De l’histoire d’élections de député et de rentrée parlementaire au Mali, depuis l’avènement de la démocratie, celle de la sixième législature est la plus décriée. Et les députés, acteurs principaux des faits ne font même pas semblant de faire mieux pour faire mentir les reproches. A chaque étape de leur installation, le fossé de l’inconfiance avec les électeurs, les observateurs et le peuple s’élargit, ils déçoivent davantage l’opinion de la chose politique.
L’avant dernier acte, après la tenue controversée des élections législatives compte tenu de l’épidémie de la Covid-19, les résultats sulfureux du deuxième tour des législatives, l’élection rocambolesque du président de l’Assemblée nationale, a été la constitution des groupes parlementaires ce mardi 26 mai dans la salle de conférence du Centre international des conférences de Bamako-CICIB. Selon les comptes rendus de nos confrères, six (6) groupes parlementaires ont été constitués dont cinq (5) se réclament de la majorité parlementaire soit plus de cent vingt députés (120), un de l’opposition avec 19 députés et trois (3) non inscrits parce que ne pouvant constitué un groupe parlementaire dont la taille est fixée à 10 députés au minimum. S’il y avait eu des centristes, qui ne se réclament ni de la majorité, ni de l’opposition, Yelema serait, peut-être, dans un groupe parlementaire.
Qu’est ce qui explique cette ruée vers la majorité parlementaire ?
A priori c’est la suite logique du processus. Basé sur l’achat des consciences (des électeurs et des décideurs en amont), le processus du ‘’trompe qui peut’’ s’est étendu dans le milieu des députés eux-mêmes. Les promesses du parti au pouvoir et de son allié sûr et solide, constituant les locomotives de la majorité présidentielle, sont des appâts pour ces partis ‘’alimentaires’’. Au-delà des retombées financières pour les députés individuellement à l’hémicycle, les postes de responsabilité en cette veille de remaniement du gouvernement sont autant d’attraits mirobolants difficiles de résister. Comme si ces gros émoluments liés au statut de député ne suffisaient pas : des indemnités disproportionnées au poids réel de l’Assemblée dans la résolution des défis (indemnité de téléphone du député supérieure au salaire net du professeur d’enseignements primaire et secondaire). Qu’on ne me dit pas que ce sont les lois qui régissent le fonctionnement de l’Etat, de la nation. Car, l’Assemblée sortante a montré son incapacité à contrôler l’exécution des lois qu’elle a votée. Alors quel est l’importance réelle d’un député Malien ? Ils nous donnent l’impression que la Place de la république à Bagadadji est un haut lieu de transaction commerciale, il faut être du bon côté, le côté du plus offrant… Le dernier acte, l’élection du bureau n’a pas rassuré et décrédibilise encore plus cette institution majeure dans le dispositif démocratique. Attendons-les à l’œuvre. Nous ne souhaitons pas avoir raison.
Cette législature nous surprendra positivement et nous serons là pour décrier, dénoncer toutes les dérives même s’il faut aller au-delà du mandat normal.
DTS
Source : L’Analyste