A Badalabougou, au cœur même de la capitale malienne, la « Colline du Savoir » qui abrite plusieurs facultés et instituts d’enseignement supérieur est le théâtre d’un scandale environnemental qui perdure : un immense dépôt d’ordures y brûle à ciel ouvert, dégageant des fumées toxiques et une odeur pestilentielle. Une situation insoutenable pour les étudiants et les riverains, qui en subissent les conséquences au quotidien.
Ce foyer permanent de pollution continue de grossir, en dépit des promesses faites par l’ancien Premier ministre Choguel Maiga d’interdire les dépôts d’ordures finaux dans cette zone emblématique du savoir.
De plusieurs points de Bamako, en particulier depuis les deux ponts, on aperçoit les colonnes de fumée noire s’élevant dans le ciel depuis la Colline du Savoir. Une vision qui ternit gravement l’image de la ville. Les plaintes des étudiants, des enseignants et des résidents se multiplient, mais les autorités semblent sourdes à leurs appels. Ni le ministère de l’Environnement ni celui de l’Enseignement supérieur ne semblent s’emparer de cette urgence.
Pourtant, l’assainissement de Bamako passe nécessairement par la gestion de ces sites de pollution chronique. La combustion des déchets libère des substances nocives qui exposent les populations à de graves risques sanitaires : maladies respiratoires, infections oculaires, allergies, et autres pathologies liées à la pollution atmosphérique.
L’inaction des acteurs clés, un impératif d’agir
Autrefois très active, l’Association des Elèves et Etudiants du Mali (AEEM) brille aujourd’hui par son absence. Il y a quelques années, des étudiants avaient organisé une action coup de poing en déversant des ordures dans la cour de la mairie de la Commune V, attirant l’attention des autorités. Mais les promesses d’assainissement qui avaient suivi sont restées lettre morte.
Les étudiants et les riverains lancent un appel pressant aux autorités nationales et locales pour une action immédiate. Il est temps d’éradiquer ce dépôt à ciel ouvert et de mettre en place une véritable politique de gestion des déchets dans cette zone universitaire. Une collecte régulière, un système de tri, un site de traitement adapté, voire un déplacement définitif du dépôt sont des mesures urgentes à envisager.
La Colline du Savoir, qui devrait incarner l’avenir, la recherche et l’espoir, ne peut continuer à être un symbole d’abandon et de pollution. D’autres dépôts comme celui de Lafiabougou « Kilimandjaro », de Niaréla ou de Médina Coura ont été dégagés grâce à une volonté politique forte et à des partenariats efficaces. Il est temps que l’État malien applique la même détermination à Badalabougou.
Mamadou Sidibé