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Bandiougou Dante à la présentation des vœux de nouvel an au président de la transition : “Nous ne sommes pas contre le pouvoir, mais nous sommes un contre-pouvoir”

“Notre objectif est de susciter l’émergence d’une presse plus professionnelle et responsable”

Le jeudi 29 février 2024, le président de la Maison de la presse, Bandiougou Danté, fraîchement réélu pour un nouveau mandat de 3 ans, a présenté les vœux de nouvel an de la presse au président de la Transition, le colonel Assimi Goïta. C’était au Palais de Koulouba en présence de plusieurs personnalités. L’occasion était bonne pour Bandiougou Danté de faire un tour d’horizon sur la situation de la presse malienne. “Notre objectif est de susciter l’émergence d’une presse plus professionnelle et responsable. Respecter la vérité, servir en priorité les intérêts du citoyen, conserver notre indépendance à l’égard de ceux dont nous relatons l’action, fournir une information complète et équilibrée”, dira-t-il. Voici le discours intégral qu’il a prononcé lors de la cérémonie.

 

Avant tout propos, permettez-moi une pensée pieuse à la mémoire de tous nos pères, mères, frères et sœurs d’ici et d’ailleurs rappelés à Dieu au cours de l’année qui vient de s’écouler.

Je reçois avec insigne honneur et plaisir, le privilège de prendre la parole ce jour, à la faveur de cette présentation des vœux du Nouvel an. Une tradition que vous avez bien voulu perpétuer. Nous apprécions le traitement privilégié que vous réservez aux médias.

Je voudrais, en mon nom propre et en celui de tous les professionnels de l’information et de la communication vous adresser nos sincères remerciements pour cette invitation. Je formule pour vous-même, pour votre famille, pour vos collaborateurs et pour l’ensemble des Maliens, nos vœux de santé, de réussite, de prospérité et de bonheur pour l’année 2024. Depuis quelques années, notre pays est engagé dans un processus de transition visant à remettre en selle un Mali démocratique, de paix, de cohésion et d’entente.

La page 2023 que nous venons de tourner a été celle de grands défis politiques, sécuritaires, économiques, sociaux, sanitaires… comme l’attestent les reportages, interviews, dossiers, documentaires… et autres comptes rendus très abondants dans nos colonnes, sur nos antennes et sur le petit écran. Dans ce domaine, les médias maliens ont reflété l’histoire présente de notre pays. En dépit de cette performance, la liberté de la presse dans notre pays a quelque peu reculé. Ce constat est aussi celui des organismes internationaux de soutien et de défense de la liberté des médias comme Reporter Sans Frontières (RSF) dont le classement annuel fait passer notre pays du 111e en 2022 au 113e rang en 2023 dans un contexte où la tendance n’est plus aux emprisonnements, mais aux assassinats et enlèvements. En ce moment, nous pensons à Birama Touré porté disparu depuis 8 ans, à Hamadoun Nialibouly, Moussa Bana Dicko de Douentza  enlevés dans le centre du pays depuis 2020.  Sory Koné de Souba dans la région de Ségou. Leurs familles et nous même attendons toujours de leurs nouvelles, les bonnes.

Sur ce registre peu reluisant, permettez-moi de citer les assassinats de Dada Bah, animateur à la Radio Dagné FM dans la nuit du 26 au vendredi 27 octobre 2023 à Nara par des individus non identifiés, de Abdoul Aziz Djibrilla, animateur à la radio Naata de Labbezanga sur l’axe routier Ansongo-Gao le 7 novembre 2023 et l’enlèvement de ses compagnons de route, Saleck Ag Jiddou dit Zeidane et Moustaph Koné respectivement directeur et animateur de la radio Coton d’Ansongo dont nous sommes encore sans nouvelles.

Au même moment, Harouna Attini de la radio Alafia d’Ansongo s’en est tiré avec quelques blessures et un traumatisme psychologique profond.

Plus récemment, le 11 décembre 2023, Almahady Barazy, directeur de la radio Bonferey de Taboye dans le cercle de Bourem a été lui aussi enlevé par des individus armés non identifiés.  Comment ne pas évoquer le cas de toutes ces consœurs, tous ces confrères qui ont dû abandonner leur rédaction parce que ne se sentant plus en sécurité.

Malgré les efforts communs de trouver des solutions, l’atmosphère en 2023 était viciée. Oui nous avons été mis au pain sec et à l’eau. L’aide à la presse malienne qui a fait couler beaucoup de salives et d’encre semble s’éloigner de plus en plus.

Pourtant, elle permettait à bien des égards aux bénéficiaires un tant soit peu d’assurer la formation continue de leurs agents?; l’achat d’intrants, des frais de déplacement pour la collecte des informations, les frais de tirage et d’électricité et occasionnellement le salaire minimum aux employés, notamment les journalistes, gage d’une amélioration de l’offre éditoriale. Aide  Nous ne sommes pas contre le pouvoir, mais nous sommes un contre-pouvoir. La démocratie ne saurait être sans une Presse forte, une Presse à la vitalité établie. Nous sommes contre-pouvoir et médiateurs de par notre rôle. Le paysage médiatique malien est resté dynamique avec plus de 450 radios, plus de 40 télévisions, plus de 150 tabloïdes, 60 journaux en ligne en contact direct avec les populations, offrant une information de proximité en 2023.

Notre objectif est de susciter l’émergence d’une presse plus professionnelle et responsable. Respecter la vérité, servir en priorité les intérêts du citoyen, conserver notre indépendance à l’égard de ceux dont nous relatons l’action, fournir une information complète et équilibrée. Par-là, nous rejoignons cet objectif national qui est de susciter l’émergence d’un citoyen malien nouveau avec un esprit patriotique élevé que Monsieur le Président conjugue, décliné si opportunément par e respect de la souveraineté de notre pays et de ses choix stratégiques ainsi que la défense des intérêts vitaux du peuple malien comme principes guidant toute action publique.

Excellence Monsieur le Président de la Transition, Chef de l’Etat,

Distingués invités,

Mesdames et Messieurs

Nous ne doutons pas que, dans votre volonté d’inclusion, vous avez à cœur l’amélioration des conditions de travail et de vie de tous les citoyens maliens.

La marche de notre pays vers la refondation est un processus participatif qui engage toutes les composantes de la Nation malienne. Nous en sommes des acteurs de premier rang. Grâce à votre soutien, une forte délégation des professionnels des médias maliens a pris part à la 10e édition du Festival international de la liberté de la presse à Ouagadougou au Burkina Faso, rendez-vous biennal de journalistes des quatre coins du monde.

Votre leadership dans la sous-région et ailleurs nous a valu tous les honneurs. Oui, Excellence Monsieur le Président de la Transition, vous avez des admirateurs et cette admiration n’a fait que s’amplifier avec le retour des FAMa à Kidal.

Excellence Monsieur le Président de la Transition,

Excellence Colonel Assimi Goïta vos admirateurs nous ont également confié que c’est pendant les périodes de transition, qu’il y a eu des avancées significatives en matière promotion de la liberté d’expression et de presse chez eux.

Excellence Monsieur le Président de la Transition,

Les médias, par-delà leur mission d’information, constituent une activité économique. Ils emploient des milliers de travailleurs, jeunes et vieux, hommes et femmes. Ils s’acquittent de leurs obligations sociales et de leurs charges fiscales. Mais les médias ont besoin d’être soutenus, vigoureusement soutenus.

Excellence Monsieur le Président de la Transition, Chef de l’Etat,

Notre pays connaîtra de nouveaux rendez-vous importants en 2024, de nouvelles réformes de notre processus démocratique. Après la promulgation de la constitution le 22 juillet 2023, nous avons conscience que d’importants chantiers restent encore à réaliser pour parvenir au Mali dont nous rêvons tous. Parmi ces nombreux chantiers importants, il y a l’achèvement du processus de relecture des textes législatifs et réglementaires qui régissent notre secteur. Ce processus est engagé depuis 2021. Il s’agit de doter le Mali d’un cadre juridique et réglementaire adapté aux exigences et à l’environnement actuel de notre pays. Cette relecture va permettre   une mise en cohérence de la pratique du métier avec ce qui a cours au niveau sous régional, africain et mondial.

Aujourd’hui, nous avons la conviction qu’une législation sur l’indexation de cette aide aux recettes fiscales de l’État balisera et moralisera cette aide. Le Mali nouveau se traduit et se fait savoir par des comportements et des actes forts. Nous nourrissons l’espoir que, grâce à votre écoute active et à votre engagement, nous parviendrons à relever ces défis.

Vous pouvez compter sur nous, Excellence Monsieur le Président pour éclairer nos concitoyens et porter de manière responsable l’information concernant ces réformes dans les ménages, dans les foyers, sur la place publique…

Je voudrais, pour terminer, vous dire que nous sommes optimistes quant à l’avenir des médias au Mali, car, nous travaillons à être plus créatifs, à faire preuve de volonté de mieux faire profiter nos compatriotes d’information de grande qualité. Nous attendons de l’État qu’il continue de contribuer à la lutte contre la désinformation, la désinformation, la mal information et la sous-information.

Je sais que vous en avez la volonté, mais également la capacité. Je ne doute pas qu’avec nous, ensemble nous trouverons les solutions aux problèmes qui nous assaillent au Mali. Je sais les défis nombreux pour parvenir à un Mali de paix et de cohésion où il fait bon vivre. C’est pourquoi vous avez initié un dialogue inter- Maliens dont les termes de références seront validés dans quelques minutes sous présidence de Monsieur le Premier ministre, chef du gouvernement Docteur Choguel Kokalla Maïga.

Pour ce faire, votre devise est : «écouter beaucoup et parler peu pour bien agir», et notre premier défi pour 2024, le défi pour le nouveau comité de pilotage de la Maison de la Presse, élu seulement le mardi dernier est de vous inviter chez nous, oui Excellence, à la Maison de la presse pour un dialogue à bâtons rompus avec les journalistes, un véritable dialogue inter-Maliens.

Excellence Monsieur le Président de la Transition,

Excellence, nous aideriez-vous à relever ce défi ?

C’est sur cette sollicitude que je voudrais clore mes propos, en vous réitérant, à vous, à votre famille et à toute la nation malienne nos vœux les meilleurs pour l’année 2024.

Unissons nos prières pour un Mali prospère de paix, d’entente et de cohésion !

Bonne et heureuse année à toutes et à tous!”

Source: Aujourd’hui-Mali
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