Un censeur de lycée s’est rendu coupable de fraude. C’était lors de la dernière session du baccalauréat, tenue du 11 au 14 juin. Ecœuré, un jeune surveillant nous a rapporté les faits. Témoignages…
A la veille des examens, chacun s’active de son coté. On s’accroche à ses croyances, à ses connaissances aussi bien livresques qu’humaines. Ou encore, on dort sur ses deux oreilles en faisant confiance à ses yeux et à la longueur de son cou. Tous les moyens sont bons pour réussir son examen de fin d’année. La fraude y compris. Mais quand on parle de fraude, on pense systématiquement à celle des élèves. Pourtant, les enseignants aussi fraudent. Et sont, à certains égards les principaux catalyseurs de ce phénomène. Au mépris des règles élémentaires de leur déontologie.
C’est sous couvert de l’anonymat que le jeune enseignant a accepté de raconter sa mésaventure. Il craint de voir sa carrière prendre du plomb dans l’aile, avant même d’avoir décollé.
Dans ce centre, situé à Kalabancoro-plateau, Académie de Kati, les propriétaires de l’établissement, ont pu obtenir que leurs élèves composent au sein de leur établissement. Normale. Puisque tous les promoteurs influents de lycée privé obtiennent cette faveur. Même si, les raisons avancées, pour cela, sont parfois nobles, il faut avouer qu’elles masquent aussi des intentions machiavéliques. L’histoire de ce censeur fraudeur illustre bien cela.
Le censeur de ce centre d’examen, situé à Kalabancoro-plateau, a pu maintenir ses élèves au sein de son établissement. Parmi ceux-ci, sa femme. Une fois le sujet distribué, elle attend. Tranquillement. « Quand j’ai remarqué qu’elle n’écrivait rien, depuis une heure, que l’épreuve avait été distribuée, je me suis approché et je lui ai demandé ce qui n’allait pas. Elle m’a répondu : rien. Quelques instants après, un collègue se pointe avec le sujet dûment traité. Il nous explique, en la montrant du doigt que c’était la femme du censeur et que c’était une affaire entre collègues. Le premier responsable de la salle, mon co-surveillant a dit oui de la tête. Moi aussi. Alors, elle a pris le sujet, l’a recopié et elle était parmi les premiers élèves à rendre leur copie. A l’épreuve du soir, c’était la même chose. Le lendemain, moi j’avais changé de classe; mais je doute fort que l’opération s’arrête en si bon chemin », nous a-t-il dit.
« La réussite est au bout de l’effort », dit-on. Mais, rares sont ceux qui croient à cet adage. Au Mali, quand un enfant échoue à son examen, ses parents pensent que c’est dû au fait qu’ils « n’ont pas jeté à terre », comme dirait l’autre. C’est dommage, conclut notre jeune surveillant.
Mamadou Togola