L’ancien président du Bénin Boni Yayi a été cité mardi par plusieurs responsables d’ICC Services, une structure d’épargne illégale qui a fait plus de 150.000 victimes entre 2006 et 2010, au deuxième jour de ce procès historique. Après plus de huit années d’attente, l’affaire « ICC-Services », baptisée « l’affaire Madoff béninoise », le plus gros scandale financier de ce pays est jugée cette semaine par la nouvelle Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) à Porto-Novo.
Selon un rapport du FMI, 204 structures de placement d’argent ont spolié 150.000 épargnants entre 2006 et 2010, pour un total estimé à plus de 150 milliards de francs CFA (près de 230 millions d’euros), leur promettant des taux d’intérêt mirobolants estimés entre 100 et 300%.
« Nous n’avons jamais eu de problème pour payer nos clients avant la crise », a déclaré aux juges Guy Aplogan, directeur général d’ICC Services (Investment Consultancy and Computering Services).
Interrogé sur les raisons de la cessation de paiement de ses clients, M. Aplogan a répondu qu’il fallait poser la question « à l’ancien président », Boni Yayi, car lui-même n’est pas en mesure de répondre à cette question.
Selon lui, « au moment de la crise », des hommes sont venus chercher « en hélicoptère » des coffres contenants quelque 27 milliards de francs CFA, qui se trouvaient dans la maison d’Emile Tégbénou, l’un des responsables de la société.
L’ancien PDG affirme avoir ensuite été emprisonné dans un centre de détention dans le nord du pays.
Lundi, lors du premier jour d’audience, l’ancien Premier ministre Pascal Irénée Koupaki avait indiqué que les responsables de cette structure de placement d’argent avait « bénéficié » de couvertures et de largesses de la part du gouvernement de l’époque.
Emile Tégbénou qui a été également entendu par les juges a indiqué que « plusieurs parents » de l’ancien chef d’État avaient été recruté dans des compagnies proches d’ICC-Services.
Dix personnes ont été appelées devant la barre et seront jugées – entre autres – pour association de malfaiteurs, escroquerie, exercice illégal d’activité bancaire et corruption, dans ce procès historique et très attendu au Bénin.
Seules six d’entre elles comparaissent depuis lundi. Elles ont toutes plaidé non-coupables.