u Covid-19 à l’urgence climatique, en passant par la guerre en Europe, la menace croissante de conflit nucléaire et l’impunité généralisée en matière de violations du droit international, nous sommes confrontés à des crises interconnectées auxquelles notre système multilatéral semble incapable de faire face. Les dirigeants mondiaux, réunis à New York pour l’Assemblée générale des Nations unies, ouverte le 14 septembre, doivent adopter une vision à plus long terme des intérêts de leurs pays. En dépit des défis, je crois que nous sommes en mesure de remédier à ces crises, et le monde entier en a désespérément besoin.

Au cœur de ces crises individuelles se trouve un malaise plus fondamental dans le multilatéralisme. Les Etats n’ont pas réussi à collaborer efficacement sur certains des plus grands défis auxquels le monde a été confronté ces dernières années, car les dirigeants ont succombé aux chants des sirènes du nationalisme populiste, ou les ont exploités.

Mes dix années en tant que secrétaire général des Nations unies m’ont appris que l’une des réponses habituelles aux échecs de la coopération internationale consiste à blâmer le leadership de l’ONU. Pourtant, le problème fondamental est que bon nombre des pays les plus puissants au monde affaiblissent le système multilatéral depuis des années, en donnant la priorité aux programmes nationaux à court terme plutôt qu’à la stabilité mondiale à long terme, tout en faisant preuve de « deux poids, deux mesures », de manière flagrante, dans leur application du droit international.

La guerre de la Russie contre l’Ukraine en est l’exemple le plus récent et le plus scandaleux. Je me suis récemment rendu à Kiev en tant que vice-président de l’ONG The Elders et j’ai été témoin de preuves directes des atrocités commises par les forces russes à Boutcha et à Irpine. L’Ukraine mérite un soutien international plus large. La neutralité face à l’agression de la Russie n’est ni moralement ni juridiquement défendable.

Nous devons reconnaître cette réalité : les Etats puissants de toutes les régions portent la responsabilité de l’érosion des normes internationales. Au sein du Conseil de sécurité des Nations unies et des organes régionaux, les Etats ont trop souvent agi pour se protéger, eux et leurs alliés, de toute responsabilité.

Tâche herculéenne

La Russie et la Chine ont résisté à plusieurs reprises à tout examen international de leurs propres violations du droit international ainsi qu’aux mesures visant à résoudre les conflits ailleurs, comme en Birmanie et en Ethiopie. Les Etats démocratiques ont également été sélectifs dans le respect des valeurs internationales, ce qui a permis à la gouvernance démocratique de s’éroder. Les Etats-Unis continuent à protéger Israël de l’obligation de rendre des comptes pour les violations répétées du droit international, tandis que des pays comme l’Afrique du Sud et l’Inde ont choisi de ne pas prendre clairement position contre l’agression russe en Ukraine.

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Source: Le Monde