À quelques jours de la fête du réveillon, l’affluence est faible au marché de Bamako, communément appelé »Dabani ». C’est le poumon économique de la capitale mais également le plus grand marché du pays, où convergent chaque jour des milliers de personnes.
Ousmane Bathily est vendeur de chaussures au marché Dabani. Depuis 10 ans, cet ancien expatrié de la République démocratique du Congo y tient son échoppe. Les fêtes de fin d’année sont synonymes de beaucoup de profit pour lui. Mais cette année, le commerçant de 40 ans est sceptique. «D’habitude à cette période j’écoulais tout mon stock. Actuellement j’ai du mal à vendre une balle, tant les temps sont durs », lâche Ousmane, désespéré de voir son premier client du jour l’échapper.
À quelques mètres de l’enseigne d’Ousmane se dresse l’étal de Mariam, qui propose une gamme variée d’articles aux clients. Des jeux pour enfants, des chapeaux de papa Noël… Ce jeudi 20 décembre, les clients ne sont pas visibles. C’est plutôt un groupe informel de discussion »grin » qui s’est formé autour de la jeune dame. Sur l’état du marché, Chacun y va de sa petite lamentation.
«Je n’ai jamais vécu une année aussi difficile », commence Moussa Camara, vendeur d’accessoires de beauté. Son voisin Jack, lui se révolte contre l’attitude des clients qui proposent un prix dérisoire, même s’il concède volontiers vendre ses articles souvent à vil prix. »Il vaut mieux vendre à perte que de le faire à crédit », fait-il référence à un dicton populaire dans le milieu des affaires au Mali. Mariam, la patronne des lieux, plaisante, « je doute fort que le père Noël vienne. Je ne vois aucun signe annonciateur ».
De l’autre côté du marché, aux alentours de l’artisanat, la »promo » bat son plein, à coup de battement de mains, de tam-tam et d’appareils sonores appelant les passants à faire le plein. Là également, le malaise se lit sur les visages. Les yeux écarquillés, la voix presque inaudible, Gaoussou tient en fin son tout premier client de la journée. Il est 12 heures. Fatoumata, une diplômée sans emploi et mère de trois enfants, venue acheter des habits pour ses enfants, trouve les prix très abordables. »C’est le moment idéal pour remplir les valises des enfants, mais il y a trop de charges ».
Au marché de Bacodjicoroni Aci, nous avons rencontré Étienne, un chrétien pratiquant, chez son fournisseur habituel. Étienne paye tous ses vivres chez dogono. Une longue amitié le lie au boutiquier auprès duquel, le catholique, bon payeur de surcroit s’approvisionne. Des habits neufs pour lui et ses enfants, des chaussures. La facture d’Etienne s’élève à 60 000. Il a dû donner un délai au fournisseur pour s’acquitter de sa dette, lui qui a toujours préparé d’avance la fête de fin d’année. Cette année, il a épuisé toutes ses économies dans les soins de santé de la famille. Philosophe, il ne se lamente pas, « le plus important c’est la santé.»
Des commerçants interrogés dans d’autres marchés de la capitale espèrent la ruée à la dernière minute tout comme d’autres clients. Le marché de la volaille semble être le seul où l’on ne se soucie pas. Dans certains quartiers, on prédit une pénurie comme c’est souvent le cas dans la capitale.
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