La haute hiérarchie militaire ne badine pas avec l’indiscipline, forme principale des armées. Elle vient d’infliger une suspension à 162 éléments qui avaient abandonné le camp militaire de Kidal.
Mais la décision pourrait connaître un autre développement.
Lorsque l’on parle de Forces Armées reconstituées aux Maliens, ils ne peuvent s’empêcher de se
souvenir du montage grotesque et perfide de l’époque du Président Ibrahim Boubacar Keïta ayant décidé, avec la complicité tacite d’un certain commandement militaire, d’envoyer un bataillon à Kidal sous le commandement du Commandant Keïta, grand blessé de guerre. Il y avait dans cette opération
quelque de choquant destiné à tromper l’opinion nationale sur la réalité de Kidal où l’armée malienne, avec des hommes en opération de libération du territoire comme colonel Assimi Goïta, avait été empêchée d’entrer par les troupes d’occupation coloniales françaises. Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous le pont.
Aujourd’hui, la libération totale de Kidal est une préoccupation majeure des plus hautes autorités de la Transition. Les FAMAs, sur ce front, développent des stratégies de haut vol afin que la victoire soit éclatante, sans bavures, la vie des populations étant à préserver précieusement.
C’est dans ce contexte d’évolution professionnelle que des éléments du Bataillon des Forces Armées dites Reconstituées (BATFAR) ont choisi d’abandonner le camp de Kidal dans la première décade du mois d’octobre 2023. Leur absence, dont les motivations ne trompent personne, a été constatée suite aux évènements du 10 octobre, en effet. Les traîtres absents étaient au nombre de 162 dont 79 sont issus des rangs de la CMA et 87 de ceux de la Plateforme.
On voit bien que les déserteurs, il n’y a pas autre mot pour les nommer, sont tous issus des effectifs des mouvements séparatistes, indépendantistes et groupes armés. Il est évident que c’est une action concertée qui rentre dans leurs manœuvres infinies de faire échouer les efforts étatiques de ramener la paix à Kidal tout en pacifiant l’ensemble du nord du Mali.
La haute hiérarchie militaire suit le dossier comme le lait sur le fait. Elle a procédé à un comptage méticuleux des désertions, en prenant soin de relever les identités et les numéros matricules affectés à chaque homme. Elle a pris ce qu’on peut appeler pour l’heure une mesure conservatoire en décidant de suspendre les indélicats des rangs des FAMAs. Mais cette mesure est-elle ce qu’il faut exactement pour les traîtres ? Abandonner un camp militaire, en tant de guerre contre les terroristes dont les 162 éléments ne sont pas étrangers, ne peut être autre chose que de la désertion, de la haute forfaiture, de la félonie même.
L’affaire est donc à suivre.
Luc Sidibé
Le National