Mais le premier astigmatisme dans cette mise en scène dantesque, c’est la prononciation de ce serment : “’Je jure devant Dieu et le peuple malien de préserver en toute fidélité le régime républicain, de remplir mes fonctions dans l’intérêt supérieur du peuple, de préserver les acquis démocratiques…”’. Parce qu’étant en contradiction flagrante avec cette autre disposition : “’le fondement de tout pouvoir en République du Mali réside dans la Constitution. La forme républicaine de l’État ne peut être remise en cause”’. Dès lors que le fondement du pouvoir n’est pas la Constitution qui ne prévoit nulle part “’un coup d’État”’ ou une “’action”’ comme mode transition du pouvoir ; que la forme républicaine de l’État est remise en cause par cette “’action”’ on n’est plus fondé à promettre de préserver quoi que ce soit. C’est juste une petite immersion dans la Constitution qui, soit dit au passage, n’est pas suspendue, même si sérieusement malmenée.
Source : INFO-MATIN