Empêtrée dans un scandale de surfacturation, abasourdie par le lancement raté du service « SMS Banking » et l’effet désastreux de la sulfureuse fusion absorption de la BHM, trimballée par une opératrice économique pour « falsification » de compte, la Banque Malienne de Solidarité (BMS) est dans l’impasse. Elle se débat lentement dans une tempête de neige dont les affres vont bien au-delà de la mise à rude épreuve de son image de marque.
Les maux de la BMS sont légions. La banque qui se dispute le 2ème rang au plan national est au bord du gouffre. Les anecdotes qui corroborent cette thèse, soutenue par plusieurs experts, sont à n’en pas finir.
Dernièrement c’est une campagne médiatique de plus en plus ardue qui accable la banque pour avoir « falsifié » le compte de la nommée Saran Simpara occasionnant une perte d’1 Milliard à l’opératrice économique.
Faux ! rétorque le Directeur général adjoint de la banque, Soufiana Diarra, qui pointe du doigt une conspiration sinon une grosse manœuvre. « Nous n’avons rien à cacher. Ce dossier pendant depuis 7 ans est devenu une vache laitière pour de nombreux médias qui n’arrêtent pas de nous diffamer », lance-t-il au fond de son bureau, sans pour autant étayer ses propos par des preuves.
C’est un dossier à rebondissement qui a connu 17 procédures devant la justice malienne. Si l’on en croit le DG adjoint, dans la foulée de l’avènement du nouveau système informatique matérialisé par l’installation d’un nouveau logiciel, Mme Simpara aurait complètement refusé de s’acquitter de deux prêts qu’elle avait contractés auprès de la BMS. Alors même que ce changement d’ordre général signifié sur les numéros de compte n’aurait occasionné le moindre mouvement sur les comptes de la clientèle. « Au lieu de demander un moratoire à la banque car se trouvant visiblement en difficulté de payement, elle se complait à balancer des arguments fallacieux dans le vent pour tenter noyer la vérité », lance le patron de banque qui arbore triomphalement l’arrêt de la Cour suprême datant du 06 février 2018.
Fuite en avant
Le douloureux épisode de la fusion absorption qui a obligé la BMS à hériter du calamiteux dossier des logements sociaux attribués à tour de bras, serait à nos jours à l’origine du malaise de la BMS. Le directeur adjoint ne veut rien entendre. Il avance, sans preuves (une fois de plus), que cette nouvelle aventure connait un franc succès en dépit du passif calamiteux de la défunte Banque de l’Habitat du Mali (BHM).
A l’écoute de plusieurs hauts cadres de la BMS (qui ont requis l’anonymat) l’on a bien des raisons de croire que la fusion absorption avec BHM n’a pas été heureuse pour Babaly Bah et les siens qui se voient hériter d’un patrimoine sulfureux.
Autre casse-tête, depuis bientôt quatre mois, les clients de la BMS n’arrivent pas à s’octroyer des prêts au delà de 10 millions F CFA. Après s’être heurtés à des manœuvres dilatoires et des procédures à n’en pas finir, plusieurs d’entre eux en arrivent à la conclusion que la structure bancaire serait en difficulté de paiement. Mais la banque s’en défend : « Vous oubliez qu’aucun texte ne nous oblige à octroyer des prêts à la clientèle. Seulement voilà : nous sommes obligés de nous adapter à la politique monétaire de la BCEAO ».
Pour Soufiana Diarra, les nouvelles restrictions sont imputables à la nouvelle politique monétaire de la BCEAO qui fixerait désormais un seuil à ses dotations pour les différentes banques. « Un client qui demande par exemple un prêt de 10 Millions F CFA devrait désormais avoir un salaire de plus de 300000. Nous ne pouvons pas distribuer de l’argent à tour de bras, sinon donner du crédit comme on le veut à n’importe qui. Nos actions sont en phase avec la législation en vigueur ».
Les restrictions sur les montants des prêts, l’insolvabilité vis-à-vis de certains clients… constituent-il des signes avant-coureurs d’un manque de liquidité à la BMS ? Les avis de mise en vente de son patrimoine foncier et de ses espaces commerciaux, qui inondent de plus en plus les journaux, en dit long sur la descente aux enfers. Dans ces publications, la BMS invite les Maliens « disposant de revenus » d’acheter ses hypothèques. « La condition d’acquisition privilégiée constitue le cash », précisent-t-elles.
Même si les arguments de la banque sur les questions qui fâchent ont quelque part leur répondant dans les textes, l’absence d’une véritable stratégie, en même de remettre la clientèle en confiance, laisse perplexe et creuse les sillons d’une crise bien silencieuse. Du moins, pour l’instant.
La rédaction