La situation des cheminots est compliquée. Il y a le cas des cheminots retraités, voire celui des cheminots licenciés. « Mon père a commencé à travailler au chemin de fer depuis les années 1980-1981. Aujourd’hui, il fait partie des victimes de cette situation. La vente des bâtiments occupés par les cheminots fait l’objet de discussions depuis le temps de l’ex-président Alpha Oumar Konaré. C’est en 2004 que certaines ventes ont pu être effectuées. C’est par la suite qu’il y a eu de forte pression sur les cheminots qui occupent ces lieux », explique une source. Avec l’achat du chemin de fer par le trans-rails, le concessionnaire s’est spécifiquement focalisé sur le train marchandise. « C’est le trans-rails qui a acheté le chemin de fer du Mali et du Sénégal. Au Sénégal, il a été décidé de laisser les cheminots vivre dans les bâtiments dont ils occupaient. C’est le contraire qui s’est passé au Mali. Il a été décidé d’expulser les cheminots qui ne sont plus en activité ». Constatant cela, des familles cheminots se sont réunies et ont proposé l’achat des bâtiments qu’elles occupent en vain. Cette même affaire s’est aggravée en 2021. « Ils (les opposants des familles) ont d’abord commencé par mettre pression sur des gens en leur privant du courant et d’électricité. Les gens se sont débrouillés en se ravitaillant en eau et en électricité. Le train voyageur est présentement aux arrêts. Je me demande pourquoi s’acharner sur ces familles qui ont vécu dans ces lieux plus de 20 à 30 ans maintenant ? », s’interroge notre source.
Il se trouve que c’est le tribunal de la commune III du district de Bamako qui a ordonné l’expulsion de ces familles. De la même source, l’expulsion ne concernait que les cheminots résidant au niveau du grand Hôtel de Bamako. « Mais les chargés d’exécuter la décision de justice ont profité de cela pour faire sortir les familles de Korofina et de Darsalam. Cette expulsion a eu lieu alors que le dossier des cheminots se trouve au niveau de la justice », ajoute-t-on. Le dépôt de Korofina a été abandonné avec l’achat du chemin de fer du Mali. Ce sont ces mêmes familles qui ont pris soin de ces bâtiments jusqu’à maintenant, indique-t-on. La même situation perdure dans la région de Kayes. Dans cette région du Mali, déplore-t-on, des gens se plaignent de la présence des cheminots résidant dans la cité de rails. Le nombre de familles expulsées à Bamako n’est, pour l’instant, pas connu. « Il peut avoir plusieurs familles dans une même cour. A Korofina, il y a une partie où l’on fait l’entretien des locomotives. L’expulsion concerne cette partie, de même qu’une partie du dépôt de Darsalam et une partie des bâtiments se trouvant au niveau du grand Hôtel de Bamako », précise-t-on. Des rumeurs de vente de certains bâtiments circulent, alors que d’autres sources annoncent la tenue prochaine de certaines infrastructures routières là où ces bâtiments sont construits, informe la même source.
Mamadou Diarra
Source : LE PAYS