Pour le chercheur et analyste politique malien, il est temps de sortir des « analyses superficielles ». Du moins, si on veut sortir le Mali de cette crise multiforme, qui n’a que trop duré. Lisez plutôt !
Vous savez pourquoi de nombreux concitoyens, au Nord comme au Sud, ont adhéré aux groupes qualifiés de terroristes ?
Parce que le discours promu, par les leaders de ces groupes, repose sur la prise en charge des griefs et des frustrations de ces communautés. Ces griefs et ces frustrations sont liés, pour beaucoup, au déficit de gouvernance.
Dans certains cas, c’est trop d’Etat (présence abusive, prédation, injustice…) ; dans d’autres cas, pas d’Etat (absence de réponses publiques face à une attente croissante).
Ce sont des mécontentements légitimes, qui sont instrumentalisés par des groupes armés pour asseoir leur présence. On appelle ça la « psychologie des foules ».
L’Etat du Mali connaît une crise de gouvernance qui, au fil des années, est devenue un cancer, qui a gangréné ses relations avec les populations au Nord, au Centre et partout sur le territoire.
Le renouveau du contrat social est un impératif, une absolue nécessitée.
Maintenant, comment y parvenir ? C’est clair qu’on n’y arriverait pas en instrumentalisant une colère légitime.
On n’y arrivera pas, non plus, en fuyant les problèmes ou en les déplaçant.
Les stratégies de ralliement ont montré leur limite dans la gestion de la crise au Nord et elles n’auront pas d’effets dans le règlement de la tension politique actuelle.
Il est temps de sortir des analyses superficielles et des positionnements de captation des prébendes de la stabilité pour dessiner une vraie sortie de crise dans une approche inclusive.
Baba Dakono, chercheur, analyste politique
Source: Canard Déchainé