Alors que l’émoi monte face à un coronabusiness que cachent mal un lapsus financier journalistique et une évasion spectaculaire de 37 malades potentiels ; des pouvoiristes, dans un état désespéré et désespérant, prônent le chaos politique. Voici votre BÊTISIER du jour.
Chevauchée Coronavirussée : An be no don
Il paraît que les 37 Maliens avaient été testés positifs, même si les autorités ne le précisent pas dans leur communiqué, question de circonscrire certainement la panique au sein de la population. ‘’Le Gouvernement de la République du Mali informe le peuple malien, qu’il a appris avec stupéfaction que ce jeudi 28 mai 2020, malgré les dispositions prises de bonne foi, par les autorités pour assurer la prise en charge correcte de nos compatriotes rapatriés de l’extérieur, dans le strict respect des mesures de lutte contre la Covid-19, 37 Maliens refoulés de Mauritanie et transportés de Gogui pour Bamako, par un bus climatisé mis à disposition par l’état, ont trouvé le moyen de disparaître dans la nature à la faveur d’une halte à Diema’’. Ces Coronavirussés devraient avoir le wak pour disparaître comme par magie. Un État qui ne sait même pas comment écrire État (‘’état’’ peut-on lire dans le communiqué), point besoin de s’encombrer de s’assurer de son sérieux. Pour que 37 personnes potentiellement contaminées s’évaporent dans la nature, c’est qu’aucune mesure n’avait été prise pour prévenir un tel cas de figure.
‘’Le Gouvernement rappelle encore à tout un chacun sa responsabilité pleine et entière dans la protection de sa propre famille et l’ensemble de la population malienne dans ce contexte de pandémie.
Le gouvernement insiste que les comportements tendant à soustraire leurs auteurs de la rigueur du protocole sanitaire édicté par le comité scientifique sont passibles de poursuites. Car, il s’agit d’actes délibérés mettant en cause la sécurité de tierces personnes et sapant les efforts de l’État qui visent à rompre la chaîne de transmission du virus de Coronavirus.
Le Gouvernement lance un appel pressant à tous ces compatriotes évadés de bien vouloir se présenter d’eux-mêmes aux autorités sanitaires afin d’observer leur période de quarantaine et minimiser les risques de contagion de leurs familles et des tiers’’. Tout ça est bien dit.
Mais et si on regardait autrement la situation ! Figurez-vous que les nouvelles en provenance du Gondwana ne sont pas bonnes. Il paraît que dans le bled, c’est un concert perpétuel de ventres qui gargouillent et crient famine. Ce même jeudi 28 Mai, des camions remplis de vivres destinés aux personnes affectées par la Maladie à Coronavirus et au personnel soignant ont été débusqués devant un magasin privé avec une forte odeur pestilentielle de détournement.
Les médicaments ? Il ne faut pas rêver, tout le monde sait qu’il n’y en a pas. Donc, le personnel soignant se fait aussi invisible que le virus. Après tout, faute d’équipement, de per diem (à chercher dans le Plan de riposte et de prévention de la Maladie à Coronavirus), ils n’ont pas vraiment envie de se faire contaminer cadeau. Nos parents de là-bas ont toutes ces informations et ils n’ont pas envie de se mettre la corde au cou ou tout au moins aider un Gouvernement à le faire. À la première occasion, ils se sont fait la belle. Autant mourir d’un Rhume surmédiatisé que de faim et de faute de soin.
La responsabilité de cette évasion de masse est partagée. An be no don.
Le chapardeur chaperonné
Des vivres, destinés aux personnes affectées par la Maladie à Coronavirus et au personnel soignant, qui devraient être livrés aux sites de prise en charge et aux Centre de santé de référence de Bamako, Kati et Kalaban-Coro, ont été retrouvés devant des magasins privés au Marché de N’Golonina. Une enquête préliminaire du Commissariat du 3e Arrondissement laisse croire que les stocks n’étaient pas immunisés contre le COVID-19, ce Coronabusiness propageant et florissant. Les habitudes de forfaiture enracinées dans un système ancien sont les plus difficiles à déloger, pardon à désinfecter. Pendant que les vivres se volatilisent, un prestidigitateur de chargé de mission qui a le don de faire disparaître des camions entiers dans les dédales d’un marché toujours en chantier est ‘’suspendu de ses fonctions’’. Pendant qu’on y est, il ferait mieux de se barrer, parce que cette suspension vaut lieu d’accusation individuelle pour un maraudage collectif qui a mal tourné. Le Chapardeur chaperonné est mal barré parce que la populace affamée qui a donné l’alerte aux Poulets n’entend pas se laisser chiper sa soupe. Le nouveau crevé, le barboter peut barboter dans sa mare boueuse. Il voulait faire son beurre ; il a été rattrapé par la clameur publique, dans un charivari d’objurgations. Décidément, la gestion alimentaire de la pandémie aura été un désastre chaotique chez nous. Tradition oblige, c’est le contraire qui serait l’exception.
Les assembleurs de nuées
Soit ce sont les hommes en costume et cravate, soit ce sont les bidasses qui étaient dans les nuages au moment de rédiger leur communiqué. Voici ce qu’écrivent les militaires : ‘’la République algérienne offre au Mali 53 véhicules variés dont le premier lot vient d’être remis ce mercredi 27 mai 2020 à l’Aéroport International Président Modibo Keita de Bamako-Sénou par leur Ambassadeur, S.E.M Boualem Chebihi’’. Quant aux diplomates, ils informent : ‘’le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération Internationale, S.E.M. Tiébilé DRAMÉ et son collègue de la Défense et des Anciens Combattants, le Général de Division Ibrahima Dahirou DEMBELE ont réceptionné, ce mardi 27 mai, des véhicules destinés aux bataillons reconstitués sur les théâtres d’opérations’’.
Après vérification, le mercredi était bel et bien le 27 Mai. Donc, les bidasses sont ok, pour la date, contrairement aux diplomates qui ont réceptionné les matériels le mardi 27 Mai. L’emberlificote, les matériels ont été remis mardi ou mercredi ? Il faut que les communicants communiquent pour nous communiquer la bonne date.
Le quarteron de politiciens du chaos
Le Mouvement Espoir Mali Koura (EMK), la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’Imam Mahmoud Dicko (CMAS), le Front pour la Sauvegarde de la Démocratie (FSD), dotés de la science infuse et de la poudre de perlimpinpin ont étrenné leur catalogue de produits aux maux du mal, au cours d’une exhibition dont ils commencent à prendre goût. Ces nouveaux oracles, au regard de l’impérieuse nécessité de sauver notre Nation d’un péril certain exigent la ‘’démission du Président Ibrahim Boubarcar Keïta et de son régime dont la gouvernance a mis en danger de dislocation notre Pays et notre Nation’’. Cheick Oumar SISSOKO, Issa Kaou N’DJIM, Choguel Kokalla MAIGA, Clément DEMBELE, voilà le quarteron qui prône le chaos. Une gestion catastrophique de la crise institutionnelle, des atteintes à la souveraineté et à l’intégrité du territoire du pays, une armée laissée à l’abandon, la remise en cause des valeurs et principes de la République, les droits et libertés individuels et collectifs en péril, l’abandon des secteurs clés de l’activité socioéconomique, l’impasse d’une voie électorale désormais. Tous ces griefs sont plausibles. Mais faudrait-il pour autant décapiter l’État sur la place publique sans courir le risque d’un chaos généralisé ? Si IBK devait démissionner avec son régime, l’on serait face à un vide constitutionnel et institutionnel. Ceux qui se prennent pour des parangons d’intégrité, de patriotisme, ne nous disent pas comment combler ce vide. À moins qu’ils aient des arrière-pensées egocentrées et ses petits calculs tactiques pour l’occuper eux-mêmes. Mais en vertu de quoi ? Pourquoi un Kaou N’DJIM suiviste de Mahmoud DICKO, lui-même suiviste du Chérif de Nioro, devrait-il s’imposer aux Maliens ? Cheick Oumar SISSOKO, grand respect pour sa prolifique carrière cinématographique, mais il est un revenant politique qui ne peut changer le cours de l’histoire. Quid de Choguel et de Clément qui glosent à l’infini des chimères qui glissent sur les plumes de canard !
Bozola : le lapsus financier
Un lapsus financier d’une journaliste met la République, dont les moindres gestes sont scrutés, en branle. 6000 masques à 300 millions, a-t-elle fait savoir. Mais, il fallait plutôt entendre 600 000 masques à 300 briques fumantes et fumeuses, soit un masque à 500 FCFA au lieu d’un masque à 50 000 FCFA. Mais, et si la pauvre journaliste n’avait fait que lire ce qu’on lui a demandé de lire ! Face au Tollé général provoqué par le scandale d’un masque à 50 000 FCFA, il fallait trouver quelqu’un qui en porterait le chapeau. Dans une foire à encens, le bouc (qui pue) ne peut servir que de messager. La journaliste porte la chape de plomb sous la forme fardée d’un lapsus linguae. Autrement, ça ferait un peu trop pour le Gouvernement pris en flagrant délit de maraudage après la volatilisation de stocks de vivres destinés aux personnes affectées par la Maladie à Coronavirus et le personnel soignant.
Bon, les pompiers de service sont là pour éteindre l’incendie. Ibrahim TRAORE, Rédacteur en chef Télévision nationale (ORTM1), fait un post : ‘’dans le JT 20H ORTM1 de ce vendredi 29 mai 2020, un lapsus nous a fait annoncer dans les brèves six mille (6 000) masques au prix de 300 millions. Il fallait plutôt comprendre six cent mille (600 000) masques. Une erreur entièrement indépendante de notre volonté. Nous en assumons toute la responsabilité et en profitons pour vous remercier de vos remarques et critiques. Nos sincères excuses et meilleure compréhension !!!’’
Le Directeur général de l’ORTM, Salif SANOGO ne pouvait pas rester en marge de cette procession de batteurs de coulpes, suite à une telle énormité d’un de ses agents, mettant la République dans le dur. Son Tweet : il y effectivement une erreur dans les chiffres. Il s’agit de 600 000 masques et non 6 000. Un rectificatif sera fait dans les éditions du jour. Merci’’.
Le fétichisme politique
Au terme de leur conférence presse du samedi 30 mai, les trois organisations (Mouvement Espoir Mali Kura, Coordination des Mouvements, Associations et Sympathisants de l’Imam Mahmoud DICKO et le Front pour la Sauvegarde de la Démocratie) qui s’engagent à reprendre le flambeau de la contestation politique demandent la démission du Président de la République et de son régime et ils projettent une manifestation le vendredi 05 juin 2020 à 14 h. Les croyants, ou présumés croyants, parce qu’il y a quand même un comparse d’un Imam dans le lot, ne sont pas loin du fétichisme des chiffres, de la numérologie. Ils affectionnent particulièrement certaines dates (le 5, le 15…), certains mois (mars, avril, mai). Un opposant disait d’ailleurs : ‘’en mars, tout marche’’. Après tout, c’est un peu ça l’Africain : le syncrétisme. Il faut tout tenter, dans l’espoir qu’un marche. Voilà !
INFO-MATIN