Les vendeurs de cette denrée se défendent de procéder à un quelconque mélange
de substances. Les ménagères, elles, déplorent sa qualité qu’elles trouvent suspecteLe palmier à huile est une espèce végétale qui ne pousse pas dans notre pays, en raison de conditions climatiques qui ne sont pas propices à sa croissance. Il n’en demeure pas moins que l’huile de palme est prisée par nos ménagères qui l’utilisent pour préparer leurs sauces. Notre pays s’approvisionne dans les pays côtiers, notamment la Côte d’Ivoire et la Guinée Conakry.
Comme on peut le remarquer, nos marchés sont bien approvisionnés en la marchandise mise en cause. La consommation de cette huile n’est du reste pas mauvaise en soi, car elle serait bonne pour la santé. Nourrissante et protectrice, elle est aussi utilisée en savonnerie. Par ailleurs, l’huile de palme protège notamment les cheveux contre la déshydratation, tout en leur apportant douceur et brillance. Elle est évidemment riche en acides gras saturés. Mais, au delà de ses avantages et de ses bienfaits, cette huile représente aujourd’hui pour le consommateur un danger pour sa santé à cause des mélanges avec d’autres huiles et adjuvants. En effet, certains commerçants qui importent ce produit le mélangent avec le beurre de karité, de l’huile d’arachide ou de la poudre appelée «diafarana mougou» en vue de faire plus de bénéfice. Ce mélange, selon les femmes utilisatrices, fait perdre au produit son goût originel. Et selon un docteur s’exprimant sous le couvert de l’anonymat, ce mélange, s’il est conçu avec des produits impropres à la consommation humaine, représente un danger pour la santé de l’homme.
Pour en savoir plus, notre équipe de reportage s’est rendue successivement au marché Dossolo Traoré de Médina Coura, communément appelé «Sougouni Kura » et à la gare routière de Guinée Conakry, par où transite l’huile de palme.
A Médina Coura, la plupart des vendeurs interrogés affirment que leur huile est de bonne qualité. En effet, personne ne reconnaît avoir fait un mélange avec un quelconque produit. Selon eux, il n’existe pas d’huile de palme frelatée. Cependant, Mahamadou Diallo, un importateur, semble être plus prudent en disant : «nous ne pouvons pas affirmer que l’huile que nous vendons n’est pas de la bonne qualité, car nous l’importons directement de la Guinée. Si les gens se plaignent de la qualité, ça doit être depuis le lieu d’approvisionnement».
Certaines ménagères sont catégoriques en affirmant que l’huile de palme sur nos marchés a perdu sa qualité et cela depuis longtemps. Aïssata Bocoum estime que cette huile doit être retirée du marché par les services compétents et que nos commerçants doivent faire plus attention avant d’importer cette huile. «Je conseille à mes sœurs ménagères de ne plus utiliser cette huile, dont je dénonce la qualité suspecte, pour éviter des problèmes de santé dans leurs familles», ajoute-t-elle.
A la gare routière de la Guinée Conakry, à Djicoroni para, les commerçants importateurs rejettent la faute sur le pays exportateur, la Guinée. Broulaye Sissoko affirme que le transport de cette huile se fait dans des conditions déplorables. «Mais, en ce qui concerne, sa qualité nous ne pouvons rien dire», précise-t-il, avant d’ajouter que s’il y a un fautif dans cette affaire de l’huile de palme frelatée , il faut en vouloir à nos autorités qui laissent entrer les produits alimentaires sans contrôle sanitaire.
Les services techniques sont interpellés afin qu’ils procèdent à un contrôle sanitaire rigoureux des produits de grande consommation pour le plus grand bonheur des consommateurs et pour la sauvegarde de la santé publique.
Anne-Marie KÉITA
L’Essor