Depuis minuit, dans la nuit du dimanche 18 au lundi 19 septembre, les touristes russes munis d’un visa Schengen, délivré par n’importe quel pays européen, n’ont plus le droit d’entrer en Estonie, en Lettonie, en Lituanie et en Pologne. Pour entrer directement, et par voie terrestre, dans l’Union européenne (UE) – fermée aux avions russes –, ce sont autant de portes qui se ferment, ne laissant ouvert que le passage par la Finlande. Ce dernier pays n’a pas encore interdit l’entrée aux touristes, même si Helsinki a réduit de 90 % le nombre de visas qui leur sont accordés.

Réunis à Prague le 31 août, les ministres des affaires étrangères de l’UE s’étaient mis d’accord sur un compromis. Les Vingt-Sept avaient décidé de suspendre l’accord UE-Russie de 2007 facilitant l’octroi de visas européens aux citoyens russes. Aux pays frontaliers de la Russie, qui demandaient des mesures plus strictes, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, avait fait une concession, les autorisant à « prendre des mesures au niveau national pour restreindre l’entrée dans l’UE ».

Selon l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, Frontex, 998 085 citoyens russes sont entrés dans l’espace Schengen entre le 24 février, date du début de la guerre en Ukraine, et le 22 août, dont 330 000 par la Finlande et 220 000 par l’Estonie. Sur la période, les pays voisins de la Russie ont pris différentes mesures, en ordre dispersé, pour limiter les arrivées sur leur territoire, restreignant l’octroi de visas touristiques ou fermant leurs frontières à certains ressortissants russes. Estimant que ce n’était pas suffisant, les trois Etats baltes et la Pologne ont décidé d’aller plus loin, et d’interdire l’entrée aux touristes russes à partir de lundi.

« Créer de l’insatisfaction »

Dans un communiqué publié jeudi 8 septembre, les chefs de gouvernement des quatre pays évoquaient « l’afflux substantiel et croissant de citoyens russes » à leurs frontières, qui était « en train de devenir une menace sérieuse à [leur] sécurité publique et à toute la zone Schengen ». Les premiers ministres affirmaient également : « Les trois quarts des citoyens russes soutiennent la guerre d’agression de la Russie en Ukraine » et jugeaient « inacceptable que les citoyens d’un Etat agresseur puissent librement voyager au sein de l’UE, quand, au même moment, les gens en Ukraine étaient torturés et assassinés ».

Les quatre pays ont donc décidé de refuser l’accès à leur territoire à tout citoyen russe muni d’un visa Schengen de courte durée. Seules exceptions : les diplomates russes pourront continuer de passer la frontière, de même que les employés des compagnies de transport, les personnes ayant de la famille en Europe, et les dissidents politiques. Exemptés aussi, les citoyens russes qui traversent la Lituanie à bord du train assurant la connexion entre la Russie et l’enclave russe de Kaliningrad. Selon le ministre des affaires étrangères estonien, Urmas Reinsalu, sur les 53 000 visas délivrés par son pays, environ la moitié devraient être concernés par les sanctions.

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