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Baisse du prix du ciment : Importateurs et grossistes sur pied e guerre

Après la montée en flèche des prix du ciment plus d’une semaine durant, le Ministre de l’Industrie et du Commerce, Mahmoud Ould Mohamed avait rencontré le jeudi dernier les producteurs de ciment, les importateurs, les grossistes, et les revendeurs pour examiner ensemble le sujet.

 

« A l’issue de la rencontre, les Chefs industries se sont engagés à fournir le ciment local au prix plafond à l’usine, à titre indicatif de 87.500Fcfa la tonne », ont fait comprendre publiquement, les Chefs d’industrie dans une déclaration officielle.

Ils ont précisé également que le prix à la consommation sera de 95.000Fcfa dès le lendemain (25 juin 2021) contrairement à 90.000Fcfa, le prix d’avant. Et le prix du ciment importé est à 100.000Fcfa la tonne.

Avant  la rencontre du Ministre avec les Chefs d’industrie, la tonne de ciment était vendue, plus d’une semaine sur toute l’étendue du territoire national, entre 120.000Fcfa et 130.000Fcfa, selon les endroits. Cela a entrainé beaucoup de difficultés chez les consommateurs en chantier.

 

Maintenant que l’Etat a trouvé à faire flèche de tout bois, les distributeurs commencent à avoir peur sur le prix du marché.

Cette non-stabilisation des prix explique bien sûr que les activités de production au niveau des industries tournent au ralenti à cause de manque de matière première pour les importateurs, d’une part. Et d’autre part, il faut croire que les exportateurs rencontrent beaucoup de difficultés dans le travail.

Boubacar Diallo est un commerçant import-export en ciment. Bientôt sept ans, il représente une société de ciment Burkinabè au Mali du nom de CIMASSO dans une entreprise dénommée au Mali RAMADAN DISTRIBUTION, sise à Hamdalaye ACI.

« C’est un domaine très compliqué aujourd’hui. Moi, je trouve le ciment au Burkina Faso, et je me suis tourné uniquement vers ça depuis bientôt sept ans dans la boîte. Nous prenons le ciment dans l’usine à 70.000Fcfa, des fois 71.000Fcfa. Donc, le transport de Bobodioulasso à Bamako actuellement fait 20.000F ou bien 21.000F par tonne. Et le dédouanement aussi dépend du tonnage. Il y a pour les 40 tonnes, les 50 tonnes, les 60 tonnes et 70 tonnes. Mais la plupart de mes camions pèse 70 tonnes. Il faut imaginer le prix de dédouanement d’un camion de 70 tonnes qui fait à peu près un million de FCFA. En plus, on paie le transport. Dans cette circonstance, quand on fait le calcul de toutes les dépenses avant de vendre, une tonne peut nous coûter plus de 107.000Fcfa. Maintenant, l’une des raisons qui fait qu’on est obligé aujourd’hui de vendre au-delà de ça pour pouvoir s’en sortir», a longuement expliqué Diallo.

Boubacar Diallo rassure ses clients qu’il ne situe pas le problème au niveau de la décision du gouvernement même. « Il est vrai que cette décision a été prise du jour au lendemain, mais qu’à cela ne tienne l’exécution. Il faudrait nous laisser le temps d’écouler nos produits qu’on a difficilement exportés, ne serait-ce que d’avoir un arrangement entre nous, puis après entre le gouvernement et les Industries internationales qui nous fournissent tels que le Sénégal, le Burkina Faso, le Togo, la Côte d’Ivoire … avec une réduction au niveau de transport et de dédouanement surtout. Sinon, si ça continue comme ça, on est obligé de marquer un court arrêt de travail. Chose qui ne nous arrange vraiment pas, ni l’Etat, ni nous, ni les consommateurs. D’ailleurs, actuellement, j’ai tous mes camions aux arrêts, plus de 80 camions de 70 tonnes. Je préfère cet arrêt que de continuer. C’est impossible ! », a-t-il déclaré, très colérique.

Et de pester : « Franchement, je ne peux pas me conformer à cette décision. Sinon chaque tonne vendue me fera une perte de plus de 10.000F. Ce n’est pas ça mon objectif, encore moins mon souhait de rendre cher le marché ».

Monsieur Diallo trouve que cette montée du prix en flèche ne date pas d’aujourd’hui. C’est devenu une réalité, chaque année à la même période, le prix du ciment monte comme ça. « Si nous prenons le cas de notre pays concernant sa production locale, dit-il, c’est insuffisant. Vu qu’on a trois (3) grandes usines de production, mais qui ne produisent que peu. Nous vendons dans presque toutes les régions du Mali principalement Sikasso, Mopti et Ségou. Ces villes sont plus proches de Burkina. D’ordinaire, je peux vendre en dehors de 8.000 tonnes par mois ».

A la suite de Boubacar Diallo, Mohamed Kouma est un grand commerçant de la place, disposant de quatre grandes quincailleries dénommées ‘’TOP 14’’.

Monsieur Kouma nous livre son point de vue sur la situation actuelle du ciment. Cette décision brusque de la part du gouvernement n’est pas respectable dans la mesure où l’Etat ne s’assume pas. Il dit être d’accord que la vie partout aujourd’hui est chère. Mais pour notre pays est un cas particulier, et chacun veut profiter de l’occasion.

« C’est tellement difficile pour nous-même de fournir nos clients avec la nouvelle décision du gouvernement, on a préféré attendre d’abord la fin de négociation sinon ça va nous faire une perte de trop. Mais ce qu’il faut savoir, est que c’est de la politique de l’Etat. Sans quoi, comment comprendre la montée du prix de 10.000F au bout d’une semaine et voir plus tard la baisse juste semaine suivante et reste introuvable. D’habitude si le ciment monte comme ça, j’arrête la vente pour voir la suite. Vous savez, les usines de production qu’on a chez nous, ne peut pas nous fournir de ciment à hauteur de souhait. C’est pourquoi les commerçants par ailleurs, je ne les en veux pas. Ceux qui disent que ciment est vendu à l’usine à tel prix n’ont pas réfléchi aux dépenses et aux risques liés au travail. Par exemple de l’usine à l’entrepôt il te faut un camion pour transporter, et ce camion a ses frais. Il peut arriver des endommagements et c’est une perte totale. Si vous voyez que beaucoup de nos quincailleries partent en faille, c’est le ciment. C’est pourquoi d’ailleurs toutes les quincailleries n’en font pas », a-t-il longuement expliqué.

Avant d’accuser le gouvernement d’avoir commis cette faute : Pour preuve, le Mali est un pays qui ravitaille le Sénégal en ciment tout comme le Sénégal qui ravitaille le Mali. Mais pourquoi le ciment Sénégalais est moins cher que celui du Mali ? C’est là où le bât blesse. Sinon en étant dans un pays sérieux, cela ne se fait pas. Le fait de gonfler le prix des produits d’un seul coup n’est pas logique. Je pense qu’on a un ministère de l’industrie et du commerce et une chambre de commerce en place pour analyser les prix afin d’éviter tous ces problèmes ».

Sidy Coulibaly, Stagiaire

L’Observatoire

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